Table of Contents Table of Contents
Previous Page  262 / 892 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 262 / 892 Next Page
Page Background

234

ECL

Sciences mathé'matiques, un commentaire fur les íofli–

tutions arithmériques de N icomaque, une eIpofi tion

des myfieres égypriens. Parmi ces ouvragos il y en a

plutieurs ou l'on auroit peine

11

reconno¡rre un pré–

lendu faifeur de miracles ; mais qui reconnqhroi Newron

dans un commenraire [ur l'Apocalypfe?

&

qui croiroit

que cet homme qui

a

aífemblé tout Londres dans u–

ne ég life, pour erre témoin des refurrtaions qu'¡¡ pro–

met lerieufemenl d'opérer,. efi le géometre Fado? Jam–

blique mourut l'an de jefus-Chrifi

¡¡33,

[ous le regne

de Couilandn. La convertion de ce prince

11

la Reli–

gion chrérienne, fut un évenement fatal pour la Phi–

lofophie; les temples du Paganifme furent renverfés,

les portcs des écoles éc1eaiques fermées, les philoCo–

phes difperrés: il en cotlta mEme la vie

a

quelques-uns

de ceux qui oferenr braver les coojon6l:ures .

Te! fut le f(m de Sopatre difciple de jamblique; il

étoit d'Apamée ville de Syrie : Euoape en parle com–

me d'un homme éloquenr dans fes écrits

&

dans fes

dileours.

I1

ajotlte que I'c:tendof> de fes connoiífances

lui avoit acqois parmi les Grecs la réputation du pre–

m ier philofophe de fon tems

(,,1,

......

,..ó"""" ""'

" f

O'¡<f

; A'II.""'''

'11',"

'7I"a,l'.ú,u

';'I')'UH/.

.d,..,.)

Voici

le

fait

tel qu' on

le lit daos Eonape. Confianrinople ou Byzance ( car

c'efi la meme ville fous deux noms ditférens ) four–

r.iífoit anciennemcnt l' Attiqoe de vivres,

&

il

efi in–

croyable la quan!Íré de graiDs que cette provinee de

la

Grece en tiroit. m.ais il arriva dans c:s tems que

les vailJ'eaox qoi venoient chargés d' Egypte,

&

que too–

te, les provir¡oDS qu'on tiroit de la Syrie, de la Phé–

nide, de l'Alie eOlicre,

&

d'uoe intinité d'autres con–

trées nourricieres de I'empire, ne pureot fuffire aux be–

foins de la multilude ionombrable de prironniers que

¡'cmpereur avoit raífemblés dans Ey'Lance,

&

Fda par

la vaoité puérile de recijeillir au Ihéatre un plus grand

nombre d'applaudiífemcns:

&

de quelJe fOrle encore,

&

de quels gens ? d'une

popul~ce

pleioe de vin, d'hom–

mes

3

qui l'yvrelTe ne permetlOit ni de parler ni de

fe lenir debout, de barbares

&

d'étrangers qui CavoieOl

a

peine prononcer fon 110m. Mais telle étoie la titoa–

tion du pon de Conílalllinople, que couven par des

montagnes,

il

n'y aveil qu'un Ceul vene qui en favo–

risar I'entrée;

&

ce vent a.yaOl celTé de foufller,

&

Cuf–

pendu Irop long-rems I'arrivée des vivres daos une con–

jOlléture un la v¡¡ie, qui re!lorgeoit d'habitans, en a–

voit un beCoio plus prelTant, la famine fe tit fentir.

On fe rendil

a

Jeun au Ihéalre;

&

comme il n'yavoit

preCque poin! de gens yvres, il

Y

eut peu d'applaudif–

femens,

~u

graod étonDemellt de l'empereur, qui n'a–

voil pas ralIemplé

tan~

de bouches ¡lour qu'elIes reilaf–

fenl muerles. Les ennemis de Sopatre

&

des philofo–

phes, at.lentifs a faitir

tOUI~S

les occafiolls de les def–

iervir

&

de les perdre, crurent en avoir trouvé une

tres-favorable daos ce contre·lems :

e'eff ce Sopntre ,

direot-ils au crédule empereur,

(et ho",me '{.'le·

V Ollf

Q7JeZ combll de tant de bienfaits,

&

qui eft parv e–

nu par fa politique

ti

s'aú eoir f ur le throne

a

caté de

vous; <'eft lui 'llti, par les fe crets de f a philof ophie

malfaijante, tient les venls encha;nls,

&

s' oppofe

ti

voere triomplie

&

ti

votre gloire, Mndis 'lit' il v ous

{iduie par les fau)( éloges 'fu'il v ous prodigue .

Vem–

pereur irrilé ordoone la mon de Sopatre ,

&

le mal–

heureux philofophe tombe fur le champ frappé d' un

coup de hache. Hélas! il éloit arrivé

11

la cour dans

le delJ'dn de défendre la caufe des philoCophes,

&

d'ar–

reter , s'i! étoit poffible, la perfécution qu'on

exer~oie

contr'eux.

11

avoil préCumé quelque fucces de la. for–

ce de fon éloquence

&

de la droitore de fes imentioos)

&

eo etfet

il

avoit réuffi au-dela de fes· eCpérances

r

l'empereur I'avoil admis au nombre de fes favoris,

&

les philorophes

comlDen~oient

11

prendre crédit

a

la cour

1

les courlifans

iI

s'eo allarmer,

8!.

les intQlérans

a

s'en

plaindre. Ceux-ei s' étoieOl apparemmeot déja rendus

redoutables au prinee meme, qu' ils avoient entra' né

dans leurs

fentim~ns,

puifqu'i1 parolt que Sopatre fut

une viaime ql1'il

1

ur immola malgré lui, afiu de cal–

mer. les murmures qui commenc;oien! a s'élever. " Pour

dlípper ,les

foop~ous

qu'on pourroit avoir que ce!ui

" qUI aV?I! accueilli favorable meOl un hiérophante, u!J

"

Ihéu~glfie,

.oe mt un néophile équivoque,

il

fe dé–

" termtOa (dll Suidas )

11

faire mourir le philorophe So–

n

pa,tr.e, "

.ut fidem faceree fe non ampl;14s religion,

genttl, add,élmn effe.

Ablabius courtiratl vil, fati' naif–

Tance, fans ame , fans vertus, un de ces hommes faits

po~r

capter la faveur des granas par toOleS fortes de

vOIes

J

&

~?ur

les deshonorer enfuite par les mauvais

conCetls qu lis leur donnent

en

échange des

b.ienfait~ ~q'

ECL

ils

e\l

re~oi vent ,

" toit devenu jaloux de Soparre ,

&

ce fut celte jaloulie qui accéléra

la

perte du philofi)–

phe. Pourquoi fa ur-il que raOl de rois commandcO! rOlI–

jours ,

&

oe lifeO! jamais !

E delius étoil de Cappadocc; fa famille étoi! conó–

dérée, mais elle n'éroit pus opulellle .

J1

re li"3

:i

I'e!–

tude. de la phiJóCophie dans Arhenes, on on I'avoil en–

voyé pour

y

apprendre quelqu'art lucralif: c'élOit ré–

potldre aum mal qu'il étoit poffible aux intemioos de

fes parens , qui auroient donné pour une piece d'or tous

lf s livreS de la république

de

P laton , Cependant fa fa–

!§alle,

fa modéralÍon, fon refpea, fa patience , fes di–

fcours, parvinrent

a

reconcilier fon pere

3

vec la phi

10-

fophie; le bouhomme

con~ut

entin qu'uoe fcicnce qui

rendoit fon tils heureux fans les riche(Jes , étoir préfé–

rabie a des richelfes qui n'avoieot jamais fair le bon–

heur de perfonne fans cette fcience. L a réputation de

Jamblique appella Edefius eo Syrie; J amblique le cM–

rit , ¡'infiroiJir,

&

Iui conféra le grand don , le don

par excellence , le don d'enthouliafme. Les T héurgi–

fres ne pouvoiem donner de meille.ures preuves du cas

intioi qu'iis faifoient de la Religjon chrélienoe , que de

s'attacher

a

la copier en tout. Les ¡\plltres avoien!

conféré

le

faim Elprit, ou cette qualité di vine en vcr–

tu de laquelle on perfuade fortemenc ce doO! on efi for:

temem perflladé : les Eclea iques parodiereO! ces c!fers

avec leur enrhoufiafme . Cependant la perfécution que

l'empereur

eIer~oit

contre les philofophes, augmentoit

de Jour en jour; Edefius épouvamé eut recours aux

opéralioos de la Théurgie, pocr en

~rre

éc1airci fur

foo Cort: les dieux lui promireot

0 0

la plus grande ré–

pUlation, s'il demeuroit dans la Cociéré ; 00 une fage(fe

qui I'égaleroit au! dieux, s'i! fe reriroil d'entre les hom–

mes , Edetius fe dilporoit

:l

prendre ce dernier parti,

lorrque f<s diCciples s'alTemblent en rumulte , I'entoo–

rcnt, le prient, le conJurenr , le menacel1t,

&

I'empe –

chem d'aller, par uoe crainte indigne d' un philofophe,

fe rtU guer dans le fond d'une forer,

&

de pri ver les

hommes des exemples de fa verto

&

des précepres de

fa philofophie, daos uo rems on la (uperfiirion, di–

foieOl-ils,

s'avao~oi t

:l

grands pas ,

&

emra inoit la mul–

titude des efprils . Edefius élablil fon école

:i

Pergamc:

Julien le co nfuha, l'honora de Con efiime,

&

le com–

bla de préfeos : la promeífe des dicux qu' il avoit coo –

fultés s'accomplit; foo nom fe répandit daos la Gre–

ce, on fe rendit

a

Pergame de lOutes les contrécs

voianes.

I1

avoit un taleOl paniculier pour humilier

les efprits tiers

&

tranfcendans,

&

pour eocourager les

efpri,s foibles

&

timides. Les aueliers pes arrifics élOient

les endr0i,s qo'il fréqocntoit le plus volontiers au fOr–

tir de ron école; ce qui prouve que I'enrhoufiafme

&

la ¡héllrgie n' avoiem point éreint eo lui

le

goa l des

connoi(Jances utiles.

Il

profelIa la philoCophie jufque

dans I'ige le plus avancé.

Eufif the difciple de

J

amblique

&

d'Edetius , fut un

homme éloquen!

&

doux, fur le compre duquel

011

a

débiré beaucoup de Couires. J'en dis autaOl de Solipa–

tra ; des vieillards la demanden!

a

fon pere,

&

lui prou–

vent par des mirades qu'il ne peut en conroiencc la

leur refu rer : le pere cede fa tille, les vieillards s' en

emparent, I'inil ient a tous les myfieres de l'

Ecleé!íf–

me

&.

de la théurgie, lui .cooferenr le dOIl d'emhou–

tiafme

&

dirparolfIent, fans qu'on ait jamais

56

ce qu·

ils éroieOl devenus . J'en dis autant d' Antonin tils de

So!ipatra;

je

remarquerai feulemeO! de celui-ci, qu'il

De tit poiOl de mirac1es , parce que I'empereur n'aimoit

pas qoe les philofophes en tilfeOl.

11 Y

eut un moment

mI

la frayeur penfa faire ce qu' oo devoil ,ttendre du

fens commun; ce fut de féparer la Philorophie de la

Théurgie ,

&

de renvoyer celle-ci aux direurs de bon–

De-avamure, aux faltiobanques, aux fr ipons,

&

3UX

prefiigiateurs. Eufebe de Minde en Carie, qui parut

a–

lors fur la fcene, difiingua les deux efpeces de purifi –

cations que la Philofophic écleaique recommandoit é–

galemeOl; il appella I'une

thlttrgi'ltte,

&.

l'autre

r(/eio–

nel/e,

&

s'oc~upa

férie.ufemem

a.

décrier la premiere ;

mais les efpms en étOlent trop mfeaés: c' élOil une

trop beBe chofe que de commercer avec les dieox

que d'avoir les démoos

iI

fon commandement , qoe

d~

les appeller

a

foi par des incantatioos , ou de s' élever

:l

eux par I'extafe, pour qu'on pltr délromper facile–

ment les hommes d'une fcience quL s'arrogeoit ces mer–

vtilleuCes prérogatives .

S'jJ

y avoit un homme alors

aupres duquel la philofophie d'EuCebe devojt réo ffi r

c'étoit l'empereur julien; cependant il n'en fot rien:

Jolien quitta ce philofophe fenfé , pOur fe livrer aux

geux plus violens rhéurgifies que la feae éc1eaique ellt

eo-