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ECO

Gtlido Réni,

que nous appelloDs le

Gtlid~,

caquit

a

Bologne en

In),

& mourut dans la meme ville en

1642.

Denis Calvart fut fon premier maltre;

iI

paila

enCuite fous la difcipline des Carraches, & ne fut pas

long-tems fans fe dininguer par la fupériorité de fon gé–

n ie. Le pape Paul

V.

exer~a

fes talens, qu'i1 ne pou–

voit fe lalTer d'admirer. 1I lui donna pour preuve de

fon ellime particuliere, un équipage & une forte peo–

fion.

Alors le Guide vivoit honorablement , & jóüiífoit de

fa renommée; mais femblable au Schidone, I'amour du

jeu vint par malheur s'emparer de fon ame : il y faiCoit

des pertes conGdérables, qui le menoient continuelle–

ment dans I'indigence,

&

qu'¡¡ réparoit néanmoius par

fa facil ité prodigeufe a maniee le pinceau : obligé de Ca–

tisfaire aux ouvrages qu'on lui demandoi t de tous có–

tés ,

iI

re~ut

long-tems un pri); confidérable des chefs–

d'reuvre , qui fortoient de fon attelier avec une prom–

ptitude étonnante. Enfio devenu vieux , & ne trouvant

plus dans fon piuceau la meme rcífource qu'il lui pro–

curoit d.aus le fort de l'age , d'ailreurs pourCuivi par Ces

créanciers, abandonné , comme

iI

en trop ordinairc , par

ceux meme qu'i1 meltoit au nombre de fes amis, ce cé–

lebre artine m ourut de chagrin.

La grandeilr, la noblelTe, le gout, la délicateífe, &

par-tout une grsce inexprimable, fonl les marques dinin–

él:ives qui caraél:ériCent toutes les produél:ious de cet ai–

mable peintre, & qui les rendent I'obj ct d'une admira-

tion gén érale .

.

Les ouvrages que le G uide a lailTés a Rome &

a

Bologne, Cqnt ce qu'il

a

fait de plus confidérable.

0 0

v alHe beaucoup' Coo crucifix , qui en dans la chapelle de

l'

Annonciade ; S . L aureDt

in L "eina,

fo n Ariaue, fa

V ierge qui coud, D avid vainqueur de Goliath, & I'en–

leve meO! d'Relene par Paris: ces deux derniers tableaux

fou t

a

l'hÓtel de ToulouCe , & pechent néanmoins du

có té de l'expreffion, qui n'en point aífez vive ni alTez

auimée. M ais le couvent des Carmelites du faux bourg

Saint-Jacques poífede un adm irable tableau du G uide,

dont le fujet en une Annonciation. Son many re des

lnnocens el1 CODnu de tout le monde. La famille Lu–

dovilio

11

Rome poífede quatre beaux tableaux du Gui–

de , une Vierge , une J udith, une Lucrece ,

&

la conver–

fi on de S. Paul. Enfin le tablean de ce grand maltre ,

<jui a fait le plus de bruit dans R ome, en celui qu'il

peigoir en concurrence du D om iniqnitl dans l'églife de

S . Grégoire.

11

trayailloit également bien a huile &

a

fref'We.

II

fe plaiCoit

11

la mu lique, & a fculprer .

11

a grhé

iI

I'eau-forte beaucoup de Cujets de piété, d'apres Anni–

bal C arrache , le Parmefan,

& &.

On

a

auffi beaucoup

gravé

d'apri:~

le Guide .

Ses deífein s fe fon t connoitre par la franch iCe de fa

main .. par la legereté de fa touche, par un grand gout

de draperies joint

a

la beauté de fes airs de tetes.

11

ne faut pas croire , dit M. M arieue

a

ce fu jet, que le

Gu ide fe Coit élevé fi haut, fans s'etre aífuJeni a un

travail opinHltre: 1'0n s'en apperyoit aifémell t,

&

fur–

tout daos les deífeios qu'i1

a

faits en grand pour Ces é–

tudes . Tout y en dé:aillé avec la derniere précilion ;

J'on y voit un artine qui confulte .perpétuellemellt la

nature, .& qui ne fe fio point

a

I'heureux talens qu'il a

de l'embeIlir .

Jllbane, (FranfoiI

)

a

Bologne en

15'78,

mort daos

la

m~me

viIle en

1660.

S on pere, marchand de Coie,

v oulut inutilement le faire de fa profeffion . L a paffioll

dominante du (jls, le décida pour la P einlUre .

JI

fe m it

d 'abord chez D enis Calvart dont nous ayons parlé ci–

deffus, & pour fon bonheur il , tronva le Guide. lis

fe lierent d'une étroite amitié,

&

ne tarderent pas

a

paC–

fer enremble dans l'école des Carraches; enCuite ils fe

rendireiu

:l

Rome , ou l'Albane perfeél:ioona Ces talens ,

& devint un dcs plus ag réables &. des plus Cavans pein–

tres du monde. II cultiva toute Ca vic l'élUde des bel–

les-Icmes, & Ce ferv ir utilement & ingénieufement des

lumieres qu'elles lui fournirent, pour enrichir fes ioven–

tions des ornemens de la Poé fie.

11

épouCa en Cccondes noces une femme qui lui ap–

porta en dot peu de richefles, mais une grande beauté .

E lle Cervit plus d'une fois de modele

11

l'Albane, qui

la peigooít tamÓt en nymphe , tantÓt en

V

énus, tant6 t

en déelfe . .

11

en eut douze eofans , & prit le meme

plailir

11

les peindre en amours; fa fcmme les tenoit dans

fes bras , ou les CuCpendoit avec des bandelettes , & les

l ui préCentoi t dans tou tes les altitudes touchames qu'il

a

·li bien exprimées dans Ces pe tirs tableaux . D e-la viem

qu'ils Ce font diCperCés comme des pierres précieuCes par

Tome

V.

ECO

275

toute l'Eutope,

&

om été payés tres - chéremeot : il ne

faut pas s'en étonner; la legereté , I'enjouemen t la fa –

cilité , & la grace, caraél:éri[ent les ounages

d~

l'Al–

bane.

L anfran&,

('}~an )

né • Parme de parens pauyres en

IS81,

mon • R o me dans l'opulence eo

1647.

D iCciple

des Carraches , il fir des progres rapides qui lui acqui–

rent promptement de la célébrité des richeffes, .& beau–

coup d'occupation .

11

excelloit dans les g randes machi.

_nes, & Ce momra dans ce genre un des prem iers pein1

tres du moude . L a voute de la premiere chapelle de I'é–

gliCe de S. P ierre ,

&

la

coupole de S. Andr" della Val–

lé a Rome , Junitierem la hard ieífe & l'"reodue de fon

g énie.

Les papes Paul V .

&

Urbain

VIII.

comblerem L an–

franc de biens & d' honneurs; mais [ur-tour un cara–

él:cre doux & tranquille, une femme aimable , & des

enfaos qui réunilfoient tons les lalens d'agrémem, le reo–

-dirent heu rellx .

S es principaux ouvrages Con t aRome,

0.

Naples, &

• PlaiCance. T oate

13 eh

apelle de S . J ean-BaptiCle

a

R ome, en de Ca main.

D ominir¡ui"

,

(Domini'itlt Z ampieri,

dit

le)

i

Bologne en

IS8 1,

mort en

1641.

JI

f~

m it Cous la di–

fcipl inc des Carraches, & rc mplir la prophétie d'An–

nibal Con maltre, qui prédít que le D ominiquin tIour–

riroit un jour la PcitIlUre. Cependant Ces élUdes furent

tournées en ridicule, Ces premieres produél:ioos mépriCées ,

fa perCévérance traitée de tems perdu, & fon filence de

nupidité

En effet la nature lui donna un eCprit pare(feux , pe–

fan t ,

&

Clérile; mais par fon opin;;ltreté dans le travail ,

il acquit de la facili té, de la fécoodité, de l'imagination •

j'allois preCque dire du génie: du moins Ca pcrCévéran–

ce opinHiu'e, la bomé cachée de COtl erprit, & la folidi–

té de Ces réftexions, lui tenant lieu du don de la mtu–

re , que nous appellons

gé"ie ,

ont fait produire au Do-

rniniquin des cuv rages dignes de la ponérilé.

.

Ab[orbé dans ron art, il amalfa peu-o-peu un thréCor

de fcience, qui Ce découvrit en fon tems . Son eCprir en–

veloppé comme un ver a foie l' ell dans fa coque, a–

pres avoie long-tems travaillé dans la ColilUde, Ce deve–

loppa, s'anima, prir l'eífor, &

Ce

tit admirer non-Ceule–

rnellt

de

Ces confreres qui alioient tuché de le dégoÜter.

mais des Carraches meme qui I'avoient foutenu . En un

mot , les penrées du D ominiquin s'éleverent inCenfible–

ment au poim qu'il s'en fau t peu qu'elles ne foient ar–

rivées jufqu'au [ublilfle,

fi

I'on ne veut pas convenir qu'il

y

a

porté quelques- uns de Ces ouvrages; comme le mar–

tyre de S. André, la communion de S. J eróme, le S.

Sébanien qui en dans la Ceconde chapelle de 1'¿gliCe de

CaiOl P ierre, le Mu[ée , & aurres morceaux admirables;

qll'il a faits

~

R ome

a

la cha¡ielle du thréCor de Na–

pIes, &

a

l'abbaye de Grana Ferrata; monumens éter–

neIs de fa capacité.

Je crois bien que les parties de la peinture que pof–

Cédoit cet homme rare , font la récompenfe de Ces fo ins,

de fes pei nes, & de Ces travaux amdus , ph"lt6t que les

frai ts de fo n génie; mais travail ou gén ie, ce que ce:

grand mal tre a exécuté ferv ira toujoues de modele

11

tous

les peiotres

a

venir,

L es compagnons d'étude du D ominiquin , apres l'a–

voir m éprifé , deyinrent fes rivaux , fes env ieux ,

&

fu–

rem enfin fi jaloux de Ion rare mérite, qu'i1s tacherent

de dérruire fes ouvrages par des moyens auffi honteux ,

que ceux qui fureot employés en France dans le meme

fieele contre les peinlUres de le Sueor .

L e D ominiquin a parfaitemenr réom dans les frerques ;

fes tableaux

a

l'huile ne Com pas pour la plupart aum

bons; le travail fe fait Cemir dans les dclleins & les é–

tudes qu'il a fai t a la pierre naire & a la plume; fa tou–

che en en peinée, & leur .médiocrité donneroit quel–

quefois lieu de douter du nom de leur auteur .

Guerchin, ('}ean-FranfoÍJ B arbiéri da Cento,

dit

le )

né a Cento pres de Bologne en 1j'90 ,- mort en

1666_

Le Curnom de

Gu,rein.

ou de

Guerehin

lul fut donné

parce qu'il étoit louche. L'école des Carraches, la vuc

des ouvrages des grands maltreS,

&

Con géoie, le firent

marche!" dans le chemin de la renommée.

1I

s'attacha a la maniere du Caravage, préférable ment

a

celle du Guide

&

de l' Albane , qui lui patut trop foi–

ble . Quoiqu'il ait peint aYec peu de correaion & d'agré–

ment : & qu'i1 eut été

a

fouhaiter qu'il eut joint a

Con

grand goa t de compofition , a Con d.eífein,

11

la fiené

de Con flyle, plus de nobleCle dans les airs de rete,

&.

plus de vérité daos les couleuri locales; cepeodanr Ces

Mm

2.

dé-