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fon argent, [a [anté,
&
mourur ,mi[érable
.a
l'~gc
de
ltenec-lix ans .
La vivacité de l'eCprit, la facilité du pinceau , la fé–
,condieé du génie " touJo))rs ¡ourné du c6té de I'agré–
mem
&
de Ja gentil)eITe ; le talene de .donner beaucoup
de gr.aces
a
fes attirud!!s auffi-,bien qu'a [es teteS; un
beau choix des mClJ1es airs
&
des m emes proportions,
,<¡u'on aime quoiqu'il Coit Couvem ¡ékéré; des drapeo
ries
leger~s
&
bien contraO¡!es , [om les parties ,qui ca–
raélériCent les ouvrages de cet ,aima,ble maltre .
S es d¡:(feins pour la plupart
a
la plume,
&
[ur-tout
en petie, Cone précieux: on
y
remarque quelques incor–
reéHons
&
quel.ques affeéla¡ions, [ur-tou.r
:t
faire des doigts
,cxlrememem longs; mais on pe yoie guere ailleurs une
¡ouche plus It:gere
&
plus Cpirituelle. Enfin
d~ns
les
tours de Ces figures il regne une flexibilité qui fait va·
)oir Ces
d~(feins,
¡ors m eme qu'ils pechent par la
j
uOcC–
fe des proponions.
LeJ Cqrrache; ,
qui on,t acquis tam de gloire '& de
1éputation, étoient Louis, AuguOin,
&
Annibal Car–
rache, tous trois de Bologne.
C
arrache, (Lo1tiJ)
né
a
Bologne en
I
H'f, décé–
da dans la meme ville ,en 1619. Louis Carrache é–
toir un de ¡:es genies '¡ardifs, lems
a
Ce
dé,velopper,
mais qui venant :\ leur point de maturité, brillent tout–
a-co up,
&
lai,lTent le
fpeélat,~ur
dans un étonncment
melé de plailir. La yOe des merveilles de I'art joime
,a
un travail fOllteml, l'égalcrene aux plus grands pein–
¡reS d'ltal ie. Au gout m¡ll1iéré qui regnoit de fon tems
aRome . Louis Carrache oppofa l'imitatioh de la na–
¡me
& ,
)es bea)ltés de l'amique. Dans cette vOe
il
é–
pblit
a
Bologne une académie de Peinture done
il
de–
vint le chef,
&
conduifit les études d'AuguOin
&
d'An–
uibal Carrache Ces coulins . Voila
l'"ole
de Bologne,
dont les Carrac)1cs
&
leurs difciples om rcndu le nom
Ii
célebre dans la Peinture.
L'hifloire de faim Benolt
&
celle de fainte Cécile,
que Louis Carrache a peitlles dans le cJohre Caint Mi–
chel in
B ofco
a
Bologne, forme une des beBes [uites,
'lu' il y ait ,au monde . Ce grand maitre avoit un eCprit
fécond, un gout de de(feín noble
&
toOjours gracicux :
il menoit beaucoup de correélion dans fes ouvrages: Ca
~nan
iere eO non-feulement favante, mais pleine de gra–
¡¡es,
¡¡
¡'imitation du Correge. Ses de(feins arretés
a
la
plume, Com pr"cieux; i) Y regne uoe agréable fimpli–
cité, beaucoup d'expreffjon, de correé¡ion, jointes
a
pne to uche
d~licate
&
fpirituelle . .
Carrache, (Auguflin)
né
a
Bo logne en
lH8,
mort
~
patme en 1602.
11
étoit frere alné d' 1\.nnibal,
&
coulin de Louis . Son gout
l~
portoit également
a
tou–
les les Seiences
&
a
toos les beaux Ares, mais il s'ap–
pliqua particulieremene
a
la Gravllfe
&
a
la Peinture.
Corneille Con le guida dans la gravure,
&
il s'eO fait
cncore plus conno¡tre ¡:n ce genre, que par fes tableaux .
Cependane Ca compoíition eff favante;
il
donnoit
¡¡
fes
figures beaucoup de gentille(fe , mais fes teteS n'ont point
la fierté de celles d' Annibal . Ses grands ouvrages de
peinJure Ce voyent
a
Bologlle, 11 Rome
&
a
Parme .
Carrache, (Annibal)
le grand Carrache, né
a
Bo–
log ne en t)60, mort en 1609. Son pere le deOinoi!
¡¡
Ca profeffion de Tailleur d'habits: mais la nature I'a–
voit
deOin~
a
en faire un des premiers peintres de l'Eu–
rope. Louis Carrache Co n coulin, lui
momr~
les prin–
cipes de Con art.
L'~tude
qu' Annibal Carrache fit en
meme tems des ouvrages du Correge, du Titien, de
Michel-Ange, de Raphael, du Parmefan,
&
des au–
tres grands maitres, lui donna un Oyle noble
&
Cubli–
me des expreffions frappames, un gout de de(fein
corr~él,
per
&
majeUueux, qu' il augmenta m eme
a
meCure qu'il diminua dans le goOt du coloris; ainfi
[es derniers ouvrages fom d'un defiein plus proooncé,
mais d'un pinceau flloins ¡endre, moins foudu,
&
moins
agréable.
11
a auffi excellé
dan~
le payfage; fes arbres Cont d'u–
ne forme exquiCe,
&
d'une !ouche ues-legere. Les def–
reins qu'il en a faits
a
la plume) om un caraélere
&
un eCprit merveilleux.
11
excelloit enaore
~
deffiner des
caricatures, c'efl-acdire des portraits, qui en conCervane
la vraiífemblance d'une perConne, la repréCentent avee
un air ridieule;
&
tel étoit fon talent en ce genre, qu'
il favoit donner aux animaux
&
meme
~
des vafes, la
pgure d'un homn1e qu'il vouloit critiquer :
L a galerie du cardinal Farnefe, ce magnifique chef–
d'ceuvre de l'art, lui coula huit années du travail le
plus opiniacre, le plus pénible
&
le plus fini; il Y prit
des
Coin~
incroyables, 'p0ur
m~ttre
cet ouvrage au plus
paut pOlDt de perfeéllon: cependant il en fut récom,
:penfé, non comme
'UD
attiOe qui venoit de faire hon–
neur par fes rares talens
a
l'humanit{
&
11
fa patrie
mais comme un aniCan dont on
toiCe
le !ravail .
Cet~
te eCpece de mépris le pénétra de douleur,
&
caufa
vr~ilremblablemenl
fa ¡nort, qui .arriva qudque tems a–
pres.
Les dc(feins d' A nnibal fom d'une louche également
ferme
&
facile. La correélion di la plus exaCle ,lans
fes figures; la nature
lj
efl parfaitement reodue.
1I
a–
voit un de(fein fier, mais moins gracieux- que celui de
J:,oois Carrache. Ce célebre peintre 'a gravé
,¡
¡'eau–
for!c plulieurs fujets, avec autant u'eCprit que de goO t. '
On a auffi gravé d'apres lui . Ses grands morceaux de
peinture fom
a
Bologne, 11
Parme,
&
aRome. La
chapelle de S. Grégoire
in monte Celío de Soria,
eO
de fa maio .
00
admire la Chambre qu'il a peinte
a
Monte
C
ava/lo,
palais de R ome que les papes habitem
'ordinairement l'été . On voit un S. Xavier d' Annibal
Carrache daos l'égliCe de la maiCon profe(fe des JéCui–
tes
a
Paris. Le S. Antoine,
&
le S. Pierre en plcurs
de ce ma¡tre, font au pahis BorgheCe .
Schidpne,
(
Bartbolom.. )
oé 11
Modene vers l'an
J)60, more
a
Parme en 16t6.
JI
Ce mie fous la diCeí–
plioe d' A nllibal Carrache,
&
s'anacha cependant
a
imi–
ter le Jlyle du Correge: dom il a beaucoup approché .
Sa pafiion pour le jeu, plaiíi'r amer
&
Ii
fouvem fu–
neHe, le réduilit au point de mourir de douleur de ne
pouvoir payer ce qu'il y perdit en une nuit. Les tableaux
de ce charmant artílle font tres-rares; ceux qu'oo voit
de 11li fo nt préeieux pour le fjllí, pour
le~
graces
&
¡a délicate(fe de fa touche, pour le choix
&
la beaulé
de fes airs de leteS, pour la telldrefie de Con coloris,
&
la force de Con pinceau; fes delreios Com pleins de
feu
&
de gout.
JI
a
f.iten ponraits une Cuite des prio–
,ces de la maifon' de M odene ,
:fITirhd ¡Jnge de
C
nravage ,
( appellé communémen t
MicheJ An¡;e Amérigi)
naquit en 1f69 au ChaleaU de
Caravage , limé dans Ic M ilallcS ,
&
moucot en t609.
Ce pcimre s'eO ..endu trcs-ilJuflre par une maniere ex–
trememeDl fortc, vraie,
&
d'un grand efiet, de laquel–
le il eO auteur .
Il
peignoit tout d'apres nature, dans
une chambrc ou la lumiere venoit de fon haut. Com–
me il a exaé¡ement fuivi Ces modeles, il en a imité
les défauts
&
!ts beautés: car
il
n'avoit point d'autre
idée que l' effet du naeurel préCem . .
Son de(fein étoit de mauvais gol.t; il n'obCervoit ni
perfpeélive, ni dégradation; Ces attitudes fout fans choix ,
fes draperies mal jettées ;
iI
u'a
connu~
ni les graces,
ni la Iloblelre; il peignoit fes figures avec un teiat li–
vide, des yeux farouches,
&
des chcveux noirs. Ce–
pendant tout étoit relTenti; il détachoil fes figures,
&
Icur donnoil du relief par un favant artifice do clair–
obfcar, par un exceJlent goOt de couleurs, par une
grande vérité, par une force terrible,
&
par un pin–
ceau moelleux, qui ont rendu fon nom eXlrememen t
célebre .
Le caraélere de ce peintre femblable
a
fes ouvrnges ',
s'eO tol.jours oppoCé
:1
fon bOllheur. II eut une affai–
re facheuCe
a
Milan; il en eUl uoe autre
¡,
Rome a–
vcc le JbCépin;
iI
infulta
a
Malte uo
ch~valier
de l'or –
dre ; en un mot il fe fit des affaires avec toUt le mon–
de, fUI
mif~able.
IODle fa vic,
&
mourut Cans fecoors
Cur un grand chemio. II mangeoit Ceul
¡¡
la tn verne,
ou n'ayam pas un jour de quoi payer, il peignit l'en–
feign e du cabarct, qui fu¡ vendu une fomme eoníidé–
rabie .
Ses delfeins fom heurtés d'une grande maniere, la cou–
.lellr
r
eO renejue; un gol.t bifarre, la nature imitée a–
vee les défauts, des conlOurs irréguliers,
&
des drape–
ries mal jenées, peu vent les caraélérifer.
Ses ponraits Cont tres - bons. Le roi de France a
celui du grand maltee de Vignacourt que ce peintre
fit
a
Malte.
11
ya, je crois , un de fes tableaux aux
D ominicaios d' Anvers, que RubeQs appelloit fon
maí–
tre.
On vante fingulierement un cupidon du Caravage,
&
fOil tableau de l'iocrédulité de S. Thomas, qu'il a
gravé
Juj-m~me.
Mais que dimns - nous de fon Pro–
méthée attachl! au roche r? on ne peut regarder un
moment cene peinture fans détourner la "Qe, Cans friC–
fonner, fans re(fentir uoe hnpreffion qui approche de
ceHe que l'objet meme al]roit produite.
Le Caravage a fait pendant Con féjour
a
Malte, pour
l'égliCe de ce liea, la déeollation de S. Jean. Le grand
autel de l'églife de S. L ouis 11 Rome, efl peint par le
Caravage;
il
a peiO! un ChriO porté au fépulcre, daos
l'égliCe de faiote Marie
in Val/icel/a.
Tous
ce~
mor–
~e~Ux
om un relief étonnant,