1 ,
e RA
" ll:en de plus aífé que de le tirer d'atTaíre:
iI
gol!d–
" ra; e'di moí quí vous en donne ma parole d' hoo–
" neur.
Quoiqoc I'impudeoee
&
le babil foieot d'une relfour–
ce iolioi., il faut eoeore " la eharlatannerie quelque di–
fpofition intérieure du malade qui en prépare le fucees :
mais l'eCpéranee d'uoe prompte fanté d'ulI cÓté, eelle
d'une bOlloe Comme d'argeot de I'autre, forme
m
uoe
líaiCon
&
Ulle eorrefpondanee aiTarée .
Aum la eharlatannerie
di
elle trcs-aneienne. Pareou–
rez. I'hifloire medicinale des Egyptiens
&
des H ébreux
&
vou, n'y v.,re? que des impolleurs, qui protitant
d~
la
foiblclfe
&
de la eréduli té, fe \'ontoiem de guérir
les maladics les plus invétérées par Icur amulenes
leurs eharmes, leurs divinalions,
&
leurs Cpéeifiques . '
L es Grees
&
les Romains fureO(
a
leur tOur illou–
des de
charlatans
en tout genrc. Ariflophalle a célebré
un een ain Eudamos qui veudoit des anlleaUI eomre la
morfure des
b~tes
veoimcufes .
On appclloit
t.,~"""" ,
ou
ri~plemem
agY!'td!,
du
mOL
..
".1,." ,
allemblttr ,
ceux qUI par JeIJrs dl1cours
:lf–
fcmbloictlt le pcuple üutour
¿'
cux;
c;rculator~J,
cir –
cuitores ,
,ir,"mforan~i ,
ceUI qui couroiellt le moude
&
qui montoi
nt
Cur le théatre , pour fe proeurer
I~
vente de leurs remedes;
..
1I"lar;; m_d;c;,
eeux qui fe
telloient am, dans Icurs boUtiques , en auendam la eha–
lalldife. C'étoit le métíer d'un Cbarimn , de qui Ga–
líen a tiré quelques deferiptions de médicamens: e' é–
toit eelui d'un elodius d'Alleone , qui émit cneOre em–
poifonlleur,
&
que Cicéron appdle
pbarmacofola cir–
wm!.ranws.
Ql10ique le mot
pharmacopola
s app liql1h
che? les aneiel1s
¡,
tous eeux eo général qui vendoiem
de, médicamclls falls le avoir préparés , on le donnoit
néJIlIllUil1!i1 ClI p:lnicuJicr
3
ccux que neus
défignons
3U-
jourd'hui par le
tiln:
de
bl1ttclC'ur.
.
N
o:,
baueleurs, nos EUdnmus, nos Charaons , nos
Clodius , ne diffcrent poim des anciens pour
le
earaae–
re; e'ell le meme génie qui les gouverne, le
m~me
e–
fprit qui les domine, l.
m~me
but auquel iJs tendent ;
celui de gagner de I'argent,
&
de tromper le public,
&
10aJOUlS avee des faehets , des peau. divines, des ea–
loues contre l'apoplexie , I'hémiplégie, l'épileprie,
&c.
Voici quelques traÍls des
charlatans
qui Ollt eu le
plus de vague en France fur la fin du deroier fi ccle.
• N ous Commos redevables
¡,
M . Dionis de nous les a–
voir eonfervés; In eonnoinancc n'en
ell
pas auffi indif–
férellle 3 l'humanité qU'OD pourroit I'imlginer du pre–
m ler abold.
L e marquis Carerro , un de ces avanturiers hardis,
d'un earaacre libre
&
f.mili.r , qui fe produifam eux–
m emes prorelleot qu'ils
0 01
dans leur art toute l'habileté
qui manque aux autres ,
&
qui Conl era Cur leur paro–
le , pcrp la foule , parvint j ufqu'¡' I'oreille duo prinee ,
&
en obtím la favem
&
des penrooos. 11 avo" uo fpé–
cifit¡ue qu'i l vendoit deux loüis la gouHe ; le moyen
\ju'uo remede ro eher
ne
fUt pas exeellent ? Cet homme
elltreprit M. le maréehal de L uxembourg, l' empecha
d'ctre faigné dans. une fauiTe pleuréfie .dont il mourut..
Cet aeeident déerla le
charlatan ,
malS le grand eapl–
tainc étoit mort.
D eux cnpucins fuceéderent
i\
l'avallturier d'Jtalíe ; ils
flrt nt publier qo'ils apportOiellt des pays écrangers des
fecrets ineonnos nux autres hommes . lis furent logés
du L oovre; on leur donna
1
SOO
lív. par an. T out Pa–
ris aeeourut vers eux ; ils diflribuerent beaueoup de re–
m edes qui ne guérirent perConne; on les aballdonna,
&
íls fe jenerent dans l'ordre de C lugni . L ' un, qui Ce tit
appel lr.r
I'abbl
f!.ouffe'If!
,
fut martyr de la
. eharla~aone
rie
&
aima mleux mounr qoe de Ce lallfer Calgner .
L ';utre , qui fU[ connu Cous le nom de
I'abbl A ig11an ,
ne fe réferva qu'un remede eontre la pelite vérole, mais
ce remede étoit infaillible. D eux perfonnes de la pre–
miere qualité s'en Cervirem : I'un étoit M . le duc de
R oquelaure, qui en réehappa, paree que fa petite véro–
le fe trouVa d'une bonne qualÍlé: I'autre, M. le prínce
d'Epinoi, qui eo mourur .
En voici un pour les urines; on I'appelloit
1_
m_de–
tin da
ba:tt¡s.
11
étoit établí
a
Seignelai , hourg du
comté d'Auxerre: il prétendoit eonnolrre toutes Cortes
de maladies par l'inlpeélion des urines ; ehariatannerie
t3cile, uCée ,
&
de tour pays .
11
palfa pendan t quelque
lems pour un oracle; mais 011
l'inllruilit mal, il fe
trompa tao! de fois que les urines oublierent le ehemin
de Scignelai.
.
L e pere Guitoo, eordelier, qyam la
d~os
uo hvre
de Chimie
In
pn!paracion de quelques médleamens, ob–
tint de Ces fupérieurs la liberté: de les veudre.
&
d'en
eRA
173
~arder
le
pr06~,
a
eoo~jtion d'e~
fouroir
gratis
•
ceux
du eouvcm qUI en
~urOlem
bofolO .
M.
le
prinee d' l–
Cenghicn
&
plurieurs autres perfonnes épro'Jverem Ces
remedes, mais avec un
ti
mauvais fueces que le oou-
"eau ehimille en perdit fon erédit.
'
Un npotieai re du ecmc", d'.t\ vigoon
Ce
m it fur les
rangs avee uoe pa!lille, telle qu'il n'étoit poim de ma-
13die qui oe dut eéder
a
fa venu. Ce remede men'eil–
lenx, qui n'étoit qu' un peu de fucre incorporé ave!: de
I'arfenie, produifil les effelS les plus funelles. Ce
chay–
l.nan
élOit
(i
!lupide, que preoant pour milie pa!l illes,
m ille grains d'arfenic, qu'il
m~loit,
f.,ns aueuoe pré–
eaOlion, avee aOlam de fuere qu'il en falloit poor for–
mer les mille pallilles, la dillribution de rarCenie n'é–
loit poiot excae; enColle qu'il y avoit telle pa flill e
ehargée de treS-peu d'slfenie,
&
telle autre de ,deux
gr.ins
&
plus de ce minéral.
L e frere Ange, capucin du eODvem du faubourg S.
Jaeques , avoit été
gar~on
apotieaire; toUte Ca fcienee
eoorilloit dans la eompolidon d'un Cel végétal,
&
d'un
fyrop qu'i1 appelloit
mlf. ntlr;'1,te,
&
qu'il donnoi:
il
tout le monde, auribuam
iI
ce Cyrop la propriété de
purger ",'ee choix les humeurs qu'i1 falloit él'acuer .
C'écoit, dic-on, un bon-homme, qui le ero)'oil de bon–
ne foi. Madame la D auphine , qui étoit indifpofée, ufa
de
Con
Cel
&
de fon fyrop pelldant quiote jours ,
&
n'en reeevam auenn foulagemem, le frere Ange fut
eongédié .
L'ahbé de Bel7.é lui fueeéda a V erf..illes. C 'émit un
prtue Normand qui s'aviCa de fe dire medeeio; il pur–
gea Madame la D auphin. vingt·deux fois eo deux mois,
lit
clans le tems
0\1
II
et!~rudent
de faire des reme–
des
:lUX
fcmmes; la princc(]e sien
trOUVa fon
mal,
&
M efaemoil"lI.s Befoln
&
Patrocl., deux de fes fem–
mcs-de-chambre, qui avoiem auffi fait uCage de la me–
decine de I'abbé ,
II'n
eontraacrem uo dévoyemem eon–
tinuel, dom elles moururent l'une
3prcs
l'amre .
L e lieur du Cerf vint enfuile avee une huile de ga–
yac qui rendoit les gens immortels. Un des aumÓniers
de Madamc 13 Dauphine , au líeu de fe meler de fon
m inil1ere, s'avifa de propoCer le neur du Cerf ; le
char–
latan
vit la prineelfe, arrara qu'iI en avoil guéri de plus
malades qu'elle; courut préparer COII remede; revint,
&
!rOUya la princelfe morte:
&
eet homme , qui avoit le
fecree de nmmortalité, mourut trais mois
apres .
Qui ell-ce qui a fait autant de bruit , qui ell-ee qui
a ,;cé plus
ii
la mode que le medecin de
Chaudr.is?
Chaudrais ell un petit
hamea~
compoCé de cinq ou
fi x
rn ailolls , aupres de M antes; la il fe trouva un payCan
d'alfe. bon Cens, qui eonfcilloit aux autres de fe Cdvir
t3Ul6t d'une herbc , tamÓt d'une raclnc; i1s l'honore–
rent du titre de
m_d,,;n.
Sa répUlation fe répandie dans
f.1
provillce ,
&
I'ola jufqu':l París, d'ou les malades
aceourureut en foule • Chaudrais. On fut obligé d'y
faire ba lir des maifolls pour les
y
loger; eeu x qui n'a–
voienr que des maladie, légeres , guério-oient par l'uCage
de
Ces
plantes polvériCées, ou rocines delfeehée5-: les au–
tres s'en reveooiem eomme ils émiem allés. L e tOrrent
de malades dura cepend.m trois
a
quatre années .
C'ell un phénomene ringulier que I'amait que la eour
a pOll r les
(harlntans;
c'ell-Ia qu'ils tendem tous. L .e
(ieur Bouret y débarqua
.vcc
des pi llules merveilleufes
dans les eoliques infla mmatOires; mais, m.lheureufe–
ment pom la fortune de eelui-ci, il fut a((aqué lui- me–
me , tout en débarquant , de eeUe maladie, que foo re–
mede augmenta tellement qu'il en mourut eo quatre·
jours.
voila I'abregé hillorique des plus fameux
char/atans.
Ce fu rcnt , cornme on
voie,
un
mUTqll
is
~tranger,
des
moines, des prEcIes, des nhbés , des payCans, mus gens
d'autam plus arrOrés du Cueces , que leur eonditioo é–
toit plus écrangere
ii
la ¡\lledecine.
L a charlat:mnerie
tnédiciDale u"cn
ni
moills
COlnmu–
oe oi moins aeeréditéc en Angleterre; il ell vrai qu'el–
le ne fe momre guere que Cur les places p.ubliques , ?u.
elle fait bien étaler
it
Con avamage la mallle du palrlo–
tifrne. Tour
charlatan
ell le premier patriOtc de .Ia na–
LÍon,
&
le premier medecin
du
m<?nde .
11
guént
co~tes les maladies, quelles qu'elles
.r0lel1~ ,
avee .fes Cpéel–
fiques ,
&
la bl "ld;élion de D,.,,;
e ell toaJoors Ul1e
des condi lÍan de l'affiohe.
Je me fouviens dit
M.
Addilfon, d'avoir va
a
H am–
merfmich un de
~es
patrioles, qlli diCoit un jour
a
Con
auditoire: " Je dais ma nailTance
&
mon édueatioo .
a
" cec endroit, je ¡':time
te~,dr.emelH; ~
en
~econl'101r.
" fallce des bienfaits qoe J
~I re~us ,
Je,
falS préfent
d'uo éeu
a
tOUS eelU qOl voudront I accepter " .
»
Ch~