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:

230

ECL

arriva au! Th':urgilhs pratiques; leur eCprir s' ég:ua ,

leur ame devieor féroce, & leurs maios fanguinaires,

Ces exccs. produilirerr t deux cffets oppofés, Quelques

ehrétiens f¿duits par la rem mblance qu' il y avoit en–

tre leur religion

&

la

philofophie moderne, trompés par

les menfange< que les Ecleaiqu es débilOíelH fur I'effi–

eacité & les prodiges de leurs rits , mais emral nés fur–

tour

¡¡

ee genre de fu perllition par un tempéramenr pu–

fillanime, euricux, inquiel, ardem, faoguio, trille, &

m élancholique, regarderem les doaeurs de l' Eglife ,

commc des ignorans en comparaifon de ceux-ci, & fe

précipiterenr dans leurs écoles; quelques écleaiques au

comraire qui avoienr le jugemem Cain,

a

qui lOule la

Ihéurgie pratique ne parol qu'un mel3nge d'abCurdi,tés &

de

~rimes,

qui nc virem rien dans la lhéurgie

ralrone~l e qui ue fUI preferil d'une maniere beaueoup plus clal–

re , plus raifonnable , & plus précife, dans la morale

ehrétienne, & qui , venaDl 11 comparer le relte de I'E–

cleéliJme

fpéculatif avec les dogmes de notre religion,

lIe penferent pas plus favoraólement des émanations que

des théurgies, renoncerent

a

cene philoCoph ie, & fe fi–

renl baplifer: les uns fe convertilTem, les aurrcs apo–

llatienr, & les alTemblées des Chrétiens

&

les écoles

du PaJ\anifme fe rcmpliITem des transfuges, La philo–

fophic des Ecleaiql1es y gagna moins que la théologie

des Chrétiens

11 '

y perdil: celle'ci fe mela d' idées fo–

phill iques, que lIe profcrivit pas fans peine l'autorité qui

n ille fans ceITc dans l'Eglife

¡¡

ce que la pureté de la

doa rine s'y coaferv c inaltérable, Lorfque les emper,eurs

eurcO! embralfé le Chrillianifme " & que la profeffion

p ublique de la religion payenne fur défendue ,

&

les é–

coles de

1ft

philoCophie écle0ique fermées; la crainte de

la

per[~ cution

fut une raiCon de plus pour les philofo–

phes de rapprocher encore da l'antage leur' doarine de

ec lle des Chrétiens; ils n'épargnerent rien pour donner

le change fur leurs fentimens & aux PI', de l'Eglife &

aux maltres de I'état, l is inlinuerenl d' abord que les

apetres avoient alt éré les principes de leur chef; que

m algré celle altération, ils diftéroienl moins par les

ehofes , que par la maniere de les énoncer:

Chriftllm

neJúo '{,<id ali"d {cripjijJe, '{uam Clniftiani docebant ,

.. nihi"l'u J."jiU" contra deol [r'OI , red eOI POti1<1 magi–

&0 ritre coIHiB';

que Jefus-Chrill étoit cenainemenl un'

g-rand philoCophe, & qu'il o'étoit pas impoffible qu' ini–

lié

a

louS les mylleres de la théurgie, il n'eu t opéré

les prndiges qu'on en racomoil, puifque ce don extra–

ordinaire n'avoit pas été refufé a la plüpan des écle–

a iques du premier ordre, Porphyre difoit :

Srmt Jpiri–

tftS

ttrren; Yltinimi ,

10&0 f/lIodaYI1 Y/lalorllm

dtemOnllm

[ubjcéli ¡ oiéftati; ab hiJ Japientel H ebrteomm '{uomm

,mM ellam ifte 'Je{tlS fuie

,

&c, lis auribuoiel1l cet

0-

racle

3

Apo !lan, in terrogé fur J erus- Chrilt : 8..

~"

l.,

• .,." ..

vrJpXtl.

tTo1J~'

" I'T4ftM ..."

~f"o,':

M orta/iJ erat ,

{("in'–

d1lm earncm phi/DJoplJUI ¡lIe miraculofis operibuJ cla–

rUI,

Alexaudre Sévcre melloir au nombre des perfon–

nages les plus refpcaables par leur faimeté,.

inter ani–

m ar J01Jéliorel ,

Abraham,

O~phée,

Ap? llonrus ? & Je–

fus - Chrill, D'autres ne ceITOl cnt de cner :

D ifpp,,'of

Ijl<' de i//o flliBe revera menti,oJ, dice"do ¡lIrem De–

ttm, per '{Ium f aél"

Jun~

omnia,

~t!m

nihil, aliud

l

"am homo freerle

,

'luamvlJ excellentifJimte Japlentl,e,

Is a)oalOienr:

[pJe vero piltl ,

&

in ctelum jiera pii ,

~o,,(efJit;

ita hUllc 'luidem n01l blaJphemabil

;

miJere–

beril a"tem hominllm dementiam ,

Porphyre fe trom –

pa; ce qui fai r grande pitié

ii

u,n philofoph c"

c' ell un

éc1eaiqu.: tel que Porphyre, qUI eo ell rédurl

a

ces ex–

tr~mi¡és, Cep~ndan~

les écleaiques

r~uffirent

par ces

v6ies obliqucs a en rrnpo[er

~x Chré((~os ,

&

~ ob~e­

nir du gouvernemem un peu plus de hbe rté;

1

E ghfe

m eme nc

baL~nc,:a

pas

a

élev.er

a la dignité de l'épifco–

pal S ynefius , "lui re.connoifiOit

,ouvert~ment

la

célebr~

H ypatia poor [a maltrefie en phllofophle; en un mot 1I

y

cu t

{ln

lems ou les Ecleaiques étoieOl prc[que par–

venus

a

fe taire palier pour Chrétiens, & ou les Chré-–

tions n'étoiem pas éloignés de s' avoüer Ecleaiques,

'¿toie alors que S, Augullin di[oil des Philofophes:

Si hanc vit"m illi P hilo[ophi TllrJUJ agere poellijfent,

'1Jiderent profeél. e:,jm a"éloritate faeilll'l co"Juleretur

hominibllJ,

&

pa1<cil mlltotil verbir, Chrifti4ni fíe–

r ene,

jiCltt

plerifJuc

recentiorlsm noftrorNmfJlse

eempo~

Tum Platonzc; fecerllne,

L'illulion dura d' amam plu s

long' lems, que les Ecleaiques, preITés par les Chré–

liens,

&

s'cnvel nppam dans les dillina ions d' une mé–

taphylique ([eS - fubtile 11

laquelle ils étoient rompus ,

rien n'é'loit plus difficile que de les faire enlrer emiere–

mCOI dans l'Eglife , OU que de les en tenir évidemment

fépiués; ils avoient tellemcm quillleITcnc'é la

rhéolo~ie

ECL

p3yenoe, que prollernés aux ptés des idoles , on

ne

pouvoit les convaincr.: d'idolatrie : il n' y avoit rien

a

quoi ils ne fi Oent face avec lturs .émanatiolls , Etoic lIl–

ils malérialille ? ne l'éloient-ils pas? e 'el! ce qui n'ell

pas m':me aUJourd'hui trOP facile

3

décider ,

Y

a -t -

il

quelque chofe dé plus voi ón de la monnde de L éib–

l1i~'l., q~e

les

pet~tes

fph:res inlcll ig: mes, ,qu' ils, appe,l–

lOlent

yungeI :

rooufll1Gt.

IU',.""

':t/J.'t,o".n '01." ....,

.111«.1:

,"ou).c:t;(

d<i'eli'~1o,v, ",.,,~úp.,,«.' ~

...

roiv&,:

lnt,JJ~llte

yllnges

ti

patre , intelligllne

&

ipJ'"

,

, onfiliir ¡mffabilibuJ "'D<te,

tlt intelligant,

Voil a le fymbo le des élémens des

c–

tres, felon les Ec1ea iques; voil a ce donl lout ell com–

pofe:, & le monde inlelligible, & le monde Cenlible,

&

les eCprits créés, & les corps, La définilion '1u'ils don–

nent de la mOr!, a lant de liaiCon anc le fyllhne de

I'harmonie préérablie de

Léibnil'/.,~

que M Brncker n'a

pu fe difpenfer d' en convenir . t'IOlin dir :

L'

homme

mel/rt,

ou

I'ame Je [Ipare dll eorpJ, qualld il n'y a

plll1 de f orce danI

/'

ame 'lui

l'

attael" all &orpJ ;

&

ce! inllant arrive,

perJitá harmonia 'l"am olim babn/J,

habebat

&

anima,

Et M, Brucker a)o(\te : '"

vera

har mol1iam prtefl""ilitam inter animam

&

(orp1l1

jam

Plotino ex farte notam,

-

On fera d autam moins furpris de ces reITemblances,

qu'on connoltra m ieux la marche defordonnée & les

éC31lS du Génie poétiquc, de l'Enthoufiafme, de la

Métuphylique, & de l'Efprit fyll émalique, Qu'elt-ce

que le talent de la tiaion daos un poele, finon I'arr

de trouver des caufes imaginaires

:l

des effets réels &

donnés, ou deS dfers imaginaires

a

des cauCes réelJes

& données? Quel ell I'cffet de l' enlhou fiafme dans

I'homme qui en elt tranfponé., ti ce n'ell de lui farce

appercevoir enlre des etres tloignés ' deS rapports que

perfonne n'y a jamais vüs ni

fuppof~s?

00

ne peur

point arriver un

mélaph ylici~1I

qui, s'abandonnant en –

rierement 11

la méditarion, s'occupe profondémenr de

Dieu, de

la

nalure, de I'efpace, & du tems ? aquel

réfultat ne [era pOlnt conduil un philofophe qui pour–

fuír l'explication d'un phénomene de la nalUre iHraveri

un long enchalnement de conjeaures? qui ell-ce qui

connolt toute l'immenfité du rerrein que (les différens

efprils om baIlO, la mullitq¡lc inlinie de fUPPolirions

tingulieres qu'ils om faites,

~

foule d'idées qui fe [onr

p,rérentées

a

leur enlendemem, qu'ils 00l comparées ,

& qu'ils fe fom efforcés de lier, J'ai emendu raconter

plufieurs fois 11

un de nos premiers philofophes , que

s'élam occupé peodam long-lems d'un phénomctle de '

la narure, il avoit éré conduit par une tres-Iongue Cui–

re de coojeaures, a une explication fyllémal ique de

ce phénomene,

li

extravagante &

li

compliquée, qu'¡¡

,élOil demeuré convaincu qu'aucune tete humaine n'a–

VOil jamais rien imagin é de femblable ,

11

lui arriva

cependau t de relrouver dans Arillote

pr~cifément

le

meme réfullal d'idées & de réflexions, le mCme fy–

lleme de déraifon, Si ces rencontres des Moderoes a–

vec les A nciens, des Poeres tanl anciens que moder–

nes , avec les Philofophes, & des Poctes & des Phi–

lofophes entre eUK, font, déja

li

fréquemes, combien

les cxemples n'en feroient-ils pas encore plus communs ,

fi nous n'avions perdu aucune des produaiolls de l'an–

riquité , ou s'il y avoil en quelque endroil du monde

un livre magique qu'on p(\t 10uJours conCulcer, &

00

toules les penfées des hommes

alJa~ITeDl

fe graver su

moment ou elles exillent d¡lIls l'emendement'? La rer–

femblance des idées des Eeleaiques avec celles de

L éibnit'/., n'elt donc pas un phénomene qu'il fsille ad–

meltrc fans précaution, ni rejetter fans examen; &

la feule conf¿quence équitable qn'on en puiITe tirer,

dan la fuppnótion que cetle refiemblance foil réelle,

c'ell que les hommes d'un liecle ne different guere des

hommes d'un aUlre lieele, que les memes circonllan,

ces amenent prefque néceITairement les memes décou–

venes, & que ceux qui nous ont précédé avoient va

beaucoup plus de chofcs, que nous o'avons géné rale–

m ent de difpolirioo

a

le croire ,

Apres ce raoleau général de

l'Ecleélifme,

nous al–

lons donner un abregé hillorique de la vie

&

des mreurs

des principaux philofophes de cette feae; d'oo nous

pallcrons

iI

I'cxpotitien des points fondamentaul de

leur fyllcme,

Hiftoire de

l'

Ecleélifme ,

La philofophie éc1eaique fUI fans chef & fans nom

(",,'94",

.«1'

",I,up.O')

jufiju' a Potamon d'Alexandrie ,

L'hilloire de ce POlamon ell fort brouillée: on ell tres–

incertain [ur le

r~s

ou

il

parut; on ne fait rien de fa

yie;