ECL
encore produits, M axime d'Ephefe
&
Chryfanthius ,
M ax ime d' E phefe étaie né de pareos nobles
&
riches ;
il
eue done
a
fouler aux piés les efpérances les plus
/lateufes , pour fe livrer
a
la I'hiloCophie: c'eU un cou–
rage trop rare pour ne pas lui co faire un m érite , Per–
fonne ne fu e plus évidemmellt appellé :. la T héurgie
&
a
l'Eclellifme ,
fi 1'00 regnrde I'éloquence comme
le caraacre de la vocaríon , M ax ime paroifIo ie toOjoors
agieé par la préCence inrérieure de quelque démoo ; il
menoit eaor de force dans fes pel1fées , tam d'énergie
dans fon expreffion, tam de noblelTe
&
de g randeur
dans Ces images, je ne fais quoi de {j frappaor
&
de
fi
Cublime,
m~me
daos fa deraiCon, qu'il Óroie
iI
Ces
audireurs la liberté de le conrredire : c' étair A pollon
fur fo n trépié , qui maltriCoit les ames
&
commandoir
RU X e fprirs , 11 était Cavane; des coolloilfances profon–
des
&
va riées fourni(!oient un a,limeOl inépui r.1ble a Coa
enthouliaCme : il CUt E delius pour maine,
&
J ulien pour
difciple ,
11
accompagna J ulien dans fon expédition de
P erfe : Ju lien périr,
&
Ma xime tomba daos
UD
érat dé–
plorable ; mais fon ame Ce montra toOjours Cupérieure
:} I'advcrfité , V aleneinien
&
Valens irrités par les C hré–
liens, le foOl charger de chal nes,
&
jetter daos le fond
d'un cachet : o n ne I'eo rire que pour I'expofer Cur un
Ihéatre,
il
Y
paroir avec fermeté " On I'accufe, il ré–
pond r.1ns mallqucr
a
I'empereu r,
&
fans Ce manquer
a
lui-meme , On préten doit le rendre refponfable de
lou t ce qu'on repreooit dans la conduire de
J
ulien, il
ilH ére{f.1 I'empeleur meme
a
rejencr cen e aecu fa tion:
J' il
,(1
permiJ,
difoit-il
d',,«rljer un {tt/ et de timt ee
'lile
j.n
f OIl'/Jerain pellt avoir f ait de mal , pour'luoi ne
l e
I~i¡"a-t-on
paJ d,' tOltt ce '1u'il aura fait de bien ?
O n cherchoit a le
~erd re,
choCe CurprenalHe! on n'en
viO[ poinr a bout , D ans I'impoffi bililé de le convain–
ere, on loi rendit la liberté; mais comme on étoit per–
fuad é qu'i1 s'érait fervi de Ion crédit aupres de Julicn
pour amalTer des thréCors on le condamna
a
une amen–
de exorbilante qo'on rédoi (jt a tres-pe u de choCe , ceux
qu'on avoit chargé d'en pourfuivre le payement, n'a–
yanr trouvé
a
nOlre philoCophe que Ca beface
&
Con
ba ran , L a préCence d'un homme avec leque l on avoit
de fi grands rorts , élOit trop importune pour qu'on la
fouffrir; M axime fut rélégué dans le fond de l' A lie,
o u de plus grands rrialheurs I'attendoien t , L a haine im–
plncable de les ennemis I'y ruivit ; a peine e(\-i l arri–
v é au lieu de Io n exi l, qu'i1 e(\ faHi, empriConné ,
&
li vré
a
l' inhumanité de ces hommes que la juUice em-
1'Ioyc
a
tOurmenrer les coupab les ,
&
qui corrompus
par res perfécuteurs , invenrerem pour lui des Cupplices
Douveaux : ils en tirent alternalÍvement I'objet de leur
brutalité
&
de leur fureur , ,Maxime lalfé de vivre,
demanda du poiCon
a
[a femme, qui ne
balan~a
pas
¡¡
lui en apporter; mais avam que de le lui préCemer,
elle' en prit la plus grande partie
&
lOmba morte : Ma–
x ime lui fu rvécut , On cherche, en IiCant I'hi(\oir-e de
ce philoCophe , la cauCe de Ces Douveaux malheurs,
&
I'on n'en trouve point d'autre que-"'d'av oir déphl aux
-défe nfeors de certaines opinions dominantes; leeron ler–
rible po ur les PhiloCophes , gens raiConneurs qui leur ont
été
&
qui leur ferom fuCpeas dans tOus les tems , La
prov idence qui Cembloir avoir oublié M axime depois
la mort de
.1
ulien, !aiera tomber enfin un regard de
pitié (u r ce malheureux, Cléarque , homme de bien,
q ue par ha7.ard Valens avoit nommé préfet en A lie,
Irouva , en arrivanr dans Ca prO\-ince , le philofophe ex–
poCé Cur un chevalet,
&
prl't
3
cxpirer dans les raur–
m ens :
iI
vo le
11
fon Cecours , il le déli vre, il lui pro–
cure raus les foins dont
iI
étOit prelfé dans le déplo–
rabIe état ou o n l' avoit réduit : il l' accueille ,
iI
l'admet a fa table , il le réconcilie avee I'empereur,
il ¡,lit Cubir
a
leS ennem is la peine du ralion, il le ré–
lablit dans le peu de formne qu'i1 devoit
a
la commi–
férntion de [es amis
&
de
Ces
parens ;
i1
Y
ajoute des
bk nfaits ,
&
le renvoye triomphant
á
Con(\antinople ,
ou la con liM rstioll générale du peuple
&
des grands
fembluit lu i at'sOrer du moins quelque traoquillité pour
les dernieres annécs de fa vie; mais il n' en fu t pas
Sillli, D es mécontens fo rmerellt une cOIlCpiration co nere
V alens ; M axime n'érait point du nombre , mais il a–
voit eu malheureuCemeot d' anciennes Iiaifons avec la
plúpart d'cmr'eux , On le CouPlTonoa d' avoir eu con–
nuilfance de leur delfein ; Ces ennem is in li nuerent a I'em–
percur qu'i1 avoit été conCulré , en qualité de théur–
gille ,
&
le proconCul F e(\us eut ordre de I'arrerer
&
de le
f~irc
mourir, ce qui fut exécuté , T elle fu t la
ti n traglque d'un des plus habiles
&
des plus hOll nctes
bommes de Con {jeele,
11
qui I'on ne peut reprocher
T ome V_
ECL
23;
que fon enthouGaCme
&.
fa théurgie, Fe(\l1s ne lui fu r–
vecut pas long-tems, fon efprie s'aleéra ,
iI
crue voir
en fonge M axime qui le trallloit par les cheveu x de–
vant les juges des cnfers ; ce fonge le ruivoit pano ut,
iI
en perdit tour-a-fait le jugemenr,
&
mourut fou,
Le peuple oubliant les diCgraees cruelles au xquelles les
dieul avoient abandonné Maxime pendaot
Ca
vie , re–
garda la m6rc de F e(\us cOl11me uo exemple éclatant
de leur jullice , Fc(\us étoit odieu x ; M axime n'étoit
plus, la véoération qu'on lui pon oir en de l' inc d' au–
lant plus grande : le moyen que le peuple ne vit pas
du Cumaturel dans le Conge du proconCuf,
&
daos u–
ne mOr! qui le furprend, Cans aucu ne cauCe apparente,
au mi lieu de Ces proCpérités! On n'e(\ pas eommuné–
m ent alfe7. inUruit pour favoir qu'uo homme menacé
de mOr! fubite, fcut de loio des mou vemens avant–
coureurs de cet évenement; ce fOll t des atreinces Cour–
des, qu'i! néglige, parce qÍl'il n'en pré'voit oi n' en
craiot les fuit es; ce fom des fr ilfons pafl agcrs , des io–
quiérudes vagues , de I'abatremeot, de I'agiration, des
Rcd:s de puli llanimité, Qu'au milieu de ces approches
fecretes uo homme fuperlt itieux
&
méchant ait la con–
fcience chargée
dé
quelque crime atrOCe
&
récent,
iI
en voit les- objets, il en en obCédé; il prend celle
obfeffi oo, pour la cauCe de fo n malaiCe :
&
au-lieu d'ap–
peller un medecin,
il
s'adreíTe aux dieux :
cep~ndat1t
le
germe de mort qu'¡¡ ponoit en lui-meme fe dévelop–
pe
&
le tue,
&
le peuple imbécille crie au prodige.
C'eU faire injure
a
I'erre Cu prcme, c'eU s'expoCer
me–
me
a
douter de fon exi(\ence , que de chercher dans
les affliaio ns
&
les proCpérirés de ·ce moode , des mar–
ques de la junice o u de la bonté divioe, Le méchant
peur avoir taut, excepté la fa veur du ciel ,
PriCque, ami
&
condiCeiple de Maxime, étoit de
T cfpro rie ,
II
avoit beaucoup éril dié la Philofophie des
ancie ns; il s'accordoit avec Eufebe de Minde
11
re–
gardcr la Théurgie comme la honte de
l'EcI, lli[me ;
mais né taciturne , renfermé, ennemi des diCputes Icho–
la(\ iques , ayam a--peu-pres du vu lgaire I'opioion qu'i1
en faut avoir, c'e(\-a-dire n'en raiCant pas alfe'L de cas
pou r lui dire la vérité, ce fur un homme peu propre
a
s'attacher des diCciples
&
a
répandre fes opiniolls _
C ene maniere de phi loCo phor tranquille
&
retirée jetta
Cur lui une obCcurit
é
Calutaire , les ennemis de la Phi-
10Cophie I'oublierent, Les autres écleaiques en furent
réduits ou
a
Ce don ner la mo rt
¡¡
eux-memes, ou
a
per–
dre la vie daos les lOurmens; Prifque ignoré acheva
, tranquillement la lienne dans les temples defem du Pa–
gaoifme ,
C hryCanthius diCciple d'Edefius
&
inUituteur de Julien. _
joignit I'étude de l'Art orataire a celle de la PhiloCo–
phie:
C'eft a./J,z pour f u"
diCoit-i1,
de connoíUe la vi–
rité ; maiJ. pour leJ autrer il f aut encore favo ir la di–
re
&
la faire aimer , La philantropie eft Te caralle–
re diflinllif de I'homme de bim; il
.te
d. it paJ [e
contente>' d',t re bon , il doie travaiJ/er
a
rmdre res
femb lableJ mei/leurJ: la v ert t< ne 1, domine paJ affez
f ortement, J'il peut la . ont,nir
a~-dedanJ
de lui-me–
me, L urf'lue la v ertu eft d,v enue la p'aJlion d'un hom–
me , , /le remplit Jon ame d'un bonheur '1u'il ne fa u–
ruit cacher ,
&
'1fte leJ mü hanJ ne p euvent
f(lin~re.
C'efl
,¡
la v ertu '1u'il appartimt de faire de vlnta–
bleJ enthoufiaftu; .'eft e/l, feule 'llti conno;t le prix
dcr bienJ, deJ dignitéJ
&
de la vie, p uihu'il n'y a
'1u'elle 'l"i fac he '1uand il conv ient
~e
leJ pe!'d,.e ore
de lu conferver ,
La Théurgie
li
fatale
a
M axl me Cer–
vir urile menc ChryCaothius; ce dernier s'en tinc avec fer–
meté a l' ioCpeaion des via imes
&
aUK regles de la
divination, qui lui
anoon~oient
les plus grands mal–
heur> s'il quittoit fa re traite ; ni les inUances de Ma–
-¡¡ime, ni les inv itarions réitérées de I'empereur, ni des
dépurations ex prelfes, ni les _prieres
d'UI~e
épo,ufe qu:iJ
aimoit tendrement, ni les ho nneurs _qu o n IUI o!frOlt,
ni le
bonh~u r
qu' il pouvoir Ce promettre, De purent
I'emponer Cur fes fi nirt res pre(!entimens,
&
I'attirer a la
cou r de J ulien , M axime partit,
rifo lu,
diCoit-il
de f ai–
re violenee
a
la natttre
&
aux d,ftinI,
Julien fe ven–
gea des refus de ChryCamhius en lui accordant le poo–
tifi cat de L ydie, ou il I'exhortoit
a
relever les autels
des dieux,
&
a
rappeller dans leurs temples les pell ples
Gue le 'Lele de fes prédécelfeurs en avoir éloignés , Ch ry–
fanthius , philoCophe
&
pomife , fe condu ifi t avec tant
de diCcrétion dans Ca fo na ion délicate, qu'il n'excita pas
m eme le murmure des intolérans; auffi oe fut-il poin t
enveloppé dans les troubles qui fuivireot la mort .de
J ulien ,
!I
demenra defolé, mais tranquille au milieu
des ruines de
la
fcae écleaique
&
du paganifrne-; il
Gg
2.
fut