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COL

.vee le meme foio les grandes queilions de la diilin–

élion f" rmc de ou virtu'elle, de I'univerfel

de la part

de /a chofe

&

une in60ité d'amres; n'eil-ce pas outrager

&

bJa fphémer eo quelque forte la plus grande des vé–

rités , que de lui donner un

{jo

ridicule

~,

{j,

m iferable

voillllal\.e? Enfin daos l. Phyhque on batlt a fa mode

un fyileme du monde;

00

y explique tout, ou prefque

toO[;

00

y

fuit

00

on

y

r¿fute

a

lorc

& ;)

era

vers

Ari–

flote, D efcartes,

&

Newton. On termine ce eours de

deux aonées par quelques pages fur la Morale, gu'on

rejerte pour ¡'ordinaire

a

la Iin, fans doute eomme la

partie fa moios importante .

MaiUrJ

&

Religion.

Nous rcndrons fm le premier

de ces deux articles la juilice qui eil dae aux foins de

la ph'lpart .des maitres; mais nous en appellons en me·

me tems

a

lem témoignage,

&

nous gémirons d' autant

plus volomiers avec eux fur la corruption dont on ne

peur juili6er la jeuoeíTe des

eolllga,

que ceue corru'

ption ne fauroit leut etre imputée .

A

I'égard de la Re–

Iigion,

00

tombe fur ce poin¡ dans deux exces égale–

mem

a

craindre: le premier

&

le plus commun, eil

de réduire tout en pratiques extérieures,

&

d'auaeher

a

ces pratiques une vertu qu'elJes n'om afsarement pas:

le fecond eil au eomraire de vouloir obliger les enfans

.. s'oecuper uoiquemeot de cet objet,

&

de leur faire

négliger pour cela leurs autres élUdes, par lefquelJes ils

deiveO! un jour fe reodre miles

it

leur patrie. Sous

rrétexte que Jefus·Chrifl a dit gu'il faut toOjours prier,

quelques maltres,

&

fur-tout ceux qui fOn! daos cer–

taios principes de rigorifme, voudroient que prefque tout

le tems deiliné

a

I'élUde fe paf,at en méditations

&

en

eatéchifmes; eomme

Ii

le travail

&

l'ex3élitude

a

rem–

plir les devoirs de foo état, o'étoit pas la priere la plus

agréable

a

Dieu. Auffi les difciples qui foit par tem–

péramem, foit par parelfe, foit par docilité, fe eonfor–

mem (ur ce point aux iMes de leurs maltres, fortent

pour I'ordinaire du

eol/ége

avee un degré d'imbécillité

&

d'ignorance de plus .

11

réfulce de. ce détail, qu'un jeune homme apres a–

voir palfé d311S un

eol/ége

dix années, qu'oo doit met–

Ire au p.ombre de plus précieurcs de fa vie, en fort ,

.lorfqu'il a le mieux employé fon tems, avee la coo–

noilfance tres-imparfaite d'une languc morte, avee des

préceptes de Rhétnrique

&

des pcincipes de Philofophie

qu'il doit tacher d'oubtier;

rouvent avec

une corruption

de mceurs dont I'altératioo de la famé

ea

la moindre

fuite ; quelquefois avec des principes d'une dévOlion mal–

entendue; mais plus ordinairement avec une connoif–

faoce de la Religion li fuper6eielle, q u'elle [uecombe

a

la prem iere eonverfation impie, ou

a

la premiere le–

aure dangereufe.

V oyc"

C

L A S S E.

Je fai que les maltres les plus feorés déplorent ces

abus, avee encare plus de force que nous ne faifoos

ici ; prefque IOUS

de~rem

paffionnémem qu'on donoe

a

l'éducation des

eo/l/gel

une autre forme: nous ne

fai~

fans qu'expofer ici ce qu'iI. penfent,

&

ce que per–

fonne d'enlre eux n'ofe éerire: mais le train UDe fois

~tabli

a fm eux un pou voir dont i1s ne rauroient s'af–

franchir;

&

en mat'ere d'u(age, ce foOl les gens d'e–

fpcit qui m;oivent la loi des lats. Je n'ai done ¡¡arde.

da"s ces réflexions fur l'édueation publique, de falre la

fatyre de

Ct UX

qui enfeignem; ces fentimeos reroient

bien éloignés de la reconnoilfance dont je fais proref–

f10n puur mes mailres; je conviens avec eux que I'au-.

torité fupérieure du gouvernemt'm el1 feule capable d'ar–

reter les progres d'un li grand mal; Je dois me me a–

voücr que plulieurs profelfeurs de I'univerli té de Paris

s'y oppolem autan! qu'il leur ell poffible,

&

qu'ils ofent

s'écarter en quelque chofe de la routine ordinaire, au

rirque d'etre bJa més par le plus graod oombre. S 'ils

ofoien! encare dav:mtage,

&

fi

leur exemple étoit fui–

vi, nous verrions peut-etre enfin les érudes changer de

face parmi nous: mais c'efi un avamage qu'il ne faut

:mendre que du tems , fi meme le tems ea capable de

110US le procurer . La vraie Phi lofophie a beau le ré–

pandre en France de jour en jour; il lui efi bien plus

difficile de péoétrer ehez les corps que chez les parti–

euliers: ici elle ne trouve qu'une tete

¡,

foreer,

{j

on

peut parler ain{j , la elle en trouve mille . L'uoiver(¡té

de Paris, compofée de particuliers qui ne forment d'ail–

leurs entre eUK aucun corps régulier oi ecc lé liallique,

aura moins de peine a fecoüer le joug des préJugés donr

les écoles font encare pleines.

Parmi les ditfércotes inutilités Qu'on apprend aux en–

fans dans les

eolllgeJ,

j'ai nég ligé de faire mention des

Irag¿dies, paree qu'il me femble que

l'univer~té

de

Paris commenee

a

les proferire prefque enneremenr;

COL

527

on en a obligation

a

feu M. R o lJ in, un des hommes

quí ont travaj(lé le plus uti leml nt pour l'édueatinn de

la jeuoelTe:

a

ces décJamations de vers il a fuba itUé<

les exercices, qui

fOllt 3U

moins b{"aucoup plus utiles

quoiqu'ils pu(fent l'étrc encare

dava[l[agc:. On

convient

aujourd'hui

alle~ g~oéralement

que ces tragédies (om

une perte de tems pour les écoliers

&

pou r les mal–

tres: c'efi pis eneore quand on les multiplie au point

d'eo repré Center plulieurs ptndam I'aonée,

&

quand 00

y

jOiHt d'autres appendices encare plus cidielll.s, com–

me des explications d'énigmes, des bal l<ts,

&

des co–

m édies triflement ou rtdieulement plaifames. N ous a–

vons fous les y'"ux un

ou,' ra~e

de eetce deroicre efpe–

ce, intitulé

la défaite d" So/leifme par Defpautere,

re–

pré fentée plufieurs fois dans llO

eo/lége

de Paris: le

ehevalier Prétérit, le cheval ier Supio, le marqllls des

Conjugaifons,

&

d'amres perfoonages la

m~mc

trem–

pe , font les

I

ieutenaos géoéraux de Defpautete, auquel

deux grands prinees , appellés

Soléeifme

&

Barbarifme ,

déc larent une gllerre mortelle , N ous failoos graee "–

nos leéleurs d'un plus graod détail,

&

n.ous ne dou–

tons point que eeux qui préLidem aujomd 'hui

a

ce

eol–

lége,

ne filfent maio-balfe, s'ils en (toieO! les maitres ,

fur des puérilités

r.

pédamefques,

&

de

{j

mauvais

goat: ils font trap éelairés pour ne pas femir que le

précíeux tems de la jeuneITe ne doit poim

~tre

emplo)'é

a

de pareilles inepties. J e ne parle poiot ici des ballets

ou. la Religion peut etre

iO!ére~Jée;

je fai que cet in–

convéoient eil rare, grace

a

la vigilanee des fupérieurs;

mais je fai auffi que malgré toute ceue vigilaoce, il ne

laiITe pas de fe faire kmir quelquefois.

l/oy<Z.

da7JJ

le

jOTtrrt.

de Tr/v.

110UV.

Ii<tér . Sept.

1

¡rO.

la critique d'Ull

de ces ballets, tres-édi6aote

¡,

tous égards . Je eoncluds.

du moios de tout ce détail, qu'il n'y a rien de bao

a

gagner dan , ces fortes d'exercíces,.

&

beaueoup de mal

a

en craindre.

"-

11

me [.mble qu'i! ne feroit pas lmpoffible de don–

ner ,une autre forme

a

I'édueation des

eo/l/ges:

pour–

quoi paITer lix ans

á

apprendr., tam bien que mal , une

langue mane? Je fuis bien é ioig" é de def.1pprouver I'é –

tude d'une langue dans laquelle les Baraees

&

les

Ta–

cites oot écrit; ceue érude efl abfolumem n';cdfaire

pour conooltre leurs admirables ouvrages: mais Je erais

qu'on devroit fe borner

á

les entendre,

&

que le tems

qu'on employe

¡,

eompofer en L atio eil un tems per–

du. Ce tems feroit

bie~

m ieux employé • apprelldre

par principes fa propre langue , qu'an 'gnore toaJours

al!

fonir du

eo/lige,

&

qu'OI\ ignore au poim de la parler

tres-mal. U oe boooe

gr~mmaire Frat1~(j,fe

f.roit thu!

a

la fois une excelleote Lugique,

&

u.ne

excel!ente Mé–

taphyóque,

&

vaudroit bien les rapfodies qu'on lui fub–

flitue . D'ailJeurs, quel Latin que ce lui de certains

eol–

Jéges!

oous en appellotls au jugement des connoilreurs.

Un rhéteur moderne, le P. Porée. tres-refpeaable

d'ail1eurs par fes qua lités perfollnelJes, mais

a

qui nOllS'

ne devoos que la vérité, puifqu'i1 n'ea plus, efile prC'–

mier qui ait ofé fe faire un jargon nien différent de la

langue que parlo,em autrefois les H erfan, les Marin,

les Grenao, les Commire, les Co(fart,

&

les J ouven–

ei,

&

que parlent encare quelques profelfems

eélebre~

de

I'uni~~rfité .

L es ·fnccelfeurs du rhéteur doot je par–

le ne rauroiem trap s'éloigner de fes traces.

Voye"

L

A–

TI

N

t

T E' ,

E

LO QUE

N

e

E,

&

R

H E'T

o

R I Q

u

E.

Je fai que le L atir, étant une langue morte, dont

prefque toutes les IineHes oous éehappent, ceux qui paf–

feot aujourd'hui pour écrire le mieux en ceue langue,

écriveO! peUt-etre fort mal; mais du moins les vices de

leor. diaion nous éo'\al,'penr auffi ;

&

cambien doit

~tre

ridicule une latinité qui nous fait rire?

C.n~inemem

un

étrange r peo verfé dans la langue

Frao~oife,

s'apperee–

vroit faeilemenr que la dia.ion de Montagne, e'eil-a–

dire du feizieme (¡eele, approche plus de celle des boos

écrivains du {jecle de Louis XIV . que cel le de Geof–

fray de Villehardouio, qui écrivoit dans le treizieme

tiecle .

Au reile, quelqu'efiime qu,,: j'aye

po.ur

q?elques-uns ,

de nos humaoifies modernes, Je les plallls d etre forcés

a

fe donner tam de peioe pour parler fort é

I~gamment"

u~e'

al1tre langue

q~e

la. leur: l Is fe tr0'!lpem s'ils s',ma–

gment en ce la aVal( le ménte de la dlffieulté va/ncue :

iI

efi plus diffieile d'écrire

&

de parler bien fa

I~ngue,

que de parler

&

d'écdre bien une langue morte; la

preuve eel.

ea

frappante. Je vais que les Grees

&

les

Romains, daos le tems que

!eu~

laogue éroit vlvame,

n'ont pas eu plus de bons éertvams que nous n'en

avoo~

daos la n6 tre ; je vois qu'ils

0'001

eu , ainli que nous ,

qu'un tres-petit nombre d'e¡cellens poeres,

&

qu'i1 en

en