ECO
CRt repréfente encore {j bien les femmes.
&
les enfans',
fes tauehes fom {j Cpirituel1es
&
li conformes au eam–
acre des obJets , qu'elles piquent le gOllt des eonooif–
feurs beaucoup plus que les eoups C<nlibles d'une main
hardie.
L e talem {jngulier qu'il avo;t pour le portrait, aug_
menla Ca reoommée aupres des fouverains
&
des grands
feigneurs, qui tauS ambitionnerent
d'~tre
peints de fa
main . Le cardinal Faroefe l'engdgea de venir
a
.R ome
pour faire le pomait du pape. Pendant fon CéJour dans
ewe vil le, il
Y
tit de pe¡its tableaux qui furen¡ admi–
rés de VaCari,
&
méme de M iehel·Ange . L e Titien
peignit trois fois Charles V. 'lui diCoit
a
ce fujet, qu'il
avoit
re~u
trois fois I'immortalité du T itien.
. Ce prinee le eombla de biens
&
d'honneurs; il le eréa
ehevalier, eomte Patatin , & joig nit a ces titres une pen–
lion viagere fon eonGdérable . Les poeres célébreren t
a
l'envi fes talcns . Le G iorgion mort jeune, le débarraC–
fa d'un rival : Con opulenee le mir en érat de vil're a–
vee les grands , & de les reeevoir
a
Ca table
a
vee Cplen–
deur;
Con
earaaere doux & obligeant lui procura des
amis {jneeres; fon humeur gaie & enjouée éearta de
Con
ame les ehagrins .& les Coueis; fon mérite le 'renJit re–
Cpeaable a lOut le monde;
&
Ca fanté qu'il a eonfer–
vée jufqu'a
99
ans , fe ma de fieurs IOUS les inflans de
Ca vie; en un mot, s'il émir permis de juger du bon–
heur de quclqu'un par les apparenees trompeuCes du
dehors, on pourroit , ce me Cemble, metue It T itien
au nombre de ces hommes rares, dont les jours OOl été
heureux.
On rapporte que fur la
60
de Ca earriere, Ca vue s'é–
taOl
aflolblie, il vouloit retoucher Ces pr.miers tableaux ,
'lu'il ne eroyoit pas d'un coloris alf,'z vigoureu x; mais
les é eVeS miren! dans Ces eouleurs de I'huile d'olive qui
oe
feche poin!,
&
efla~oient
Con
nouveau travail pen–
daO! fon abCenee , C 'efl ain{j qu'ils nous ont eonCe¡ vé
plufieurs ehefs -d'ceuvre du Tit ieo .
Les égliCes de VeniCe fOn! lOUles embellies
de
Ces produ–
¿¡;ons,
00
y voit les moreeaux préeieux de la préCenra–
tioo de la Sainte Vier(l,e, un S, Mare admirable, le marty–
re
de
S, L aorent, de
S,
Paul, & taot d'aurres , Mais Con
tableau le plus eooou & le plus vanté , efl eelui qui re–
préCenre S, Pierre martyr, religieux D ominiq ualn, maC–
facré par les Vaúdois;
iI
en: non-Ceu lement précieux par
la riehelfe des eouleurs locales, ' mais plus eneore paree
qu e I'aaion de ce tableau en: intérefl ante, & que le
T itieo l'a uaité avee plus de vraifTemblanee, & avee
une expre mon
d~
pamolls plus élUdiée que eelle de Ces
autres ouvrages, Enfi n li les pein tres de
l'l&o/e
de Rll–
me
&
de Florenee uot Curpalfé
le:
Titieo eo vivaeité
de génie & par le gou t du delTcin, perfonne au moins
ne lui diepute I'ex eelleocc du eoloris .
Gi.rgio/1,
'(
Georg,,)
né dans le TréviCan en
1478,
morr en t 5"
t.
Malgré Con gout & Ces talens popr la
M onq ue, la Peimure eut eneore pom lui pl us d'attrairs"
il
s'y livra tOUt entier,
&
¡¡"parra bielltÓt Jean Bellin
fon mairre: l'étude que le G iorgion tit des ouvrages de
L eonard de Vinci, & CUllout I'étude de la oature qu'il
n'a Jamais perdu de vue, aeheva de le perfea iooner:
l1lais uoe maltrelfe qu' il ch érifToit & qui lui devinr infl–
dele, fu t la cauCe de Ca mort qui I'eoleva
a
I'age de
33
ans, aU milieu de fa gloire & de Ca réputarion , 1I
eomproit déjií parmi fes difeiples Pordenoo, SebaClieo
del Piombo , & Jeao d' Udine, trois pcintres célebres .
1I eotendoit parfaitemeot le clair-obCeur, & eet ·art
fi
diffieile de mettre toutes les panies daos une parfaite
h3~lnonie.
Son gout de delfein efl délieat,
&
a quel–
que choCe de
I"co/e
Romai ne ; Ces earnatioos COnt pein–
tes d'nne grande vériré ,
11
n'y empl oyo¡t que quatre
cou leurs capitales , dont le judicieux melange faiCoit
toute la difle rence des
~ges
&
des fexes; iI donnoit beau–
eoup de rondeur a fes lígures: fes pomaits font vivans,
res payCages Cont d'uo gout er.quis.
1I a fait un tres-petit nOll1bre de rableaux de eheva–
let, ce qui les rend d'autant plus ¡iréeieux . L e roi
&
M, le duc d'Orléans polTedeht quelques morceau x de
ce célebre artifle, qui fufliroienr Ceuls
11
Ca gloire, En
un mot par le peu d'ouvrages qu'on eonooit de cet ex–
eellent maltre, on voit que dans l'eCpaee d'une eourte
vic ,
il
a porté la peinrure ' a uo degré Corprenan t de
perfe&ion; perConne encare n'a pll I'alleindre pour la
force & la 6erté du eoloris .
Sebaftien de/ Piombo ,
aum eonnu Cous le nom de
Sebaftien de Veni!e,
& de
Fra-B aftlen ,
IJ
naquit
¡\
VeniCe en
' 48),
&
mo urut en
'í27,
Sebaflien
re~ut
les principes de la peinture du G iorgion, duquel
iI
prit
le bon go(\t de eouleur qu'il n'a jamais quillé . Sa ré-
/
ECO
279
puta~ion
,nailfan te le fit , appel ler aRome, OU
iI
s'atta–
cha a Mlchel-Ange, qUI
101
mOlllra par reconnnoifl ance
'les (eerets de Ion art.
A
lors ('outenu par un
ti
grand
maltre, il fem bla vOuloir difputer le pri x de la pOlUrure
a
Raphael
m~me ;
mais
iI
s'en fall oit intinllnent qu'il
eat ni
k
génie ni le gOl" de defl<11l du riv al avec le–
quel il oCoit Ce eompromeme .
L e tallleau de la réCurrea ion de Lazare , dont on
peut Cuivam les apparences, amibuer l'illvenlion & le
dellein fur la lOile, au grand M iehel-A oge,
&
que Sé:
ballien ne tit peu t-erre que peindre pour l'oppoCcr au
tableau de la transfiguration, efl un ouvrage
préeieu~
a
plulieurs égards, & eenainement adm irable pour le
grand gOlll de couleur; eependant
iI
ne préval ut point
Cm eelui de Raphael: la cabale de M iehel-A nge lIe tit
que lufpendre pendant quelque tems les (ulfrages . Mais
voiei un fait lingulier qui a réCu Ité du défi de Fra-Ba–
fl ien; Con tableau de la réfurreaion du Lazare, qni' de–
voit naru<el lement refler fur les lieux, a palfé eo Fran–
ce, il ell a&uellement au palais royal; & le rableau de
la tta,nsfigur ation que Raphael avoir fait pour
Fran~ois
1.
n'dl pas lo n i de Rome; l'Italie ja louee de Ce eSlnCer–
-ver ce tréfo r de peinture, D'a jamais voulu s'en dé–
Cailir.
Del Piombo travailloit bien , mais diffieilement,
&
fon irréColution lu i, tit eommeneer pla lieurs ouv rages
qu'il n'a pn t<rminer. Cependan t les pein tures de la
premiere ehapelle
a
droitc de I'églife de S, Pierre
in
montorio',
lui onr
acq u i~
nn honneur (ingulior : il em–
ployoit quelqucfois le marbre,
&
nUtres pierrm fembla–
bies , pour f:1ire
ier ~ ir
Ieurs eouleurs nall1 relles de to nd
• Ces rabkaux,
1I
el1
le
premier qui ai, peint
a
I'huile
Cur les morailles ; & comme il avoit
be~ u c<1up
de gé–
nie , il inventa un eompofé de pois, de tnJC¡'c & de
ehaux vive, atin d'empeeher les ctJuleurs de s'alrércr.
Les delfeins de ce cékbre maltre travaill é
:i
la pier–
re Ih,ire, Com dans le gout de eeux de Miehcl-A nge .
Bordone, (P'arÍI)
né Cur 11l tin du
X
V,
liecle,
de
parens nobles , a Tr é vife ville d'ltalic, mOr!
á
Venife
agé
de
75'
aos. , Le Titien & le G iorgion lui morm e–
reot les Ceerets de leur art,
11
vint a Paris
(ou~
le re–
gne de
Fran~ois
1.
en tn8, & eu t I'honneur dc pein–
dre ce monarque,
11
ne dédaigna point pendallt fO, n fé–
Jour en Franee d'ex ercer Con pineeau a tirer le ponrait
de quelques feigneurs
&
dames de la premiere qualiré
qui lu i demanderenr eeuo diflinaion, Au relOur de Ce;
voyoges, il Ce fi xa
11
VenlCe; on Ces rieh'tlfes , foo a–
mour pour les belles-lcmes ,
Con
guut pour la M utique
&
Ces taleos pour la Peinrure, lui ti rent mene r Ulle
vi~
délieieuCe ,
11
fir aum queJques ouvrages pillorefques
pour Ca reputation. Le plus eOll lidérable de tous efl ce–
lu í
011
il repréCeUla I'avanture préteodue du peeheu r
de
VelIlCe.
,B alfan , ( '}ac,!"es du P ont,
eonnu fnus le nom de)
né en
15'10
á
Bailane, efl mort
3
Ven iCe en
1
f92,
Le
lieu on
iI
prit naiCTanee, lui donna. Con nom, Les ou–
v(ages des graods ma¡tres, & CurtoUt l'érude de
fá
na–
ture, dé velopperel1l Ces talens ,
11
oe
le~
tllurna pas a–
vee gluire 'au genre héro't'que. ni hifl orique; mais il ex–
celia dans la repréCentation des plames , des allimaux;
dans le payCagc & autre s fujets Cemblables- n"turel s
&
arriticiels, 1I emprun ta du T irien & du G iorgion la
bcauré du coloris ,
&
il
Y
joignit une grande cnnnoif–
Canee du clair-obCeur,
11
a rrúé avee le meme Cueces
beaucoup de Cujets de nu i! : I'habitude qu'il avoit priCe
de marquer Ces ombres fortes , peut avoir all ffi contri–
bué
i
eelles qu'i1 a
emp loy~~s
quelquefois hors de pro-
pos dans des CUJets de jour .
'
,
11
a renouve llé les miracles 'lu'on raeonte des pein–
tres Grees, Parmi les limpies qu'il eultivoi t, il melloit
des fi gures de Cerpens
&
d'
animaux repréCentés avee
tant d'art, qu 'il élOit diffi eile de ne poin r
~'y
b ifler a–
buCer . Annibal Carraehe lui-mt' me étan r venu
e~ez
,le
Barran, fu t tellement trompé par la repréCentatfon d'un
livre que ce pein tre avoit fai t Cur le mur , qu'il alla pour
le prendrc . Enflo perConne peut - etre ne
l'
a
Curpalfé
pour la vérité qu'¡¡ donnoit aux différens objets de
Ces
tableau x , par leurs
couleur~ ,
leur fraicheur , & leur
brillan!.
Ses ouvrages en grand nombre, meme eel1X d'h;fl oi–
re,
Ce
Com répa ndus dans tous les eabinets de l' Euro –
pe ; tant efl puitrant le eharme du coloris, qu'
iI
nous
fa it aimer les rableaux hifl oriques de ce peintre , non–
obflan r les fa utes énormes, dom ils rOn! remolis eon–
tre I'ordonnance
&
le delfein, contre la
vrailf~mblanee
poerique'
~
pilloreCque,
Ses dclfcins fOD! pour la plupart heunés
&
iodécis ;
on