ECL
naquir
a
T yr la douzieme anoée du regne d'Alexandre
Severe; 233 ans aprcs la nailfaoce de
J.
C . il apoflafia
pour quelqucs CDUpS de breOD que des chrétÍeDs lui doo–
Ilerenr mal-a-propos. 11 érudia
~
Athcnes fous Longio,
qui I'ap;>ella
PorphyYe;
J\Iblchus,
filO
oom de famille,
paroi(]úil trOP dur
a
I'orcille du rhéreur , Malchus ou
P orphyre avoit alors dix-huic ans;
il
éroil déj a tres-ver–
ré dans la Philofophie
&
dans les Lemes ,
A
I'ftge de
,'¡ngr aos
il
vinr
ii
R ome érudier la Philofophie fous
P1olio.
U
oe extreme lobriélé , de loogues veilles, des
difrlU les con tinuelles lui brülerent le fang,
&
roumereD[
Ja n efpril
:l
l'enlhol1tiafme
&
a
la
mélanchoJie. J'obfer–
" crai ici en pafTant, qu'il ell impoffible eo Poéfie,
en
FcirJIure, en Eloqueoce ,
en
Mulique, de rien produire
de
lublimc lans cl1lhouliaCme, L'enthoufiafme ell uo
m ou ve menr violrnt de rame, par lequel O<lUS fommes
Ir:lnfpon ¿s 3U milieu des obJ ets que oous avoos
a
repré–
iCorer: alors flOUS' yoyons Ulle fcene enriere fe paUer dans
'1olrc imaginalion , comme fi eJle élOit hors de oous: elle
y efl eo elfel, car laOl que dure eelle illufioo, tons les
etreS pr6fcns font anéantis,
&
n0S
iMes
font réalifées
a
Icur pla e: ce ne follt que nos idées que oous apper7
ceVOllS, cepcndant nos mains touchent des corps, nos
yeux voyeot des otres animés, nos oreilles entendem
des voix. S i cel éta l o'efl pas de
l~
folie, il eo efl bieo
v oi lin. Voila la raifon pour laq uelle
il
faut uo tres-grand
fe ns pour balancer l'elllhounaCme , L'eothouliafme nJen–
tralne que qunod les efprils om été préparés
&
fOllm is
par la foree de la raiCoo ; e'efl un principe que les Poc–
tes
oc
doivent jamais perdre de
~
Oc
dans leors ñétions ,
&
que les hommes éloquens om toü¡oor obfervcl dans
leors mouvemens oratoires . Si l'enthouriaCme prédomi–
ne dans un oovrage , il répand dans lOutes fes parties je
Jle r.1i qooi de giganteCque, d'incroyable
&
d'éoorme ,
Si c'ell la difpolilion habito. lIe de I'ame,
&
la peme
""quite
00
naturc 11e du caraétere,
00
tient des diCcours
nl tcrnativemem infenfés
&
lublimcs ;
00
fe porte a des
,aions d'un héroiTme bifarre , qui marquenr en meme
tems la glandeur, la force,
&
le delordre de I'ame,
L'cOlhouliafme prend mille formes diverles;
1'00
voit
les eienI oovens fur Ca t';:le, I'autre les enfers s'ouvrir
fous fes piés : celoi,ci fe croit au milieo des efprirs cé–
Icfles , il entend leors div ins conecrts,
il
eo cfl tranCj:lOr–
té ; eeloi-\:l
s'adr~f1e
aux fories ,
iI
VOil leurs IOrohes al- o
Jü mées ,
il
cfl frappé de leurs cris ; elles le pourCuivem ;
,il fuit effhyé devant elles . Porphyre o'étoic pas éloigné
de cet étQt eoehan teür ou terrible, lorf'que Plolin, gni
le Cuivoit
ii
la pifle, l'auoignit ; il étoit affis
a
la poin–
re du promont"ire de Lilybée ; il vertoit des larmes;
il
tiroit de profonds foupirs de fa poitríne ;
iI
avoit les yeux
fixemem allachés fur les eaox;
il
repoulfoil les alimens
qo'on lui pr6feOloit ;
iI
craignoit I'approehe d'un hom–
m e; il vouloit mourir.
11
6lOit· dans on aed :s d'eOlhoo·
Jiafnie, qoi groffi fToir a foo imaginatioo les miferes de
la nalure humaioe,
&
q\li lui repré[eOloit la mon com–
me le plus graod booheur d'Ull erre qui peofe, 'lui feut,
qui
a
le malheur de vivre , Voiei un autre enrhoofiafle ;
<;'ell Plolin, qui forremenr fra ppé du péril olí il apper–
coit foo difciple
&
Con ami, ép"ouve fur le champ un
autre acees d'enthounarme qui fauve Porphyre de la fu–
reur tranquille
&
fourde donl
i1
ert po(]cdé, C e qu'il
y a de lingulier, e'ell que celui-ci fe prend pour un hom–
me t'en[é : cleoole. -le
jfud!um nune ijfud ,
;;
Porphyri,
t/mm, non Jan", mentis ejf , Jed "!n¡mi atrá bile [flren–
ti,.
Un
lroiCieme qui eu t
~té
témoin, de faog froid,
de l'aétion oUlréc
&
dl1 too emphatiqoe de Plotin, o'ao"
roit-il pas été reoté de lui reodre
a
Il1i- m';:me Coo apQ–
llrophe ,
&
de lui dire en imitan! fou aétioo
&
fon em"
phafe:
ft"diu m nune ijf"d ,
;;
PI.tine, t,mm, hone¡¡",
Y''lJera mentís elr,
Jed
animi Jplen.dida bile [urentís .
A u refl e, fi on aeces d'COlhouliafme peol etre reprimé,
e'efl par on autre acd:s d'emho.uliafme, La véritable é-
'Iomc
y,
( 1)
Je nc voudrois poinr
qll'cn lifallt cet 3rticle • on peo(-a
mal
ue nOI
M),ftiqncs en comparant les exurc:s .
&:
les révéJóltions . dom
nOI
ramu om été favorirés de Dieu par une grace mute p:an-iculierc.•
avec celles de Jambliquc
Be
de.: Porphyre. Ces denx l'hllorophes
y~
..
voicat
dans
le
(cms , que le
Chritlú.nirme étoi[
la
relígion
oorDl..
nante.
&.
tlont la (ainteré étoit prouvée par des cxemples
,treS
~ m~
..
nlor3blcs,
Be
par des graccJ (Outes panícuLieres, que le (ollveram
ltrc
r;llroit
éclarer (ur plufieurs perronnes de I'uo .
Be.
de l'-:lutre
rexe. qui f:tiroicat l'applandiOernent .
8c
l'admiradon d'un
c~aCtIn.
Ces per(onne., 3voicnr
rc~ú
de Dieu la grace de faire de mlrades
(urpn:nans
t
Comme cncore el'Erre ravis en extarC,
[Se
de s'élcver
d.,ns les airs. Le
Pc~ple
(on ¿tonné . fe laiffoit ai(ément
per(a~
..
der de la
\'~rité
d'une religion. qui aveit des marqueJ non
~qUl.
voque.<!
d~
la "!\'inité. Les Payens s'aprercevant de
I~ur
enuere.
~ ~ro~halnc
nuoe opporoicnt lenes
~1yCtiques
aux ravli!"em_ens.
~
ECL
233
loquence feroir en pareil cas foible, froide,
&
refleroi!
fans effer: il faut un ehoc plus violent,
&
la feeouffe
d'uo inllrument plus aoalogue. Porphyre follemeor per–
fuadé que le Chriflianifmd reod les hommes méchans
&
miCérabJcs (méehaos, difoit-il, eo multipliallt les de–
voirs
a
l'inñni
&
en perverrilfanr I'ordre des devoirs ;
miCc!rables, en remplitTant les ames de remords
&
de
terreurs) écrivir quinu livres poor les détromper, Je
erains bieo que Théodofe oe leur ait fair trOP d'hoooeur
par I'édit qui les fopprima;
&
foferois prelqu'affurer,
fur leS fragmeos qui noos en reflcl1l daos ¡es Peres qoi
l'ont refoté, ql)'i!
Y
avoit beaucoup plus d'éloqueoce
&
d'cOIhoufiafme que de boo fens
&
de philofophie.
11
m'a femblé que l'eOlJjooCiaCme c!toit une maladie épidé–
m ique parriculiere
a
ces tems, qoi n'avoir pas entiere–
menr épargoé 1es hommes les plus reCpeél'ables par leors
ralens, leurs eonnoilfances, leur élat,
&
leur~
mceurs.
l/un croyoir avoir répondu
a
Porphyre lorfqu'iJ lui a–
voit dit
qu'il
;e.itl'
ami ;lIt;me du diable;
uo autrc
preooir, faos s'en apperccvoir, le ton de Porphyre, lorf.
qu'iJ l'appelloit
impie, blaJphemll,eur, fou, calomniateuy,
¡rnpudent, Jyeophante.
La caufe du Cbriltiaoiline élOit
trop bonne,
&
les Peres avoient trop de raifoos poor
aeGomu ler taot d'iojures, Cet endroi! oe fera pas le feul
de cel arricle olí oous aoroos lieo de remarquer, pour la
eonfolatioo
de~
ames foibles
&
la oeme, qoe c1ans les
plus graods faiots I'homme perae toujours par qoelqu'
en droil , Porphyre v':cot
b~aucoup
plu. loog-tems qu'on
ne pouvoit J'clpérer d'on homme de fon caraétere,
II
atfeignit
l'~ge
de foi"ante
&
douze ans,
&
ne mourut
qoe I'an
305'
de J.
Q .
Jamblique difciple de Porphyre, fut une des lumie·
res principales de l'éeole d' Alexaodrie, be Paganifme
mena~0it
ruine de toutes pans, lorrqoe ce philoCophe
théurgifl.e parut;
il
combattir pour fes dieux,
&
lIe
eombattil pas fans foeces, C'efl uoe chofe remarqua–
ble qUe l'averfi0n.
p.re(que générale des pbilofophes é–
cleéliques pour le
Ch~illiaoifme,
&
leur attaehement
opiniatre
a
I'idolatrie, Pouvoir-iJ done y avoir
00
fy–
lleme plus ridieule que cdoi de la Mythologie? S'il c!.
loít narurel que le rllCrifice exjgé daos la rehgion chré·
ticune, de l'efprit de I'homme par des mylteres, de
fon corps par des jeftnes
&
des morriñcatioL1s de fon
ereor,
p~r
une abnégatioo entiere de foi-meme, en é–
Joignflt des hommes eharoels
&
des raifooneors orgueil–
leu l< , I'étoil-il qu' un Potamoo, un Ammooius, un
L ongin, un Plotin, un
J
amblique,
00
fermnlfent les
yeux Cur les abfurdités de l'''inoire de Jupiter, ou ne
' les appe(IVolfent poi
m
?
jamblique étoit de Chalcis
vil–
le de C éléfyrie; il defeendoir de parens illuUres :
íl
eut
pOUl' in(]icuteur Aoatolius, philofophe d'on mérite peu
inférieur '
a
Porphyre,
II
fUI d'on (:araétere doux, un
peo renfermé, oe s'ouvrant guere qu'a fes diCciples;
IJloins éloquenr que Porphyre;
&
I'éloquence ne devoit
pas elre comptée pour peu de chofe daos des éeoles
olí
1'00
profelfoit p:¡niéuliofemeor la théurgie, Cyfleme
auquel
il
cltoit hnpoffible de; dOlloeF quelqoe¡ eouleurs
féd uifames, faos le feeQurs
QU
foblime
&
de I'emhou–
liaCme :
cepend~nt
iI
11e manqua pas d'aoditeurs, mais
il les dur moios
a
f~s
connoilfaoces q'U'a fon affabili–
ré .
II
avoit de I:¡ ga¡eté avec res amis ,
&
il leur en in–
Cpiroit ; ceUI qui avoienr une fois gOlué le eharme de
fa foci6té, oc poovoieor plos s'en détacher, L'l¡illoi–
re oe oous a rien r:¡conté de nos M ylliqoes, que nous
ne re¡rouvions
d~ns
eelle de Jambliqoe.
\l
avoit des
extafes, fpo qorps
s'~levQit
d:¡ns les airs pendanl fes
entreti~ns
avea les dieux; Ces vetemens s'écJairoient de
lumiere, il prédifoit I'avenir,
il
commandoit aur dé–
IDons, il évoqooit des géoies do fpod des eau s ,
(1)
J amblique éerivit beaoeoup;
il
laia:1 Ja vie de Pylha–
gme , uoe:
~~pofilion
de foo fylleme
Ihéologiq~e,
des
exhortatioos
a
l'étude de l'
EdeEfiJme ,
Un
tralté des
c;i
g; . .
'
Scien-
aux extarcs des Cbrétiens. attribuanr
3.UXleuu tes
m~l1les
mira..
eles . que les Chrétiens opéroient; rnais
il
en eft bien cenólin qu'
ils
fOcmoient éffronrernent , ne doonant d';unres preuves de la. vérité
de cet oracle . que le rémoign:1ge íméreífé d·une.
0:1
de deux per..
(onncs qui fe donnoíent pour térooios occultes . I\u contraire CCII:C
.des
Chrédcns. étoicnt
fi
cenaíns, que
les
paycDs
cus; ml!mes
n'ont
ras osé les nier. Outre cela , on doit bien plu.• facilcment adjonret
{oí aux cxrares des Cluétiens. comme. ayant éré tes
premieres
&
~ui
n'étOlcnt
point ab(olument nécefT3.ires pour meure en cré:dit
Icur
religion " qn'on I?r:1riqu()ir
déja
commuDémenr.,
qu"l
ecHes
des
pa~
yens qoi paroiífolent erre fuppofées. pour áétruire ceUes des Chré..
tiens , qui étoient trop perni cieu(es au% paganifmes . Je pourrois en..
core dire avec fontlerpent que le DjabJc a preté fa m3in
~
ces opé ..
r:uions. qu'on
~rPClJe
r.,Hr:;1IH'
pour foútenir fa caufe
~oi
éroit
d6,,!
ja
~I!aflc.lan¡
•• (- }
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