Table of Contents Table of Contents
Previous Page  267 / 892 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 267 / 892 Next Page
Page Background

ECL

N icolas JérÓme Gundlingius , Fran<;ois Buddée , An–

dré Rudigeros, Jean Jacqocs Syrbius , Jean Leclerc ,

Mallcbranche , & c,

( 1)

Nous ne fioirions poi

O[ ,

!i oous cntreprenions d'ex–

porer ki les travaux de ces grands hommes , de fuivre

rhiOoire de lears penCées ,

&

de marquer ce qu'iJs ont

lait pour les progres de la Philotophie en général,

&

pour celui de la Philofophie écleélique moderne en par–

IÍcalier , Nous aimons mieux renvoyer ce qui les con–

cerne aux anicles de Icurs noms , nous bornant

a

é–

hluchcr en pea de mots le tableau du rcnou vellement

de la philoCophie écleaique ,

Le: progres des connoi(fances humaines eO une rou–

te tracée, d'ou il eO prefque impoffi ble

a

l'eCprit hu–

main de s'écarrer, Chaque /ieele a fon genre

&

fon

fpece de grands hommes, Malheur

¡¡

ceux qui deOi–

nés par Icurs talens narurels

a

s'ilJuOrer dans c;e genre,

nai(fcnt dans le !iecJe Cuivant,

&

fon! entrainés par le

tOrrent des élUdes régnames ,

a

des occupations liuérai–

res , pouc lefqucll es i1s n'ont point

re~u

la meme apti–

cude ; ils auroient travaillé avec Cueces

&

facilité; i1s

fe Ceroien! fait un nom; iJs rravaillenl avec peine , avec

pea de fruir,

&

fans gloirc,

&

meurent obfcurs , S'U

arrivc

a

la nature, qui les a mis au monde trop tard,

de les ramener par hafard

a

ce genre épuifé dans le–

quel il n'y a plus de réputation

a

fe faire, on voit par

les chofes dont ils viennent a-boul, qu'iJs auroient

é–

gale! les premiers hommes dans ce genre , s'iJs en avoieot

été I(s comemporains, Nous n'avons aucuo recueil d' A–

cndémie qui n'olfre en cent endroits la preuve de ce

que j'avance, Qu'arriva-t-i1 donc au renouvcllement

des lemes parmi nous? On ne fo ngca point

ii

compo–

Cer

d~s

ouvrages: cela n'étoit pas nalUrel, tandis qu'i1

y en avoit , tant de compoCés qu'on n'c ntendoit pas ;

3uffi les eCprils fe tournerent-i1s du e/Iré de l'an gram–

marical, de I'érudirion, de la critique, des antiqu ités,

de la lillérature, L orfqu'on fut en état d'entendre les

nuwurs anciens , on fe peopoCa de les imirer,

&

l'on é–

cri vit des difcours oratoires

&

des vers de toute eCpe–

ce, La leaure des PhiloCophes produi!it aum Con gen–

re d'émulatlon; on argumenta, on batit des CyO emes ,

dOIl! la diCpure décou,vrit bien-tÓr le fon

&

le roible:

ce fut alors qu'on femÍ! l'impo lfibiliré

&

d'en admet–

Ire

&

d'en rejeller aucun en entier, Les efforts que

I'on tit pour rde ver celui nuque! on s'étoit anaché, en

réparant ce que l'expérience, j.ournnliere détruifoit, don–

nn nniOnnce au SincrériCme, La néccffi ré d'abandonner

a

la fi n une place qui tomboir en ruihe de toul c6,té,

de Ce Jelre, dans une :tulre qui ne tardoit pas

a

éprou–

ve r le

m~me

fon ,

&

de paOer enCuire de eelle-ci dans

une rroifieme , que le toms détruifoit encore, détermi–

na enfin d'sutres entrepreneurs ( pour ne point

aban~

donner ma comllamiCCiln)

ii

Ce tranfporter en rafe cam–

pagne , a/l n d'y conOroire des matériaux de tant de

pinces ruinées, nux que ls on reconnoJrroit qucJque.

Co–

lidiré , une Cilé durable, éternelle ,

&

capable de ré–

finer aux effortS qui avoient détruit toates les autres:

ces nouvcaux entrepreneurs s'appelJerent

ócletflit¡u<s ,

Jls avoient

a

peiné Jen!! les premiers fondemcns , {ju'lls

s'apper~ urent

qu'il leur manquoit une infi nité de maté–

rinux; qu'i1s étoient obligés de rebuter les plus belles

pierres, nute de celles qui devoiem les Jier dans I'ou'

vrage;

&

ils fe dirent entre e:lx:

mai! eti matlriaux

qtli IIOtlJ man<¡lItnt (Ollt dallJ la 1Jaturr, , herchol/J-lu

done ;

'ils fe mirent

a

les chercher dans le vague des

nirs, dans les entrailles de la terre, au fond des eauI ,

&

c'en ce qu'on appella

e"lti'lur la philofoplJie e:.pl –

,'imtntal.,

Mais avallt que d'abandonner le projet de

ba tir

&

que de lai(fer les marériaux épars fur la terre,

comme autant de pierres d'atteme ,

il

fallut s'aCsOrer

par la combinaifon, qu'il éroit abColument impolIible

d'cn former un édifice folide

&

régulier, fur le mo–

dele de I'univers qu'i1s avoient devant les yeux: cae

ces hommes ne Ce propofen! rien de moins que de re-

(1)

Q.uoiquc l'lurear

de

cet anicJe fa(fe

de s rand.

41oge.s

l.

1:1

liber..

de pen(cr.. dans la faite apporte . fans le vouloir. lc.s

:ugumens

les

plus convainc:mJ pour

démollucr

combien elle foh daogercufe . en

nou. doon:mt fur cela poor cxemples

J

ordanu. Bruna, de Nolc )

Hobbe,

&

beaacoup d'2utreJ. Chacun

rait

que ces

gens~U,

,'éL1nt

trop a1»ndonoél

a

la

liberté de peufcr r.1nJ fe

reftraindre

dolOS

les

bornes qui

DOO' (Out

prcfcrites

pu la

foi .

fe (om de

f.t~on ~gn­

n.~, .

que la

uiCon

méme 1e5 condamne . Brunas fut un athéiltt

JI!!

rtu.

eKrODt~'.

comme Bayl:

memc

daos (on

didionnaire

"avone. Ha

bes a

nvaD~

des opioioDS 1e!J plus extrav3gantes. qui (oot

r~rou

•écJ (Ur

tOIlS

le..

raun"

OOmf1lC 1'00 p:ut YOU' dans ce diaioDo.aire

lorfqu'¡¡ fau, en porle, , ( _)

-

.

ECL

239

uouver Je portc-feuilJe du grand Architea e

&

les pinos

perdu5 de cet univers; mais le nombre de ces cambi–

naifoos en infioi . lis en om dé)3 clJayé un gtand nom–

bre avec a(fez peu de Cueces; cependant ils continuen!

toOjours de combiner: on peul les appeller

Ieleili,/uer

fypb llatifjlltl ,

Cen¡ qui convaincus oon-feulemcm qu'il nous man–

que des mn¡ériaul: , mais qu'oo ne fera jamais rien de

bon de ceu! que noos avoos dans l'éta! oil i1s font •

s'occupeol fans

rel~che

a

en ra(fcmbler de nouvenux;

ceur qui penrent au contraire qu'on eO eo état de

commeocer qoelquc partie du grand édifice, ne fe laf–

fent poinr de

1~5

combiner ,

&

ils parviennent

i

force

de tems

&

de tr:IVan, :\

foup~onner

les carrieres d'ou

l'on peal tirer qaelques-unes des pierres dOD! ns

001

be–

foin , Voili l'ltu od les chofes en font en Philofo–

phie, on e!les demeureroot cncore long-tems,

&

ou le

cereJe que nous avons tracé les rameneroit oéceffaire–

ment, /i par un éveocmeD! qo'oo De CODIiOi! guere, la

terre venoit 11

fe couvrir de longues

&

épaiUes tlne–

bres •

&

que les travaUI en toat genre fuffcnt fafpendos

pendant quelques /iecles,

n'oil I'on VOil qu'¡¡

y

a den! foncs

d'Eeleili!me;

l'un expérimenlal, qui confine

i

rafTembler les vérítés

connues

&

les fait!' donnés ,

&

a

en augmentcr le nom–

bre par l'étude de la nature; l'autre CyOématique, qui

s'occope

a

comparer emr'eUes les vérités corrnues

&

il

combiner les fai rs doonés , pour en ",er ou l'explica–

tion d'un phénomene , ou l'idée

d'une~lpérience ,

L'E–

eI. m fme

ex périmental en le panage des hommes la–

borieux,

l'E eI.ilifmc

fyOématiq ue etl celui des hom–

mes de génie; celui <jui les

r~unira,

verra fim nom

placé eotre les noms lIe Démocrite, d' Arillote

&

de

Bacon,

DeuK canfes On! retarde! les progres de cet

EeI. –

éliJ",e ;

l'une néceff.1ire, inévitable,

&

fondée dans la

nature dt s chofes; les autres accidenteUes

&

cooféquen–

tes 11 des évenemens que le tems pouvoil ou ne pas

amener, ou du moins amener dans des circonOances

moins défavorables . Je me conforme dans cene diOill–

aion

~

la maniere commune d'envifager les ctloCes,

&

Je fa is abOraaion d'un CyOeme qui n'cntraineroit que

trap facilement un homnle qui réBéchit avcc profoo>

deur

&

préci!ion,

a

oroire q e tous les évenemens don!

je vais parler ,

COllt

égalemeDt

n~cetT3ires .

La premie–

re des caufes du retardement de l'

EeI.ilifm.

moderne,

eO la raute que fuit np.tureUemcnt l'eCprit humaín dans

fes progres ,

&

qui l'oocupe invincit>lemen! peudant, des

'!iec1es cmiers

ii

des conlloi(fances qui liOt éré

&

qUl fe–

rout dans

IOUS

les tems antérieures

a

I'étude de la Phi–

lofophie, L'efprir humnin a Ihn enfance

&

fa virilité:

plat au oiel qu 'il n'cilt pss auffi Ion déclio, fa vieillcf–

Ce

&

fa caducité, L'érudition, la liltéramre, les lan–

gues, les antiquités. les beaul arlS, fOn! les occupa–

tions de Ces premieres anDées

&

de Con adolefcence;

la PhiloCophie ne peul

~tre

que l'occupation de fa vi–

rilité ,

&

la conColation ou le chagrin de fa vieillefTc:

cela

d~pend

de I'emploi du tems

&

du caraélere ; or

l'efpece humaine a le /ien;

&

eUe

appel~oit

trc,-bien

dans fon hifioire générnle les intervaUes vu'ídes,

&

ceur

qoi fOil! remplis de tranfaaions qui I'hollorent ou qui

l'humilielll, Quant aUI caufes du retardement de la

Philofophie 'écleéHque , dont nous formons une autre

c1a(fe, ,iJ Cuffi t d'en faire I'énumeration, Ce font les

difplltes de religion qui occupent tant de bons efprits ;

J'imolérance de la fuperfi ition qui en perCécute

&

décou–

rage tant d'nutres

(l.);

I'indigence qui J(tte UD homme

de génie du c6té oppoCé 11 celui ou ,la

" nat~re

I'appel-:

loit ; les récomoenCes mal placées qUl I mdrgneDl

&

lUl

foot tomber la plume des mains;

l'in~i!férence,

du gou–

vernemenc qui dans fon calcul polrtlque fal! entrer

I

pour io6 nimeot moins qu'il ne vam, l'éclat que la n,t–

tion

re~oit

des lell:es

&

des

ar~s d'agrém~nt,

&

q~i

négligeant Je ptogres des arts utlles, ne falt pas facn–

fier

( 1 ) L'

on

die

ici

que

l'

intolérance

de: la fupcrAir:&clD ••,

~rte.

emee plu6c:un

génia

fubhme.s

&.

le:. décooragc:r

~ "la

r.:cberche

de la vérit¿;

ti

on pecnd pode

furerfhtron.

le

vop

d attJcbe91e~t

cermines pr<1tiqucs de religion. peu r;!Í(onn;¡b!et ou ioJ,fférentl,.• f en

CODvrcnl' m.:ais

fi

00

~rlc:

de I anachement

p1CUS poue

0::'

prauques .

qoi font

~uton(ée,

pu

1:1

!".lifon . ou par ''uf34c commun de l' Egli..

fe je oc \'oi, pa! pourquoi

lel

princu

de JotViltnt point

le'

prote–

ge'r par la force. en

perrécurant

O:OE

q,1Ú

.re.ntene

le.

~bran.h:r

Ces

pratiquc:.c ont tane ele

npport

avec la rehgloo. que

le

meme

z.dc

:

qui anime

la

prioces

11..

4II!Cencc r;l.'lClCllc doie procurer le

{oQuell

1 "'"

mero••

pr>.:iqucs, (-

1