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236

ECL

fut meme protégé des empcreurs chrétiem. 1.1 fe retir'–

dans Athenes, ou il momra qu'¡¡ étoit plus facile

3

UD

homme comme lui de fupponer I'adverlité,

qU'3

la pla–

part des autres hommes de bien ufer duo bonbeur. 11

emplo)'oit fes jllurnées

a

honorer les dieux,

a

lire les

auteurs ancicns,

3

infpirer le goat de la théurgie, de

l'Ecleé1i{me

&

de I'emhouliafme

a

un petit nombre de

difciples choifis,

&'3

compofer des ouvrages de Phi–

lofophie. Les tendons de (es doigt¡ s'étoient retirés

i

force d'écrire. La promenade étoit fon unique délaf–

femem; il la prenoit dans les rues fpatieufes , marchan!

lentement, gravemeot ,

&

s'cmretcnant avec fes amis.

II

évila le commerce des grands , non par m épris , mais

par gont.

11

mit dans fon commerce avee le¡ bommes

tant de douceur

&

d'aménité , qu'on le fou pqonoa d'af–

fcéler

UD

.peu ces qualités . II parloi! bien; on le loüoit

fur-tout de favoir preodre le tOn des chofes . S'il ou–

veoit la bouche, tOUt le monde reaoit en Iilence .

I1

étoit ferme daos fes femimens : eeux qui ne le connoif–

foiem pas alfel, s'expofoient facilemem

a

le conrredi–

re ; mais ils De tardoieut pas

a

femir

3'

quel homme

ils avoient affaire. Nous (erions étonnés qu'avec ces

qualilés de creur

&

d'efprit, Chr)'Tantius ait été un

des plus gran ds défenfeurs du Paganifme, li nous ne

favions combien le myOcre de la C roix eO une étran–

ge folie pou r des efprits orgueilleux. 11 j oüilIo it

a I'a –

ge de quatre-villgts aus d'une Canté Ci

vigoureufe, qu'

il

etoit obligé d'obferver des faignées de précaution ;

EUllape élOit fon medecin

¡

cepen dant une de ces fai–

gnées fai te imprud emment cn

I~abfenee

d'Eunape, lui

coura la vie ( il fUI faiCi d'un froi d

&

d'une bngueur

dans tous les membres , qu'Oribafc diffipa pour le rno–

m el1t par des fomenlalions chaudcs, mais qui ne tar–

dereor pas

a

revenir,

&

qui 1'<mporterel1t.

] ulien, le fl éau du Chrinianifme, l'honneur de

l'E–

d dlifme,

&

un des hommes les plus extraordinaircs

de fon (jeele, fur élevé par les foins de I'empereur

Conflance; il 'apprit la Grammaire de Nicocles ,

&

]' An

oratOire d'Eubole : fes prermers maitres étoient

tous chrétieris,

&

l'eunuque Mardonius avoit l'infpe –

~~

fur eux:

Il

ne

~'agir

id ni du conq.ullrant ni du

polltlque, mals du phllolophe. N ous prévlendrons feu–

lerneO! ceux -<¡ui voudront fe rormer une idée jufle de

fes qualités , de fes défaurs, de fes projets, de fa ru–

prure avee Conaanee, de fes expéditions col1tre les

Parthes, les G aulois

&

les Germainst, de fon retour

a

la religion de fes ayeu(, de fa mort prématurée,

&

des évenemens de fa vie,

«e

fe mélier

~galemen t

&

des éloges que la fl arerie lui a prodigués dans l'hia oire

prophane-,

&

des inJures que le rel1enriment a vo mi

con rre lui dans I'hilloire de l'Eglire . C'efl ici qu' il im–

porte fur-tom de fu ivre une regle de critique, qui dans

une inlinité d'aurres conjon aures conduiroit

:l

la vérité

plus CUrement qU'3ueun témoignage; c'efl de laiffer

a

I'ecart ce que les aureurs ont éerit ·d'apres leurs paf–

(jons

&

leurs préjugés ,

&

d'exam iner d'aprcs narre pro–

pre expérience ce qui efl vrailIemblable . Pour Juger a–

vee indulgence ou avec févédlé du gOllt elfrené de ]u–

lien pour les cérémonies du Paganifme ou de la Théur–

gie, ce n'efl poin! avcc les yeux de narre (jeele qu'il fau t

co nCidérer ceS objets; mais il fa ut fe tran fporter au rems

de cet empereur,

&

au m ilieu

d 'll~e

foule de..grands

hommes rollS enrerés de ces doélnncs fupera llleufes;

fe fonder' foi- mcme

&

voir fans. partialité dans le fond

de fo n ceru r, Ci.

I'o~

eut été plus fage que lui ..

~n

c raignit de bonne heure qu'il n'abandonnílt la R e.llglOn

chrérien ne, mais 1'00 étoir bien éloigné

d~ p~év~lC.

que

la médioerité de fes maltres occalionnerOlt IOfallhblc–

mCn!

fon apoflatie. En effet, lorfque l'e xerciee . aíl!du

de fes talens naturels l'eut m is au-deffus de fes 1I101tU–

teurs , la' eueio(¡té le porta dans les éeoles.des philofo–

phes. Ses maitres fatigués d'un difci ple qUl les

em~ar­

ralfoit ne répondkent pas avee alfez de fcrupule

a

la

confia~ce

de Conllance.

11

fréquenra

a

Nicomédie ce

L ibanius avec lequel l'empereur avoit Ci

e~préffement

défendu qu'il ne s'entretint,

&

qui fe plaignoit li

~m.e­

rement d'une défenfe qui ne lui permeuoit pas, d,folt–

il,

de rép"ndre

1m

JetO l grllin de

bonn~

Jemenee

dan~

1tn terreln préciettx

done

on

abandonnort la

.&zdture a

:un mi(érable rhéteur, parce 'fu'il avoif le tale'!t

ji

petit

&

ji

c. mmun de ",¡dire des dieux.

L es dlfpu–

tes des Chatholiq ues entr'eux

&

avec lei Ariens, a–

cheverem d'étoulfer dans fon cerur le peu de chriflia–

n ifme que les leqons de L ibanius n'en avoiem point ar–

rat:hé. 11 vit le philorophe Maxime. On prélend que

l' empereur n' ignora par ces démarches inconfidérées ;

mais que les qualités fupérieures de Julien

commeo~am

ECL

a

l'inquietter,

il

imagioa, par un prclfenrimell t qui o'é–

toit que trop juOe , que pour la tranqulllilé de l'empirc

&

pour

1>1

(ienne propre, il valoir mieux que cet el'prit

ambitieux fe rournft t du cÓté des L ettres

IX

de la Phi–

lofophie, que du cÓté du gouvern r ment

&

des affaires

publiques . ]u lieo em bralIa

l'Eclea'Jm~ .

, Cornment fe

feroit-il garanti de I'emhou fiafme avee un tempéramellt

bilieux

&

m élanco lique, un earaélere impérueux

&

bouil–

lanr,

&

l'imagina lion la plus prompre

&

la plus ar–

denre? Comment auroit-il fenti loures les puérililés de

la Théurgie

&

de la D ivinalion, randis que les facrifi–

ces, les évocations,

&

touS les preniges de ces efpe–

ces de doarines, ne ceffoient de lui promettre la fou–

véraineté ?

1l

ea bien difficile de rejetrer en dOUle les

principes d' un aIt 'lui nous appelle

a

I'empire;

&

ccux

qui méditcroD! un peu profondément fue le cataélere

de ]ulien, filr celui de fes ennemis , fur les conjon–

élures dans lefquelles ¡¡ fe trouvoir, fur les homme¡

qui l'etl'Y ironnoiem, ferollt peur-elre plus étonnés de

fa tolérance que de fa fuperOirion . M algré la futeur du

Paganifme dom il étoit polIédé , il ne répaodir pas une

gourre d.e fang chré tiell ;

&

il reroit

a

couvert de tout

reproche, li pour

un

prince qui cornmande

a

des hom–

m es qui penfent autrement que lui en matiere de re1i–

gion, c'étoil alfez · que de n'en fa ire moutir aucun.

L es Chrétiens demandoienr

a

J ulien un entier exer.–

cice de leur religioD, la liberté de leurs alle:mblées

&

de leurs écoles, la parricipatioD

a

tous les honDeurs

de la fociéré, dont ils étoient des membres miles

&.

Ii –

deles;

&

en cela ils avoient juae raifon. Les Chré-

. tiens n'cxigeoient poio t de lui qu'il contraignit par la

force Tes Payens

:i

renoncer aux faux dieux, ils n'a–

voien t garde de lui eo accorder le droit: ils lui r.epro–

choient au con rraire, finon la violence, du moios le.

voies indireélcs

&

fourdes donr

il

fe fervoit pou r déler–

miner les Chréliens

a

renoneer

a

]erus-Chria .

A ban–

¿."no:;;

J

elle-mime,

lui difoient-ils,

/'lX!uvre de D ieu :

leJ lois de nolre E/( Iife ne [ont1..int lu 10ÍJ de

l'

empire,

ni lel loú de I'empire le' 10iJ e notre Eglife. P u"ijJez–

n (}UJ

J';/

nOUJ arri'Vc jamaiJ

'd'enfrcindrc , eHeJ-Ia,

mais

n'i>tlpoJe:;;

J

nOJ conJciencn aucun joug. Mette:;;-vouJ

a

la place d'"n de VOJ (uj etJ payem,

&

fuppo{e:;;

a

'VO–

tre place un prince chrltien : 'lile penJcrie:;;

-

vous de

lui, J'il employoit tortteJ In reJ/ources de la

politi~ue

pour 'Vous att irer dllm nos templo? VOtU en faltn

tr~

,ji

/'é'fuitt! ne VOfU al/tori(e /,as; VOtU n'en faiteJpaf

QUeZ,

ji

'VOIH a11eZ p OltT

'lHUÚ

'fUe atttorilé.

Quoi qu·

il en foir, li J ulien eut réfléchi fur ce qui lui éroir ar–

rivé

a

lui-meme, il eur élé coovaincu qu'au-l ieu d'io–

rcrdire I'étude aux Chrét ieos , il n'av oit rieu de m ie ux

a

faire que de leur

ouv~ir

les éeoles de

l'Eclea,{me ;

ils y auroienr éré infailliblement attirés par l'ext reme c09-

fúrm ilé des principes de cette feae avee les dogmes

du Chriftianiúne ; mais il ne lui fu t pas donDé de ten–

dre un piégé Ci dangereux

a

la R eligion. L a Providen–

ce qui répandit cet efprit de rénebres fur fon enoemi , .

ne prorégea

pa~

le Chriflianifme d'une maniere moins

frappanre., lorfqu'elle lit fortir des entrailles de la ter–

re ces lourbillons de !lammes qui dévorercm les ] uif"

qu' il empl oyoir

a

creufer les fondemens de

J

érufalem,

dont il fe propofoit de relever le temple

&

les murs.

] ulien trompé derechef dans la malice de fes proj ets,

confomma la prophétie qu'il fe propofoit de rendre men–

iongere,

&

l'endorciíremenr fm fa punition

&

ceHe de

fes compliees .

Il

perfévc ra daos fon apoaafie; les] uifs

qu'il avoit raírcmblés fe difperferent eomme auparavant ;

Ammien-Marcellin qui nous a traofrois ce fa it, n' ab–

jura point le pagani(me ;

&

D ieu voulut qu'un des m i–

racles les plus grands

&

les plus cenaios qui fe foien t

jamais faits , qui met en défaut la malheureufe dialcéli–

que des philofophes de nos jours,

&

qui remplir de

. trouole leurs ames incréd ules , ne convert;c perfonne

dans le tems OU il fut opéré . On racollte de cet empe –

reur fuperOitieux qu'affiflanr un jour

a

une évoearion do:

démons, il fur tellement effrayé

a

leur apparirion, qtl'

il tit le ligne de la croiI,

&

·qu'aoffi-tÓt les démoos

s'evanoüirent . ] e deroanderois volomiers

a

\J1l

chrélicn

s'il eroit ce fait , ou non : s'il le nie, je lui demanderai

encore li c'efl ou paree qu'iloc croir point au! démoos,

ou parce qu'il ne croit point 3 l'efficacilé du Cigne de la

croix , ou parce qu'il ne croit poiot

a

l'efficacilé des

évocarions; mais il croit 3UX démons, il ne peut (}tre

affel coovaincu de I'efficacité du (jgne de la croix;

&

pour

quoi doutcroir-il de l'efficaciré des évocatiolls, randis que

les livres faints lui en offrem plufieurs e¡emplcs? 11 De

peut donc fe difpenfer d'admettre le fait de ] ulieo,

&

cOllféquelllmem la plílpart dei prodiges de la Théurgie

~

&

quel-