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244:

E

e

L

flOUS égarent

&

qui nous jouent,

&

bc!'nilrant

le

mo–

ment heureux qlii nous rejoint

~

nOlre ptincipe,

&

qui

rend au IOUI éternel fon éman3lion .

32.

Mais il flUI attendre ce momenl. Ce lui qui por–

tam fur fon corps une main violeme I'accéléreroil, au–

roil au moins une pa/Jion ; il emporteroi! encore avec

lui quelque vain limulatre. Le philofophe ne chaifera

dOllc poim fon ame;

il

311endra qu' elle forte, ce qUI

arrivera lorfque fon dómicile dépérilf&nt, I'harmonie con–

íliluée de IOUle\ éternité entre elle

&

lui celTera.

On

r etr. uve

i,i des vejl';gcJ du Leibni;ianifme.

.

33.

L'ame féparé<:: du corps rene dans fes révolullons

a-travers les cicux, ce qu' elle a le pllis été pendam

celte vie, ou rationnelle, ou fe nfitive, ou

v é~étale.

La

f0nélion qui la dom inoit dans le monde co,p'lrel, la

domine encore daos le monde io telligible

fdle

tiem fes,

aUlres pyilTaoces inertes, en.gourdics,

&

captives . Le

mouvais n'anéantir pas le bOIl, m&is ils co-e:xificnt fu b-

ordqonés.

34.

Exerc;:on s donc notre :lIne dans ce momfe

iI

s 'é–

lever aux chofes intelligibles,

(j

nous ne voulons pas

qu'accompagnée dans 1'3utre de fimulacres vilieux? elle–

ne foit précipitée de rechef du centre des émanatlons,

condamnée

a

la vie fen/ible, animale,

0 U

végéra le ,

&

a(Jujeuie aux fonélions brutales d'cngendrer

&

de crol-

tre .

,

3f.

Celui qui aura refpeé1é en lui la dignité de I'e–

fpece humaine , renaltra homme: celui qui I'aura dé–

gradée, reoaltra bete ; celui qui I'aura abrutie, reoaltra

plante. Le vice dominam dé[erminera I'cfpece. Le ty–

ran planera dans les airs fous la forme de quelque oi-

teau de proie.

.

Principe! de /a

C ofm%gie

de! Ecleéli'lueJ .

Voici

ce qu'on peut tirer de plus dair de notre tres-inintelli–

gible Philofophe Plotin.

I.

La matiere elt

la

baCe

&

le fupp61 des moditica–

rions diverfes. Cene 110[ion a été juf'lu'a préCen l com–

mUl,lc

a

tous les Philofophes ; d'ou

il

s'enfuil qu'il y a

de la matiere. daos le monde imeIligible meme; car il

y

a des idées qui fom modifiées; or tour mode fuppo>

fe un fujet. D'ailleurs le monde intelligible n'étalll ql1'

une copie du moode fenfible, la matiere doi[ avoir fa

repréfentation dans I'un, puiCqu'elle a foo exillence dans

l'aurre ; or celte repréfemation fuppofe une toile ma[é-

¡-ielle ,

~

laquelle elle foit attachée.

,

2 .

L es corps memes ont dans ce monde fentible un

fUJ er qui ne peor étre corps; en effel leurs tranCmu[a–

tions ne fuppofem poine diminorion , aurrement les ef–

fences fe réduiroient

a

rien; car

il

n'en pas plus diffi–

cile d'erie réduil

a

rien . qu'a moins; d' ailleurs ce qui

renalr ne peut renaltre de

ce

qO I n'e(l plus.

3.

La matiere premiere n' a rien de commun

3Vec

les corps. ni figure, ni qualité , ni grandeur, ni couleur ;

d'ou il s'eofuil qu'on o'en peu[ donncr qu'une détini–

lion négative.

4. L a matiere en général n' en point une quaotilé ;

les iMes de grandeur , d'unité , de pl uralité, ne lui lo nt

point applicablcs, parce qu'elle efi indéfinie; elle n'en

jamais en repos; elle produ ir une iufiniré d'efpeees di–

ver fes , par une fermenralion intefiine qlli dure tou–

jours

&

qui n'efi jamais nérile.

f.

Le líeu en poflérieur d'origine

iI

la ma[iere

&

au

corps; il ne lui e(l done pas eUenriel: les formes

De

fom donc pas des attributs néceílaires de la quantil¿

corporelle.

, 6 . Qu'on ne s'imagine pas fur ces principes, que la

ma[jere en un vai" nom: elle efi nécelTaire: les corps

en .ront produ ils . Elle devient alors le fujer de la qua–

li[é

&

de la grandeur, fans perdre fes titres d'invifible

&

d'indéfi nie ,

7. C'efi n'avoir ni fcns ni emendement, que de rap–

porter l'e(Jence

&

la produélion de I'univers au hafard.

S.

Le monde a to6jours été. Uldée qui en étoir le

m odele ne lui e(l aOléricnre que d'une priorité d'ori–

gine

&'

non de tems . Comme il en tres'-parfait, il efi

la démonnratie n la plus évidente de la nece/Jilé

&

de

l'exilténce d'cn monde intelI1gible;

&

ce monde intel–

ligible I\'étant qu'une idée ,

iI

efi éternel, inaltérable ,

incorruptible, un .

9· Ce n'en point par induélion, e' e(l par né,' mté

que I'univers exi(le. L'entcndcment agitToi[ fur I

~a­

tiere , qui lui obéilToil fans effon;

&

toutes chofé, Ilaif–

foien! .

10.

II n'y a nul effet eontradiéloire daos la généra–

t ion d'un élre par le développement de fon germe; il

Y a fel1lemenl une multitude de forces oppofées les

unes aux , autre¡, qui réagilTent__& fe balaneenr. Ainfi

ECL

dans I'univers une partie en I'antagonine' d'uoe autre;

cel:e-~i

veut, celle-Ia fe refufe ; elles difparoilTent quel–

qu.efols

I~s

uncs

&

les autres. dans ce cooll il, pour re–

naltre, s emrechoquer,

&

d,fparoltre eocore;

&

il fe

forme un enchainement éleruel .de géoérations

&

de

denruétions qu'on De peO(' reprocher

a

la nature, paree

que ce feroi[ une fol ie que

d'att~quer

un tout daos une

de fes parties.

11 .

L'univers efi parfait; il a tout ce qu'i! peut a–

voir;

iI

fe fuffit

a

lui-meme: il efi rempli de dieux,

de démllns, d'ames junes, d'hommes que la. vertu rend

heureux, d'animau x ,

&

de plantes. Lc:.s ames Jufie¡

répandues daus la vafie étendue des cieus, donneDc le

mouvement

&

la vie aux corps célefies,

12.

U~me

univerfelle efi immuable . L'état de rout

ce qui en digne, apres elle, de norre admiration

&

de nos hommages, efi permanent. Les ames circulent

dans les corps, jufqu'a ce que exaltées

&

portées hor.

de I'étal de géoération, elles viven! avec I'ame univer- '

fell e . Les corps ' chaogent coutinuellement de formes,

&

fom alternativemem ou des animaux, ou les plaote¡

qui les nourriffent .

13.

11

n'y a poillt de mal abfolu: l' homme iojune

lai(Je

a

I' univers fa bomé; il ne 1'6te

qu'~

fon ame,

qu'il dégrade dans l'ordre des ctres. C'efi la loi géné–

rale

a

laquelle il en impo/Jible de fe foufiraire,

14· Ceílons donc de n.ous plaindre de cet univers

~

tacho ns d'etre bons; plaignoos les méchans,

&

lailTons

a

In rai fon uni verfelle des ehofes, le foio de les pu–

oir

&

de tirer aV3nrage de leur matice.

1

f.

L es hommes On! les dieux -au-delTus d' eUI ,

&

les animaux au-ddrous;

&

ils fom libres de s'élever

a

l'ttat ces dieux par la vertu, ou de s' abailTer par le

vice

:i

la condition des an imaux .

16. La raifon un iverfelle des chofes a dinribué

a

cha–

cu ne toure la bonré qui lui convel)oit. Si elle aplacé

des

dieux nu-defTus des démons, des démons au-delTus

des ames, des ames au·delTus des hommes, des horn–

mes au-delTus des animaux, ce n'en ni par choix ni par

prédileélioll; la natme de fon oovrage I'exigeoil , ainfi

qu.e I'enchalnement

&

la néce /Jité des traofmutatiolls le

démontrent .

17· Le monde renfermaot tout ce qui efi po/Jible,

ne pouVan t ni rien perd re ni rien acquérir, ii durenl

'éternellement tel qu'il etl .

18. Le ciel

&

tout ce qu'il cootient en éteroel. L es

aflres brillem d'un feu

in~pllifable ,

uoiforme

&

tran"

quille. II n'y a dans la nature aucun Iien au/Ji fon qoe

I'ame, qui lic tOOles ces chofes.

19 . C'efi l'ame des cieux qui peuple la, [erre d'ani–

mau x ; elle imprime au limon une ombre de vie,

&

le

limon feo t, re(oire,

&

fe meue.

20.

11

n'y a dans les cieux que du feu; rnais ce feu

conrient de I'eau, de la terre, de I'air, en uo mot tou–

les les qualités des autres élémens.

21.

C omme il en de

I~

oature de la chaleur de s'é–

lever, la fource des feu x célenes ne [arira jamais . 1(

ne s' en peot rien di/Jiper fans etfort,

&

le mouvement

circulaire y ramene

toU[

ce qui s'eo di/Jipe .

-

2.2.

L es a(lres chJlngent dans leurs afpeéls

&

dans

lenrs mouvemens; mais leur nature ne change point.

],3·

C'en parce que les anres annoncent I'avenir 1 que;

leur marche en reglée ,

&

qu 'ils portenl les empreinre.

des chofes. L'uni

vcrs

efi plein de fignes; le fage les

connoll(

&

en tire des induélioos : e' efi une fu i[e né–

celraire de I'harmouie univerfelle.

24· L'ame du monde efi le principe des chofes na–

torelIes,

&

elle a parfemé I'é[endue des cieux de corps

lummeux qui l'embellilTenr

&

qui annoncent les defii–

nées.

2f·

L'ame qui s'éloigne du premier príncipe, en fol1-

mife

a

la loi des cieux dans fes différcns changemens

de domicile ; il n'en efi pas ainfi de I'ame qui s'en rap–

proche; elle fail elle-meme

f.~

defiinée.

. 26. L 'univers en un etre vivant <jui a fon corps

&

, fon ame;

&

I'ame de l' univers, qui n' efi attachée

~

aucun corps parriculier, exerce une influence générale

fur les ames 3t1achées

3

des corps .

27. L'illR uence célene n'engendre point les chofes;

elle difpofe feulement la matiere aUl phénomenes,

&

la

1

aifon univerfelle les fai t éclore.

28. La raifon univerfelle des erres n'efi point une in–

teJligence, mais une force inrefiine

&

agita[rice qui o–

pere fans delTein,

&

qui exerc;:ant fon énergie de quel–

que poinl central mer toUI en mouvement, comme on

voit des oodulations nairre dans un , fluide les unes des

autres,

&

s'étendre

a

l'iolini,