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COL

ell de meme de toutes les nations, Je vois

BU

contraí–

re que le renouvellemen t des Letlres a produit une

quamité prodigieufe de

~oetc s

Latins, que nous avons

la bomé d'ad mirer : d'ou peut venir cetle différence?

&

íi

Virgile ou H orace revenoieO[ au monde pour juger

ces héros modernes du parna(T'e L atin, ne devrions-nous

pas avoir grand'peur pour CUI ? Pourquoi, comme l'a

remarqué un auteur moderne, te lle eompagnie , fon eni–

m able d'ailleurs, qui a produit une nuée de verfifica–

teurs L atins , n'a-t-elle pas un feul pocte

Fran~oís

qu'on

puiDe lire? P ourquoi les recueils de vers

Fran~ois

qui

s'échappenr par malheur de nos

eoll/gel

om-ils /i peu

de fucces, tandis que plufieurs gens de lem es eaimenr

les vers Latins qui en fonem? J e dois nu reae avoiier

ici que l'univerfité de Paris ea tres-circonfpeéle

&

tres–

reCervée fur la ver/ifieation

Fran~oife,

&

je ne faurois

I'en blamer; mais nous en parlerons plus au long

a

l'artic/e

L AT I N I T E' ,

Concluons de ces réflexioos, que les compofitions

Latines Com Cujenes

a

de grands inconvéniens,

&

qo'o n

feroit beaueoup mieux d'y Cubaituer des compofitions

Fran,oifcs;

c'ea

cc qu'on commenee

3

faire dans I'u–

n iverlité de Paris ; Oll

Y

tiem cependam cncore au La–

tin par préférence, mais eofin on eommence ií y en–

[eigner le

Fran~ois,

J'ai entendu quelquefois regrelter les theCes qu'on COL'I–

tenoit autrefois en Grec ; fai bien plus de regrct qu'on

ne les foGtienne pas en Frnn,ois; on feroit obligé d'y

parler raiCon, ou de fe taire,

.

L es langues "trangeres dans lefquclles nous avons un

grand nombre de bons auteurs, comme l' Anglois

&

l'ltaliell,

&

peUI-etre l' Allemand.

&

l' Efpagnol, de–

.vroient aulli entrer dans l' éducation des

eo¡¡¡gel;

la

phlpart leroient plus utiles

a

favoir que des lnngues

morres, donr les [avans feul s [ont a portée de faire

ufa.lle ,

J'en dis autam de I'Hia oire

&

de toutes lcs Ccien–

ces qui s' y rapportent, eomme la Chronologie

&

la

G éographie , Malgré le peu de cas que I'on paroit faire

dans les

eol/iga

de I'étude de I'hilloire, c'en peut -

e–

tre l'enfance qui erl le tems le plus propre

a

l'appren–

d re, L'Hia oire a{fe'l. inutile au eommun des hommes,

ea fort utile aux enfaos, par les exemples qu'elle leur

préfeme,

&

les

le~onS'

vivantes de vertll qu' elle peut

leur donner, dans un age ou ils n'ont poim encore de

principes tixes , ni bons ni mauvais, Ce n'erl pas

iI

tren–

te ans qu'il faut cotumencer ií I'apprendre,

3

ll1CliLlS que

ce ne roit pour la fimple euriofité; parce qu'ií trente

8ns l'efprit

&

le creur fom ce qu'ils feroOl pour toute

la vie , Au reae,

UD

homme d'efprit de ma eonnoiC–

fance voudroi! qu'on érudia!

&

qu' on enfdgnat l' H i–

fl o.ire

~-rebours,

e'etl-a-dire en

eommen~ant

par 1100re

lems,

&

remontant de,la aux /ieeles pa(T'és , Celte idée

m e paroit tres-juae,

&

tres-philoCophique:

~

quoi bon

ennuyer d'abord un enfam de I'hiaoire de Pharamond,

de Clovis , de Char1emaglle, de Céfar,

&

d' Alexan–

dre ,

&

lui lailTer

i~norer

celle de Con tems, comme

iI

arrive preíque tOliJours, par le dégot'a que les com–

m encemons lui inCpirenr ?

A I'égard de la Rhétorique, on voudroit qu'elle con–

{ja~t

beaucoup plus en exemples qu'en préceptes; qu'on

I]e Ce bornAt pas

a

lire des auteurs anciens,

&

a

les

faire admirer quelquefoi5 311e'l. mal-ií-propos; qu'on eut

le courage de les critiquer fouvem , les comparer avee

les nuteurs modernes ,

&

de faire voir en quoi nom

avons de I'avantage ou du defavantage Cur les R omaios

&

fu r les Grecs, Peut-etre meme devroit-on faire pré–

c éder

la

Rhétorique par la PhiloCophic; car enfin, il

faut apprendre

a

penfer avam que d'"crire,

Dans la PhiloCophie, on borneroit la L ogique

a

quel–

ques ligues; la M étaphytique ,

a

un abregé de Locke;

l a Morale purement philoCophique , aux ouvragcs de Sé–

p eque

&

d'Epiél:ete ; In M orale ehrétienne, au fermon

de Jefus-C hrifl fur la mOllt,agne; ,la Phyfique, aux ex–

périence

& iI

la Géomérnc, 'lUI ea de toutes les 10-

giques

&

phytiques la meilleure ,

( 1)

"

On voudroit enfi n qu'on joign!t a ces difftl'remes é–

tudes, celle des beaux Arts,

&

fur-tout de la Mu tique,

é'tude ti propre pour former le gollt,

&

pour adoucír

les m reurs,

&

dom on peut bien dire :lvee Cicéron :

(1)

L'extr~it

du ero",

livre de Lock n'efl

p.u

ceruinement

a

I~

por.

tée de. lcune, gen,. ¡'ofe m(!me dire qo'il eíl dangereafe . Ouue que

ce gund Mcthaphyficien c(l infinimcm

:1bftrait,

i1

en eDclin au

rn~.

ccriali{[Q,c

4on~

i1

a

~t~

accuf6 par des (avao\, dt1 premier ordrc.

COL

H .r:, j1"d;a ado/efeene;a", n/une , fenea"to" ob/.aane!

jUCfmdal rel ornant ) adverjiJ ptr¡ug;ltm

&

fo/at;lIm

pr",bent,

Ce plan d'études iroit , je I'avoue,

11

multiplier le9

maitres

&

le tems de I'éducation , M ais

1 0 ,

i\

me fem–

ble que les jeunes gens en fortant pliLtard du

eoll/ge ,

y

gagneroient de toutes manieres, s'ils en fortoient plus

ioaruits "

2°,

L es enfans fom plus capables d' 3pplica–

tion

&

d'intelligence qu'on oc le croit communément ;

j'en appelle a I'expérience;

&

(j,

par exemple, on leur

apprenoit de bonne heure la Géométrie, je ne dollte

poim que les prodiges

&

les talens précoces en ce gen–

re ne (u1[eot beaucoup plus fréquens: il n'ea gucrc de

fcience dont on ne puiU'e inllruire l'efprit le plus bor–

né, avec beaucoup d'ordre

&

de méthode; mais

e'ca–

la pour I'ordinaire par ou I'on peche,

3°,

I I ne feroit

pas néce(T'aire d'appliquer touS les enfans a tous ces ob–

Jets

a

la fois; on pourroit

I

ne les montrer que Cuecer–

r.

vemem ; quelques-uns pourroient fe borner

ii

un cer–

taio genre;

&

dans cene quamité prodigieuCe,

iI

feroit

bien diflicile 'lu'un jeune homme n'ellt du gOl't pOlle

aucu n, Au reae c'efl au gouvernement , comme Je

l'ai dit ,

3

faire changer la-de(T'us la routine

&

Pufage;

qu'il parle,

&

il Ce trouvera a{fez de bons citoyens poue

propofer un excellem plan d'études, Mais en altendanr

cette réforme, dom nos neveux auront

peut-~tre

le

bonheur de joiiir, je ne balance point a croire <Iue

1'6-

duca tíon des

eo/Ugel,

telle qu' elle

ea

,

ea fujene

:'i

beaucoup plus

d'inconv~niens

qu'une éducation privée,

ou il

ell

benucoup plus facile de fe procurer lcs di–

verfes connoi(T'ance. dom je viens de faire le détail ,

J e rai qu'on fait fonner tres-haut dcux grands avan–

tages en faveur de I'édueation des

eo/Utel ,

la

C~ciété

&

I'émll lation : mais il me Cemble qU'11 ne ferolt pas

impoffible de fe les procurer dans I'éducation privée ,

en liant cnfemble quelques enfans a-peu-pres de la

me–

me force

&

du meme Sge " D 'ailleurs , J'en prends

a

témoin les maitres, l' émulation dans les

col/_gel

ell:

bien rare ;

&

ii

l'égard de la Cocíété, el1.e n'ell pas r.,ns

de grands inconvéniens: fai déja touché ceux qui en

réColtem par rapport aux m reurs; mais je veux parlee

ici d'un autre qui

n'ea

que tro p commun, fur-tout dans ,

les Iieux ou on éleve beaucoup de jeune noble(T'e; o n

leur parle

iI

chaque inaant de leur naiffance

&

de Icue

grondeur,

&

par-U on leur infpire, fans le vouloir,

des Cemimens d'orgueil

a

l'égard des autres , On exhor–

te ceUK qui préfi dem

a

l'ioa"ruétion de la jeune(T'e,

a

s'examiner foigneufemenr fur un point de fi grande im-·

portan ce ,

Un autre inconvénient de I'éducation des

eo/Ugu,

ea que le maitre fe trouve obligé de proportionner fa

marche au plus grande nombre de fes difcipl es, e'

ea–

a-dire aux génies médiocres; ce qui emrai ne poue les

génies plus heurellx une perte de tems eonfidérable,'

Je ne puis m 'empecher non plus de faire fenrir

a

cet–

le occafion lcs inconvéniens de l'inflmétion gratuite,

&

je [uis alfli ré d'avoir ici pour moi IOUS les profeC–

Ceurs les plus éc1airés

&

les plus célebres: fi cet éta–

bli{femem a f.1it quelque bien auX difciples, il

a

fait en–

COre pl us de mal aux maltres"

Au rerl e, fi I'éducation de la jeune(T'e

ea

négligée,

oe nous en prenons qu'¡¡ nous-m emes ,

&

au pcu de

conlidération qlle nous témoigllons

11

ceux qlli s' en

chargem;

c'ea

le fmit de cet efprit de futilité qui re–

gne dans notre nation,

&

qui abrorbe , pour ainli dire,

tout le reae , Eo Fraoce On fait peu de g ré

il

quelqu'

un de remplir les devoirs de fon état ;

011

aime mieux

qu'il foit frivole ,

Voyez

E

D U

e

A T

t o

N ,

voila ce que l'amour du bien publie m'a infpiré de

dire ici fur l'éducatioD, tant publ ique que privée: d'ou

il s'enfuit que l'éducation publique ne devroit etre la

re!fource que des eofans donr les parens

oc

fom mal–

heureuCement pas en état de fourpir

3

la dépenfe d'nne

éducation domeflique " Je ne puis penfer fans regret au

tems que j'ai perdu dans mon enf.1ncc: c'ea

il

l'ufage

établi ,

&

non a mes maitres. que j'impute cetre pene

irréparable;

&

je voudrois que mon expérience Plit e–

tre utile

:l

ma patrie ,

Exor;art

a/i'flli¡,

(O)

(2)

, COL, L

E'C E ,

( 'Jllrifpr,

)

les

eo/Ugel

dea inés poue

l'éducatlo,n de la Jeune(T'e, ne fom conudérc:s que eom–

me

le

lear meurols

entre

les

mains

:l

fa place la

Meaphyfique

de M:

GtlJ'l/

t.fi

dont on fe fert en

hallen (ans

dOl0ger.

!<

:1vec ¡;rand pro ...

lit

de la jCllne(fc .

( M)

(1.)

ti

ea, étenllnot que

la

maniere

d'cn(cigQcr 1!1 jeaocffe.

telle

que

J",

pro.