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ECL

~videmment

avee ce principe, ou oc

"S

'y

lié

point du

lOut, ou lui efl oppoCée. Daos le premier cas, il la

regarde comme vraie; daos le Cecond, il Cu Cpend ron

jugement jurqu'¡¡ ce que des notions intermédiaires qui

répnrem la propofilion qu'il examine du principe qu'il

a

admis , lui démon lrem ra liairon u u ron oppolilion

a.vec ce principe : dans le dernior cas, il la rejeLle com–

me fuufFe. Voilil In méthode de l' éeleélique . C ' efl

:linfi qu'il parvienl

a

f,yrmer un toO! Colide, qui efl pro–

prement Con ouvrage , d' un grand nombre de

p~rties

qo'il

n

rafTemblées & qui appartiennent :\ d'autres; d'ou

I'on voir que

D~Ccartes,

par mi les modernes . fut un

gran"d écleélique .

L'

EcI<i!lifm~

qui (!Vdit été la philorophie des

bon~

e–

fprits ,·depuis 'la naiIFance du monde, ne forma une Ce–

a e & n'em un aom qne vers la fin du recolld !ieele

tic le commencement du troifieme . La reule raiCon qu'

011

en puiere "apporter ; c'efl que jurqu' alors les [eaes

s"étoiem, pour ainli dire, ruccédées ou Couffertes , &

que

'1''Edeé!ifme

ne pouvoit guere Cortjr que de leu"t

cao'flit : ce qui arriva,

~orrque

la religioo chrétienne

commenc;:a

a

les aHarmer toutes par la rapidité de Ces

progres , & a les révolte r par une intolérance qui n'a–

vo;r 'Poirn encore d'exemple . Jurqu'alors 00 avoit élé

pyrrhonicn,

Ccepti~uc,

cynique , flo·lcien

~

plalOnicien ,

épicurien , Cans conréquence. Quelle fenlati on ne dut

porrn praduirc ":tu miiieu de ces tranquHles philoCophes ,

" tl e nou'velle école qui

ét~bli(loit

pour prem ier prioei–

pe, qu'hors de

C:>n

Cein

iI

n'y "VOil ni probilé dans ce

monde,

ni

Calut d,ns l'autre ; parce que ra mora le é–

loit la reule vétitable morale ,

&

que rún Dieu étoil le

r~ol

vrai D iel1 t L e Coulevemellt des pretres, du peu–

pie ', & des philorophes, auroit été général, Can s un

pedt nom re d'nommes froids, · tels qu' il s' en [rouve

toüjours dans les rociétés, qui demeurent long - lems

fpeél,teUts indifférens, qui écoutent, qu"i percnt, qui

n'appan iennenl

:t

allcun parti,

&

qui fin iIFent par fe fai–

re un Cyfi eme concilialenr, auquel ils re fl1tcn! que le

gralld nombre reviendra .

Telle

fUI

ii peu-pres· I'origine de

l'

EcleElif me .

Mais

pir quel travers inconcevable arriva-t-i1 , qu' en partan!

d'un principe 3Um fage qVe celui de recueilEr de tous

les I'hilorophes ,

trO! ,

rllt,,7,U-V~

¡uat,

ce qu'oo

y

trou–

veroit de plus eon'forme

11

{.rairon, on nég ligea tout

ce qu'il fafloi t choifir, on choitit tout ce qu' il ralloit

négliger , & I'on forma le fyfleme d' extravagances le

. plus monflrueux qu'on puiIFe imaginer; fy ficme qui du–

ra

plus de 'luatre CéntS ans, qui achéva d' inonder la

[urfaee de

13

terre de pratiques ruperflitieuCes , & dont

iI

efl reflé des traces qu'on remarqllem pem-etre éter–

neHemen t dans ¡es préjugés populaires de prefq ue toules

les natious. C'ell ce phénomene tiogulier que nous al–

lons déve lopper .

Tabl.all

g/n/rol

d.

la

phf(o{ophie Ideélh/ue.

L a philolophie écleélique, qu' on appelle aam le

P.la–

t onifm. rlforml

&

la

philofophi.

"/~xf",drine ,

prit oair–

Canee

a

Alexandrie en Egyp!e, c'efl-

a-

dire au centre

des ruperfiitioos. Ce ne fut d' abord qu'un tincrétifme

de pratiques religieuCes , adopté

p~r

les prctres de rE·

~yptc ,

qui n'étant pas moins crédules [ous le regne de

ribere qu'au tems d'Hérodote, parce que le earaélere

d'eCprit qu' on tiem du clima!

ch~!)"e

difficilcment, a–

voiem lot'ljours l'ambition de pbIFé8er le ryflcme d'ex–

!mvagances le plus complet qu'il y

c(1t

en ce genre .

Ce rincrétirrne paIFa de-Ja dans la morale, & dans les

aut~es

parlies de la philorophie. Les philoCophes alFe"!.

éclairés pour remir le foible des différens Cyfiemes an–

ciens , mais trop timides pour les abandooner , s'occu–

perem Ceulcment

11

les réfor mer rUt les découvertes du

jour , 011 plutllt

11

les défigurer rur les préjugés COII–

rans: c'efl ce qu'on appella

platonijtr, pythagorifer,

&c.

Cependant le Chriflianirme s' étendoit; les dieux du

PaganiCme éroiem déeriés; la morale des philoCophes

devenoit ruCpeéle; le peuple Ce rendoi! eo foule dans

les aflemblées de la religion nouvelle ; les diCciples me–

me de Piaron & d' Aritlote s' y lailfoient quelquefois

cntralner; les philorophes fincrétHles s'en fcandaliferem,

leurs yeux Ce touenerent avec indignation

&

jaloufie ,

fur la

e~ure

d'une révolution, qui rendoit leurs écoles

moins fréquentées; un intéret commulI les réuni t avec

les priotres du Paganirme, dont les temples éroient dt:

jour en jour plus deCerts; ils écriv irem d'abord conrre

la perrenne de Jeru - Chrifl , "fa vie , Ces mocurs , Ca

doélrine, &

Ces

miracles; mais dans ccne ligue géné–

rale, ch,ílcun Ce Cervit des principes qui lui étoien t pro–

pres: l'un accordoit ce 'lue l'autre nioi[; & le. Chré-

ECL

tieos a"voienl benU jeu pour · mettrc les philofo hes

eh

conrra<liélioll les uns "vec les autres,

&

les diviCer; ce

qui ne manqua pas d'arriver; les obJets puremem phi-

10Cophiques fment alors enrierement abandonnés ; tous

les

~Cprits

Ce jelterent du cllté des matietes lhéologiques;

une guerre Ítltefl ine s'alluma dans le Ce in de la Philo–

[ophie; le Chrifl ianifme ne fut pas plus tranquille au–

dedans de lu i- ml'me; une fureur d'appliquer les notions

de la PhiloCophie

a

de~

dogmes myflérieux , qui n' en

permettoient point l'uCage , fmeur eonc;:ue dans les di–

rputes des écoles , tit éelore une foule d' héréfies qui

déehirerent l' EgliCe . Cependant le Cang des marlyrs

cominuoit de fruél ifier; la religion

chr~tieone

de re ré–

pandre malgré les obflac!es; & la PhiloCophie, de per–

cire fans ccIFe de rOIl crédit. Quel parti prirem alorS

les PhiloCophes

?

eclui d·introduire le Sincrétiline dans

la Théologie payeone,

&

de parodier une religion qu'

i1s oe pouvoient étouffer. Les Chréliens ne reconnoi[·

[oient qu'un D ie u ; les Sincrétifle" qui s'appellerent a–

lors

Ecleélifl'tc!,

lI'admirent qu'uo premier principe . L.:

D ieu des Chrétiens éroi! en trois perConnes: le Pere,

le Fils,

&

le S. Erprit . Les Ecleéliques eurent aum

leur Trinité: le premier principe\ I'emendemem div in ,

&

l'ame du monde inrelligible . Le mande éroit éter–

oel,

li

l'on en croyoit Aritlotc; Piaron .Ie diroi! en–

gendré; Dieu l'avoit créé, felon. les

Chrétten~. Le?~cleél iques en fi rem une émaoanon du prem ter prmcl–

pe; idée qui concilioit les trois Cyfi emes , & qui ne les

em~echoit

pas de prétendre comme auparavallt, que

rien ne Ce fait de rien. L e Chrifiian irme avoit des an –

gcs , des arehanges; des

dé~ons , de~

faints ,. des ames ,

des corps

&c.

L es Ecleébques,

d

émananons en é–

manations', tirereO! du premier ptincipe autant d' etre S

.correrpondans ii ceux-lii: des dieux, des Mmons , des

héros, des ames ,.& des corps; ce qu'ils renfe rmerent

daos ce vers admt rable:

D e-/J s'lIaHce tlne abondance infinie 'd'étrcI de

tOlt–

ee efpece .

Les

Chrétien~. admeno~en t

la ,diflinélion du

bien

&

du mal moral,

1

unmortaltté de 1ame, un

~u· tre monde, des peines & des r¿compenres 3 vetJir . Les

Ecleéliques re conformerent

a

leur doélrine dans !OUS

ces points. L 'EpicuréiCme fu t

pror~rit

d' un commun

aceord; & les Ecleéliques cooCerverent de Platon, le

monde imelligible, le monde Centible, & la grande ré–

l/olution des ames a-travers différens corps , fe Ion le

bon ou le mauvais uCage qu'elles avoient fai! de leur¡

facultés dans eelui qu'elles quinoient. Le monde Ceo–

lible n"étoit, [elon eux , qu' une toile peinte gui nous

féparoit du monde intelligible;

11

la mort, la toile tom–

boit I'ame faiCoi t un pas [ur Coo orbe, & elle re trou–

voit'

ii

uo point plus voifin ou plus é"loigné du premier

principe , dans le Cein duquel elle rentroit

a

la fin, 10rC–

q¡¡'élle s'en étoit rcndue digne par les purifi calions lhéur–

giques & rationelles .

11

s'en fau r bieo que les idéali–

(les de nos jours ayent poulFé leUt extravagance 3Um

¡oin que les Ecleéliques du troifieme ' & du quatrieme

¡jecles : ceux-ci en étoient venus

a.

adllÍettre exaélement

I'exiflence de tout ce qui n'efl pas, &

¡¡

nier l'exiflen–

ce de tout ce qui efl. Qu'on en

j u~e

rur ces deeniers

mots de lientretien d' Eurebe avec

J

ulien : .,;,

7d~"'''

.,.

'Te

;''TGllt

Ó,rr&.

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'r)'tL: / ,

n'y

a de rtel

'lIle

.ce

.

'lIt;

.:rifi~

par foi- mi me

(01<

1"

idie!);

t01le

ce '1UI frap–

pe le! fen! n'.ft '1ue

fa1l./Je

appare"ce ,

&

l'

lElIvre. dtl

preftige,

d1<

miracle ,

&

de l'impoftm:e .

L e.s Ch.rétlen¡

avoient différeos cultes . Les Ec\etltques Imagmereoc

les deu x théurgies· ils ruppoCerent Jes miracles; i1s cu-

I

're

ni

des eItafes; ils conférerent l'er. thoufiaCme, comme

les Chrétiens conféroieot le

S..

Efpri t ; ils crurem au"

vifions, aux apparitions , aux exorci(mes , .au"

ré~éla­

tions comme les Chrériens y croyOlen t ; 115 pranque–

rcm des cérémonies extériemes, eomme

il

y

en a·voit

dans l'églire; i1s allierent .Ia pretriCe. avec . la ph!loro–

phie ; i1s adreIFerent

~es

prteres

au~

dteux .;

lis,

les m

vo–

querem ; i1s leur offmem des [actlfices; lis s abaodon–

oerem

:l

toutes rortes de pratiques, qui

De

roreot d'a–

bord que fan taCques

&

extravagantes , mais Qui oc tar–

derem pas

a

devenir criminelles. Quand la [upcrflition

I

eherche les ténehres , & re retire dans de s lieux router–

rains pour y verCer le Cang des aDimaux , elle n'efl pa¡

éloig née d'en répandre de plus précieux; ,!-uand on

:l

cru Iire l'avenir dan5 les eDlrailles d'uDe brebis , 00

[e

perfuade bien-tÓt qu'il efl gravé

en

caraélcres beaucoup

plUi c1airs .

d~os

le cocur d'un homme , C' efl ce qut

ar-