554-
COM
'lue Sophoc1e
&
Euripide s'y
difpu~ient
la gloire de
rend re la yertu intérerrantc,
&
le erimo odieux, par
des tableaux touebans ou
ter~ibles.
Commene fe pouvoit–
il que les memes fpeép¡teuss applaudilrent
a
des meeurs
Ii
oppofées? L es héros q!lebres par Sophoele
&.
par
Euripide étoient morts; le fage ealomnié par A" tlo–
phane .étoie vivant:
00
Joue les gflnds hommes d'avolr
été; on oe leur pardonoe pas d 'ctre.
Mais ce qui
ef~
ioeoneevable , e'etl qu'uo eomique
groflier, rampane,
&
obCeeoe, faos gout, Cans mOlurs .
fans vrai lTemblanee, aie erouvé des enthouó.tles dans le
tieele de Moliere . 11 ne faue que Jire ce qui nouS re(le
d' Arillophane, pour juger, eomme Pluearque,
que c'eft
moinJ puur
lu
hun'¡¿Jes
g~nl'
t¡u'il a Icrit, 'fue
p Ollr
la
'Vi/e populace; pour des hom",es
perd/tl
d'envie, de no;r·
ultr
,
&
de dlbauche.
Qu'on life apres cela I'éloge
qu'en
f3.itJTI:1d3me
Dacier:
Jama;J homme
ll'a CII
plltl
de fin<ffe, ni
fm
tOltr plT4I inglniellx; le ftyl,
d'
Árift.–
,hane eft
(mffi
agrlable 'l'te (on eJprit;-
ji
1'0"
,,'(1
paI
¡tÍ
/1riflophanl!,
011
ne connoíe
p tU
encore
tOlU
/el
,h"r–
tnn
&
tOl/tes
lel beaueéJ du C ree ,
&c.
L es ma,inrats s'appefl,urene, mais erop tard, que dans
la
comédie
appcllée
M /J)'tNlC
les
poeres n'31JoiCtlt
fait
<Iu'éluder 1:' loi qui détendoie de nommer: ils en pnr–
torene unc (eeonde, qui bannifr.,oc du ehéJtre toute imiea–
¡ion pcrfonnelle, borna la
~om¿di.
a
la peineure &"néra–
le des mOlurs.
C 'e(l alors que la
eomldie »"lIvelle
eefla d'¿tre une
f.1tyre,
&
prie la forme honné'ee
&
déeence qu'ell< a eon–
fervée depuis. C'ea dans ce genre que Ileurie Mé,lan–
dre poeee aufli pur. aufli élégane, aum naturel, aufli
limpIe qu' Arinophane l,<,toie peu . On ne pelll, Cans re–
gretter
fenfiblemen~
les ouvf3ges de ce POete , Iíre l'é–
loge <.Ju'en a faie P.luearque , d'aecord avee tOute l'anti–
qllité:
C'efi rnu prairit e.mai/léc ds
ft~lIrs, o,~
ron ai–
me
ti
rcJp;rcr
111'1
air p'lr
...
.
L a
mufe d" A rifl(Jphane
r~1/emble
a
H'1e
femme perdlte; (elle de Jl1énandre
a
11-
ne honnéte fcmme
"
Mais eomme il
c(l
plus aiCé d'imieer le gromer
&
le
bas, que le délical
&
le noble, les premit" poctes La–
lins , enhardis par la liberté
&
la
jaloulk républieaÍlle.
[lIivircne les
ef3e~s
d
'Arilloph.ne. D e ce no mbre fue
Plaute lui-meme; fa mure cn , eomme eelle d'Ariflopha–
nc, de I'aveu non fufpea de I'un de leurs apologiltes ,
1,ne
ba(,hante) po/a'
'u
ríoJ
dire.· de pis, dont la lan-
g
/te eJl
détn.tYl1pé e
de fiel.
.
Tére~ee
qui (uivil Plaute, eomme Ménandre A.,(lo–
phane, imita M énandre fans l'é5aler. Céfar l'appelloie
un
d<mi-Mlnand",
&
lui reprochoie de n'avoir pas la
force &omif{fl.t;
expretlion que le)
comment:Heurs
011[
in–
lerprété
:l
leur fayon •
Ol.isqlli doie 'entendre de
ce~
grands eraies qui approfondiOelle les earaaeres,
&
qUI
vOlle ehereher Je vice jufque dans les réplis de I'ame.
pOllr l'expof" ell plcin théaere
:\U
mépris des fpeébteurs.
Plaute en plus vif, plus gai, plus fon, plus varié;
T érence : plus /in, plus yrai, plus pur , pJus é ébane :
l'un
!l
I'avantagc que donne I'imaginadon
qui
n'en
ca–
ptivét ni par les regles de J'an, ni par eelles des meeues,
fur le ealene a!rujctti
a
eouees ce regles; l'auere a le
m érite d'avoir concilié l'agrétJ1enc
&
la déeenee, la poll–
tcf/C
&
la plaiCant6rie, I'exaditude
cSt
la
faeil ie~:
Plau–
le toOjours varié. p'a pas toOjoues I'art de plaire; Té–
rene~
trop Ccmblable
i
lúi-meme,
;¡
le don de paroi–
ere eoOJoues nOu"cau: on (ouhaitcroit
a
Plaute I'ame de
Térence,
11
Térence I'efprie de P lauee '-
Les révoludons que la
com.!die
"
épr.ouvées dans fes
premieres ag.s,
&
les ditlércnecs q"'o
1
y obCnve enco–
re aujourd'hui. prenoellt leur fouree dans le génie des
peuples
&
dans la forme des gouvernemens : I'admini–
flratÍon des afi'ires publiques,
&
par eon(équem la eon–
duite des ehefs, ée3tH I'oblee principal de I'envte
&
áe
la
een(ure dans un éeae démoeratique, le peupl. d' Athe–
ncs !OtlJours inquiee
&
mécontetH, devoie fe pIaire
It
v oir' espofer fur 13 rcene, non-fc:ulemen[ les vices des
panieulier~,
mais )'imérieur du gouventemeot , les
pr~varieations des magiflrats, les faote des gén¿'raux,
&
Ja
propre faci lité
11
fe lailra eorrompr. OU feduire , C'cfl
ainfi qu'il a
~ouronl1é
le. faeyres polie iques d'Arifcopha–
ne.
C etee Iieenee devoie ecre réprimée
~
mefu re que le
gouvetneinenl
~I!vcnoit
lnoins"
populaire;
&
I'on s' ap–
per~oie
de eetee modération dans le, dernieres
comU i"
du meme auteur: mais 'plus eneore dans I'idée qui nous
rene de eelles ¡le Ménandre, 00 I'état fue toOjoues re–
[peaé,
&
ot! ¡es intrigues privées prireoc la place des
affJires _publiques .
.
J..es Romaios fous les eon(uls, auffi jalolL" de leur
COM
liberté que les- Athéoiens, mais plus jaloux de la digni–
té
de
leur gol1vcrnement, n'auroient
j:unais permis
que
la république fUe expofée aox crairs iofulun. de leu,"
poetes .
Ainfi les premiers eomiques Larin,
har.~rderelU:
1<1 f.1lyre perfonne le ,. mais jamais la faryre poI ieiqué .
De que l' abondanee
&
le luxe eurene adouci les
meeues de Rome,
Ja.
comldie
elle-meme changea fon
5preté endoueeur;
&
eomme les vices des Grees a–
voient pa(fé ehe'¿ les R ornains , Tér.nee, pour les imi–
ter , ne tic que copier Ménandre.
Le meme rappore de eonvcnance a déeerminé le ca–
raaere de la
comld,e
fur tous les théatres de l'Europe ,
depuis 13 rénailranee des Lemes.
Un peuple qui affeéloit auerefois dans fes meeurs u–
ne gravilé [uperbe,
&
dans fes femimens une enflure
romanefque, a di! fervir
de
modele
a
des intrigues plei–
nes d'incidens
&
de earaéleres hy-berboliques, Tel efl le
Ihéau e ECpagnol; o'ell-la feulemenr que feraie vraifl'em–
blable 1 .. c.raaere de eot amane (Villa Mediana):
Q.uibrúla fa mai(on
pOUT
rmbra.Drr Ja dame,
L 'emporeant
n-tra1J~rJ
la flam;me.
Mais ni ces exagérations forcées, ni une licence d'i–
maginaeion. qui viole touces les regles, ni un raffine–
mene de plaifenlerie fou"ene puérile, n' one po faire ,
refufer
11
Lopes de Vega une des IVemieres places par–
mi
I~s
pocees eomiques modernes . TI joine en .ffel
11
13
plus heureufe fag.eíté dans le choix des
earaa~res,
une
force d'imagio.tion que le graud Corneille admiroie lui–
meme . C'efl de Lopes de Vega qu'i1 a empruneé le ea–
raaere du
M.l1te:¡r,
done il difoie avee e3Dt de mode–
n ie
&
ti
p.eude caifon ,
qlt' il do"nerore dtHX dt Ju
meil/e1/.res pieeeJ pour J'avuir imagiwl.
Un peuple qui a mis long-Iems fon honoeur dans l.
6délité des femmes,
&
rlans une vengeanee cruelle de
1'3ftron[
d'érre
traHi en
3mour,
a
da
fournir
des incri–
!lues p¿rilltufes pour les
am.ns,
&
eapables d'exereer la
fourberie des vale,,: ce peuple d'ailleurs pantomime, a
donné lieu
:i
ce jeu muee, '1ui quelquefois par une ex–
premon vive
&
plaifanre,
&
fouvene par des grimaees
qui rapproehcnr I'hom me du finge, (oOtienc feul une in–
trisue dépourv(\e d'are, de fens, d'efpde,
&
de gOlu:,
Tel en le comique ltalien, aufli chargé d'incidens, mai.
moios bien incrigué que le eomique Efpagnol. Ce qui
caraéli<iCc encore plus le eomique balien, en ce mé–
lange d.e mOlurs natiollales , que la communieation
&
la
jaloufie mutuelle de pelies éeaes d' halie a fair imagincr
:i
leurs
po~tes
. On voie dans une meme intrigue un
Dolounois, un Vénieien, un Napolieain, un B<r/pma–
fque, ehaoun . ,vec le rid icule dominaoe de fa palrie,
Ce melange bif.1rre ne pouvoie manquer de réuflir dans
[.1 Douvcaucé. Les l raliens en fire nc une regle ellcndel–
le de leur eh¿alre,
&
la
,om¡di,
s'y
vir par-la condam–
née
a
la gromere uniformité qu' elle avoie eue dans
fon origine . Aufli dans le reeueil
imm~n¡¡'
de leurs pic–
ces,
n'en
trOuvc-t-on pas une feule donr un homJue de
gon l foOeienne
la
leaure . Les Italiens om
eu.-m~mcs
reeonnu la fupériorité dll comique
Fran~ois;
&
tandis
que leurs hitlrions fe foOt ienncne dans le eemre des
peaux arts, Florenee 1<5 a proferi" dans fon théatrc ,
&
a fubnirué
11
lenes fa rces les meilleures
eomldi"
de
Moli«e traduites en h ali.n . A l'exernplc de Florence,
Rome,
&
Naples 3dlnirctlt fur lellr ebóere les chcfs–
d'Oluvre du notre. Venife fe dét'cnd encore de la ,é,;o–
lutiOD; mais elle c¿dera bien-t6e au torrem de l'exem–
pie
&
i\
1'¡lUra;1 du plailir. París feul ne verra-e-il plus
joiier Moliere?
.
Un étle ot! ehaque citoyen fe fail gloire de penfer
a"ee indépendance, a
d~
fournir un graod nombre d'o–
rigioaux
11
peilldre . L'aileaaeion áe ne relrembler " per–
fonne faie (ouveue qu'on ne relremble pas
:i
foi-meme ,
/!:<
qu'on ouere fon pwpre caraaere, de peur de fe plier
¡lO
earaaere d'aurrui. L a ec ne fone poine des ridicu–
les courans; ce fone des Jingularílés perfonnelles , qui
donnene priré
eA
la plaifanterie;
&
le vice dominanc de
la foeiéeé
e(l
(Je n'ctre pas f"dable, Telle
ea
la fouree
du eomique Anglois, d'a.illeurs plus fimple, plus Ilatll–
rel, plus philorophiq!le que les deux nutres,
&
dans
Jequel la vrairfcmblaoee en rigoureuCernellr obfervéc ,
aux d¿pens méme de la pudeur,
Mais une nadon douee
&
polie, ot! chaeun fe f.1ie
un devoir de conformer fe fencimens
&
fes idées aux
meeurs de la foe iété, oti les préjugés fone des princi–
pos, ou les ufages Com des lois, ot! I'on efl eondamné
~
\·j vre feul des qu'on
"eUl
vivrc pour foi-meme ; ce ue
padon ne doie prélencer que des earaéleres adoucis par
les