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ECO

(Ure qu'ils ont devam les yeux ,

ils

n'ont guere peint

que des pamons bailes, ou bion une nature ignoble,

&

ils

Y

ont excelié,

La (cene de leurs tableaux cll une boutique, un corps–

de-garde, ou la cuiline -<l'un payran ; leurs héros fom

des

fai¡t/ ins,

fi je puis, le dire a,vec l'abbé

d~

Bos , ,CtUX

des ptintres hollandols dont Je parle, qUl ont falt des

tableaux d'Hilloire, ont peiJlt des ouvrages admirables

po¡;r le clair-ob(cur, mais bien

foibl.es

pour le refle:

les velemens de leurs perfonnages follt exn3vagans ,

&

les eXprtmOns de ces perfonnages CODt encore ba'ffes

&

comiqucs, Ces peintres peignent Ulyffe fans, ti neife.

Su(anne Cans pudeur, & Scipion fans aucun tralt de no–

bleHe ni de courage, Le pinceau de ces froids artilles

fllit perdre

a

lOmes les tches illuares leur caraélere

connu,

Nos Hollandois, au nombre defquels je n'aí garde

de comprendre ici tous les peintres de leur nation, mais

dans le nombre deCquel s je comp-rends la plí'tpart des

pe,intres flamands om bien connu

l~

valeur

~es

couleurs

locales, mais

ils

n'en om pas su tlrer le meme avanta–

ge que les peintres de

l'leole

vénitienue, Le talent de

eolorier comme l'a fait le Titien, demande de I'inven–

tion, &

iI

dépcnd plus d'uoe imagination fertile en ex–

péd iens pour le mélange des coukurs, que d'une per–

févéraoce opiniatre

a

refaire dix fois la meme choCe.

C es réflexions de I'abbé du Bos fOD! tres-jufles: ce–

pendaot la perCévérance opiniatre dans le travail, ea

une qualilé qui a prodait des morceaux admirables dans

tous les tems

&

dans toUS les lieux; c'ea par elle que

le Dominiquin

&

tant d'autres, malgré le mépris de

leurs confreres, on! porté leurs ouvrages

a

la perfe–

aion que nous leur connoiffons. ]e paffe au caraélc–

re paniculier des prillcipaux peimres de

I'Je ole hollan–

,ffoire,

L,tea; de Hol/ande,

a

Leyden en

1494,

mort

en

15'33,

peut elre rcgardé comme le fondateur de

I'é–

eole hollandoife.

La nalure le doüa de géoie & de grands

talens , qu'i l perfeélionoa par une fi forte applicalioo au

travail " qu'elle altéra fa fanté,

&

le conduilit au tom–

beau

ii

I'age de treote-neuf ans, Lucas s'occupoit jour

&

ouit

a

la peinture

&

a

la gravure; il grava quantité

d'

eflampes au burin,

a

¡'eau-forte, & en bojs: il pei–

gnít

a

I'huile,

a

goliachc, & fur le verre :

Rival & ami d'Albert Durer ils s'envoyoient réci–

proquement leurs ouvrages,

&

travailloienr concurrem–

ment Couvent Cur les memes fujets, par pure émulation ,

Albert deffinoit mieux que Lucas , mais ce dernier met–

loít plus d'accord dans fes ouvrages; & comme il les

fi niffoit ex tremement, JI a porté dans Ca nation ce gout

pour le fini, dom elle ell toílj ours épriCe: elle lu i doit

encore la msgre du c1air·obrcur, qu'elle

a

fi bien per–

feét ionn ée.

11

ne faut pas chercher dans les ouvrages

de Lucas un pinceau moelleux, l'art des

drap~ries,

ni la correélion du deffein ; mais il a donné beaucoup

d'expremoo

a

fes rigures ; fes auitudes fom naturelles ,

& il a clloifi un bon ton de couleur . Ses delrcins om

élé .aatrefois fon recherchés,

&

le Roi a de s tentu–

res de ,tapiITerie faites d'aprcs les delfeins de ce mai–

ne .

V",niu;, (Otto)

ou pllitot

Oélave Van-Veen

a

L eyden en

1H6 ,

mort

a

Bruxelles en

1634,

Apres a–

"oir élé élevé dans les Belles- Lettres, ii s'attacha

a

ia Peinture, & dcmeura Cept ans eo ltalie pour s'y per–

feélionner: enCuite

il

Ce retira

a

Anvers ,

&

orna les é–

glifes de cette ville de plulieurs magnifiques tab1eaux ,

On trouve dans fes ouvrages une grande intell igence

du cIair-obfcur, un

d~ffein

correét, des draperies bien

jettées une belle expremon dans Ces figures, & beau·

coup de graces dans (es airs de tetes. On ellime par–

ticulierement Con

eriomphe de Ba"hu; ,

& la

cene,

qu'¡¡

peignit pour la calhéd rale d' Anvcrs. ,<?,n peut aJourer

a

fa gloire, qu'il a eu

Ru~ens pou~

dllclple ,

Pue/emburg,

(

Cornetl/e)

né a Utrecht en

1)86 ,

mort dans la meme ville en

1660, 11

fit

iI

Rome de

boones études d'apres nature, & d'apres les meilleurs

ouvrages qui embelliffent celte capitale . Le grand-duc

de Florence, &-Ie roi d' Angleterre C,harles

1.

ont, em–

ployé long-tems le pinceau de ce ma.tre , Le gour de

P oelemburg le portoit

¡,

travailler en petit, & fes ta–

bl eaux dan s

Cettc

forme rOnt précieux ,

He!m , ('lean-David de)

né en

1604,

mort

a

An–

ver> en

. 674,

Ce mai tre s'auacha particulieremem

a

peiodre des Ileu rs , des fruil s des vaCes, des infirumens

de Mufique , & des tapis de' T urquie,

11

rend ces di–

vers obJets d'une maniere fi réduifante, que le premier

mouvemeD! ell d'y porter la main; Ion coloris ell frais,

ECO

&

Ca touche d'une legerelé fingaliere! les in[eéles pa–

roillent c¡re animés dans fes lableaux.

Rembr~nt

f/an- R)'n,

fils d'un Meunier, né en

1606

dans un village rur le bJas du Rhin, mOr!

¡¡

Amaer–

dam en

1674,

Cer hommc rare, fans avoir fait aucu–

ne étude de I'antique, dom il re moquoit, avojt tant

de goul

&

de génie pour la Peimure, qu'il ea compté

parmi les plus céletires anill es .

11

mettoit ordinaire–

mem des fonds noirs dans fes tableaux, ¡¡our De point

IOmber dans des défauts de .perfpeélive, dOOl il ne vou-

1m

jamais Ce donner la peine d'apprendre les principes;

cependant on ne peut le laffer d'admirer l'eflet mer–

\'eilleux que res tableau! font de loin, fon intelligen–

ce du clair.obCcur, l'har monie de fes couleurs, le re–

lief de Ces fi gures

~

la force de fts expremons, la frai–

cheur de fes carnations, enfin le caraétere de vie

&

de

vérité qu'il donooit aux partjes du vifage: fes gravl1-

res formées de coups écartés, irréguliers

&

égratignés,

fom un effet tres-piquant.

Van-Oflade, (Adrien )

n¿

a

Lubec en

1610,

rnort

a

Amaerdam en

168S,

On I'appelle communémem

le

bon Oflad.,

pour le dill inguer de fon frere, Les ta–

bleaux d'Onade préCentent ordinairemem des íntérieurs

de cabarets, de tavernes, d'h6IelIeries, d'habitatioDs ru–

niques, & d'écuries. Cet habile artiae avoit une par–

faité intelligence du clair-obfcur, (a touche ell legere

& fpirituelle: il a rendu la nature avec une vérilé pi–

quante; mais fon ,gol1t de' de{Jein ell lourd,

&

fes fi–

gures fOD! trop courtes.

JI

a fait une belle fuite de def–

fcíns coloriés, qui en aéluellemellt dans le cabinet des

curieux hollandois. On a aum gravé d'apres Van-O–

Ilade,

Dow , (Gérard)

a

Leyden en

16I3.

Rembrant

lui montra la Peinture, quoique 'Gérard ait pris une

man iere d'opérer oppoCée

a

celle de fon maitre; mais

il

lui devoit I'intelligence de ce beau coloris qu'on ad–

mire dans fes tableaux, On admire encore le travail

élonnant, le gout fingulier pour la propreté, le tini,

la vérité, l'eX premon, & la parfaite connoiifance que

ce célebre artille avoit du cIair-obfcur. Ses ouvrages

augmentent IOUS les jours de prix.

Laar, (Pierre de)

a

Laar en

1613,

\'illage pres

de N aarden, mort

a

Harlem en

167f'

Pierre de Laar

ell encore plus connu foas le oom de

Bamboche,

qui

lui fut donné

¡¡

cauCe de la finguliere conformatioo de

fa figure, Bamboche étoit né peiotre dans fon genre;

il n'a traité que de pelits fUJots, des foires, des jeux

d'enfans, des chaffes, des payfages, des fcenes gaíes

&

champetres, des tabagies & autres fujets plaiCans, qui,

depuis lui, ont élé nommées

Je; bambochadeJ,

ED ef–

fel, perConoe n'a touché ce genre de peinture avec

plus de force, d'efprit & de vérité, que I'a fait ce ar–

tiae ,

Met~u,

(Gabriel )

a

Leyden 1:n

161),

mort

a

Amllerdam en

16j'8,

Ce maitre a fa it peu de tableaux;

mais ceux qu'on voit de lui 10m tres-précieux, par l'art

avee lelJuel il a

Stl

rendre les beautés de la Dature: la

tineffe & la legereté de la lOuche, la fraich eur du co–

IDris , I'intelligence du cIair-obfcur & I'exaétitude du

deffein , re font également Cemir daos fes ouvrages , Ce

maitre ne peignoit qu'eo petit, & la pllipart de fes fu–

jets font de caprice , On vante fon tableau quí repré–

fente une vilite de couches, comme aum celui de la

demoifelle qui fe lave les maios

au~{Jus

d'uo bamn

que tiem fa fervanle, tandis qu'un Jeune homme 'luí

entre alors, lui fait la révérence, Le Roi a un feul

tableau de M etz u; il repréCente une femme lenaO! u'n

'verre

a

la main & un caval ier qui la falue ,.

00

a gra–

vé d'apres ce charmant artiae ..

W ot/wermam,

(

Philippe

)

oé 11 Harlem en

1620,

mort dans la meme vilie en

1668,

c'ea

UD

des mai–

treS holJandois dom la maniere a été le plus univerfel–

lemeO! goOtée, &

c'ca

en particulier UD payCagille ad–

mirable.

Voyez le; diélionn, de; B ea flx-Artt,

&

Hou–

braken

dqnf fa vie de; Peintre; hQ/landQiI,

Berghq/J, (Nifola;)

a

Amaerdam en

1624,

more

¡¡

Harlem en

16H3.

C'efl un ¡les plus grands payCagi–

aes de la HolJaude .. Ses ouvrages

bril1~nt

par la rh

cheffe

&

la variété de fes compolitioos, par la véri–

té & le charme de Con coloris, par la liberté & l'é–

légance de fa touche, par des efiets piquans de lumie–

re~ ,

par Con habilelé

a

peiudre les ciels, eolin par l'art

&

I'erprit avec leCq uels

il

a dcflillé les animau•.

Mi/ri;,

dit

1, '/Jiep.;;, (Franfoi;)

a

Leyden en

163j' ,

mort dans la meme ville en

168 1,

á

la Beur

de fon age.

11

eut pour maitre Gérard D ow; plufieurs

coonoirreurs prétendent qu'il I'a égalé pour le précieux

fini,