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ECL
Sciences mathé'matiques, un commentaire fur les íofli–
tutions arithmériques de N icomaque, une eIpofi tion
des myfieres égypriens. Parmi ces ouvragos il y en a
plutieurs ou l'on auroit peine
11
reconno¡rre un pré–
lendu faifeur de miracles ; mais qui reconnqhroi Newron
dans un commenraire [ur l'Apocalypfe?
&
qui croiroit
que cet homme qui
a
aífemblé tout Londres dans u–
ne ég life, pour erre témoin des refurrtaions qu'¡¡ pro–
met lerieufemenl d'opérer,. efi le géometre Fado? Jam–
blique mourut l'an de jefus-Chrifi
¡¡33,
[ous le regne
de Couilandn. La convertion de ce prince
11
la Reli–
gion chrérienne, fut un évenement fatal pour la Phi–
lofophie; les temples du Paganifme furent renverfés,
les portcs des écoles éc1eaiques fermées, les philoCo–
phes difperrés: il en cotlta mEme la vie
a
quelques-uns
de ceux qui oferenr braver les coojon6l:ures .
Te! fut le f(m de Sopatre difciple de jamblique; il
étoit d'Apamée ville de Syrie : Euoape en parle com–
me d'un homme éloquenr dans fes écrits
&
dans fes
dileours.
I1
ajotlte que I'c:tendof> de fes connoiífances
lui avoit acqois parmi les Grecs la réputation du pre–
m ier philofophe de fon tems
(,,1,
......
,..ó"""" ""'
" f
O'¡<f
; A'II.""'''
'11',"
'7I"a,l'.ú,u
';'I')'UH/.
.d,..,.)
Voici
le
fait
tel qu' on
le lit daos Eonape. Confianrinople ou Byzance ( car
c'efi la meme ville fous deux noms ditférens ) four–
r.iífoit anciennemcnt l' Attiqoe de vivres,
&
il
efi in–
croyable la quan!Íré de graiDs que cette provinee de
la
Grece en tiroit. m.ais il arriva dans c:s tems que
les vailJ'eaox qoi venoient chargés d' Egypte,
&
que too–
te, les provir¡oDS qu'on tiroit de la Syrie, de la Phé–
nide, de l'Alie eOlicre,
&
d'uoe intinité d'autres con–
trées nourricieres de I'empire, ne pureot fuffire aux be–
foins de la multilude ionombrable de prironniers que
¡'cmpereur avoit raífemblés dans Ey'Lance,
&
Fda par
la vaoité puérile de recijeillir au Ihéatre un plus grand
nombre d'applaudiífemcns:
&
de quelJe fOrle encore,
&
de quels gens ? d'une
popul~ce
pleioe de vin, d'hom–
mes
3
qui l'yvrelTe ne permetlOit ni de parler ni de
fe lenir debout, de barbares
&
d'étrangers qui CavoieOl
a
peine prononcer fon 110m. Mais telle étoie la titoa–
tion du pon de Conílalllinople, que couven par des
montagnes,
il
n'y aveil qu'un Ceul vene qui en favo–
risar I'entrée;
&
ce vent a.yaOl celTé de foufller,
&
Cuf–
pendu Irop long-rems I'arrivée des vivres daos une con–
jOlléture un la v¡¡ie, qui re!lorgeoit d'habitans, en a–
voit un beCoio plus prelTant, la famine fe tit fentir.
On fe rendil
a
Jeun au Ihéalre;
&
comme il n'yavoit
preCque poin! de gens yvres, il
Y
eut peu d'applaudif–
femens,
~u
graod étonDemellt de l'empereur, qui n'a–
voil pas ralIemplé
tan~
de bouches ¡lour qu'elIes reilaf–
fenl muerles. Les ennemis de Sopatre
&
des philofo–
phes, at.lentifs a faitir
tOUI~S
les occafiolls de les def–
iervir
&
de les perdre, crurent en avoir trouvé une
tres-favorable daos ce contre·lems :
e'eff ce Sopntre ,
direot-ils au crédule empereur,
(et ho",me '{.'le·
V Ollf
Q7JeZ combll de tant de bienfaits,
&
qui eft parv e–
nu par fa politique
ti
s'aú eoir f ur le throne
a
caté de
vous; <'eft lui 'llti, par les fe crets de f a philof ophie
malfaijante, tient les venls encha;nls,
&
s' oppofe
ti
voere triomplie
&
ti
votre gloire, Mndis 'lit' il v ous
{iduie par les fau)( éloges 'fu'il v ous prodigue .
Vem–
pereur irrilé ordoone la mon de Sopatre ,
&
le mal–
heureux philofophe tombe fur le champ frappé d' un
coup de hache. Hélas! il éloit arrivé
11
la cour dans
le delJ'dn de défendre la caufe des philoCophes,
&
d'ar–
reter , s'i! étoit poffible, la perfécution qu'on
exer~oie
contr'eux.
11
avoil préCumé quelque fucces de la. for–
ce de fon éloquence
&
de la droitore de fes imentioos)
&
eo etfet
il
avoit réuffi au-dela de fes· eCpérances
r
l'empereur I'avoil admis au nombre de fes favoris,
&
les philorophes
comlDen~oient
11
prendre crédit
a
la cour
1
les courlifans
iI
s'eo allarmer,
8!.
les intQlérans
a
s'en
plaindre. Ceux-ei s' étoieOl apparemmeot déja rendus
redoutables au prinee meme, qu' ils avoient entra' né
dans leurs
fentim~ns,
puifqu'i1 parolt que Sopatre fut
une viaime ql1'il
1
ur immola malgré lui, afiu de cal–
mer. les murmures qui commenc;oien! a s'élever. " Pour
dlípper ,les
foop~ous
qu'on pourroit avoir que ce!ui
" qUI aV?I! accueilli favorable meOl un hiérophante, u!J
"
Ihéu~glfie,
.oe mt un néophile équivoque,
il
fe dé–
" termtOa (dll Suidas )
11
faire mourir le philorophe So–
n
pa,tr.e, "
.ut fidem faceree fe non ampl;14s religion,
genttl, add,élmn effe.
Ablabius courtiratl vil, fati' naif–
Tance, fans ame , fans vertus, un de ces hommes faits
po~r
capter la faveur des granas par toOleS fortes de
vOIes
J
&
~?ur
les deshonorer enfuite par les mauvais
conCetls qu lis leur donnent
en
échange des
b.ienfait~ ~q'
ECL
ils
e\l
re~oi vent ,
" toit devenu jaloux de Soparre ,
&
ce fut celte jaloulie qui accéléra
la
perte du philofi)–
phe. Pourquoi fa ur-il que raOl de rois commandcO! rOlI–
jours ,
&
oe lifeO! jamais !
E delius étoil de Cappadocc; fa famille étoi! conó–
dérée, mais elle n'éroit pus opulellle .
J1
re li"3
:i
I'e!–
tude. de la phiJóCophie dans Arhenes, on on I'avoil en–
voyé pour
y
apprendre quelqu'art lucralif: c'élOit ré–
potldre aum mal qu'il étoit poffible aux intemioos de
fes parens , qui auroient donné pour une piece d'or tous
lf s livreS de la république
de
P laton , Cependant fa fa–
!§alle,
fa modéralÍon, fon refpea, fa patience , fes di–
fcours, parvinrent
a
reconcilier fon pere
3
vec la phi
10-
fophie; le bouhomme
con~ut
entin qu'uoe fcicnce qui
rendoit fon tils heureux fans les riche(Jes , étoir préfé–
rabie a des richelfes qui n'avoieot jamais fair le bon–
heur de perfonne fans cette fcience. L a réputation de
Jamblique appella Edefius eo Syrie; J amblique le cM–
rit , ¡'infiroiJir,
&
Iui conféra le grand don , le don
par excellence , le don d'enthouliafme. Les T héurgi–
fres ne pouvoiem donner de meille.ures preuves du cas
intioi qu'iis faifoient de la Religjon chrélienoe , que de
s'attacher
a
la copier en tout. Les ¡\plltres avoien!
conféré
le
faim Elprit, ou cette qualité di vine en vcr–
tu de laquelle on perfuade fortemenc ce doO! on efi for:
temem perflladé : les Eclea iques parodiereO! ces c!fers
avec leur enrhoufiafme . Cependant la perfécution que
l'empereur
eIer~oit
contre les philofophes, augmentoit
de Jour en jour; Edefius épouvamé eut recours aux
opéralioos de la Théurgie, pocr en
~rre
éc1airci fur
foo Cort: les dieux lui promireot
0 0
la plus grande ré–
pUlation, s'il demeuroit dans la Cociéré ; 00 une fage(fe
qui I'égaleroit au! dieux, s'i! fe reriroil d'entre les hom–
mes , Edetius fe dilporoit
:l
prendre ce dernier parti,
lorrque f<s diCciples s'alTemblent en rumulte , I'entoo–
rcnt, le prient, le conJurenr , le menacel1t,
&
I'empe –
chem d'aller, par uoe crainte indigne d' un philofophe,
fe rtU guer dans le fond d'une forer,
&
de pri ver les
hommes des exemples de fa verto
&
des précepres de
fa philofophie, daos uo rems on la (uperfiirion, di–
foieOl-ils,
s'avao~oi t
:l
grands pas ,
&
emra inoit la mul–
titude des efprils . Edefius élablil fon école
:i
Pergamc:
Julien le co nfuha, l'honora de Con efiime,
&
le com–
bla de préfeos : la promeífe des dicux qu' il avoit coo –
fultés s'accomplit; foo nom fe répandit daos la Gre–
ce, on fe rendit
a
Pergame de lOutes les contrécs
voianes.
I1
avoit un taleOl paniculier pour humilier
les efprits tiers
&
tranfcendans,
&
pour eocourager les
efpri,s foibles
&
timides. Les aueliers pes arrifics élOient
les endr0i,s qo'il fréqocntoit le plus volontiers au fOr–
tir de ron école; ce qui prouve que I'enrhoufiafme
&
la ¡héllrgie n' avoiem point éreint eo lui
le
goa l des
connoi(Jances utiles.
Il
profelIa la philoCophie jufque
dans I'ige le plus avancé.
Eufif the difciple de
J
amblique
&
d'Edetius , fut un
homme éloquen!
&
doux, fur le compre duquel
011
a
débiré beaucoup de Couires. J'en dis autaOl de Solipa–
tra ; des vieillards la demanden!
a
fon pere,
&
lui prou–
vent par des mirades qu'il ne peut en conroiencc la
leur refu rer : le pere cede fa tille, les vieillards s' en
emparent, I'inil ient a tous les myfieres de l'
Ecleé!íf–
me
&.
de la théurgie, lui .cooferenr le dOIl d'emhou–
tiafme
&
dirparolfIent, fans qu'on ait jamais
56
ce qu·
ils éroieOl devenus . J'en dis autant d' Antonin tils de
So!ipatra;
je
remarquerai feulemeO! de celui-ci, qu'il
De tit poiOl de mirac1es , parce que I'empereur n'aimoit
pas qoe les philofophes en tilfeOl.
11 Y
eut un moment
mI
la frayeur penfa faire ce qu' oo devoil ,ttendre du
fens commun; ce fut de féparer la Philorophie de la
Théurgie ,
&
de renvoyer celle-ci aux direurs de bon–
De-avamure, aux faltiobanques, aux fr ipons,
&
3UX
prefiigiateurs. Eufebe de Minde en Carie, qui parut
a–
lors fur la fcene, difiingua les deux efpeces de purifi –
cations que la Philofophic écleaique recommandoit é–
galemeOl; il appella I'une
thlttrgi'ltte,
&.
l'autre
r(/eio–
nel/e,
&
s'oc~upa
férie.ufemem
a.
décrier la premiere ;
mais les efpms en étOlent trop mfeaés: c' élOil une
trop beBe chofe que de commercer avec les dieox
que d'avoir les démoos
iI
fon commandement , qoe
d~
les appeller
a
foi par des incantatioos , ou de s' élever
:l
eux par I'extafe, pour qu'on pltr délromper facile–
ment les hommes d'une fcience quL s'arrogeoit ces mer–
vtilleuCes prérogatives .
S'jJ
y avoit un homme alors
aupres duquel la philofophie d'EuCebe devojt réo ffi r
c'étoit l'empereur julien; cependant il n'en fot rien:
Jolien quitta ce philofophe fenfé , pOur fe livrer aux
geux plus violens rhéurgifies que la feae éc1eaique ellt
eo-