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/

644-

ASP

Apres avoir fait cono07tre le bitume dc Judée, il

I1C

nous relle plus qu'" parler de ceHe forte de bitume

en gélléral,

,&

des

IIJphalees

de nos contrées: c'dl ce

qu'on trouvera ex pofé fon au long daus un mémoire

fait en t

750,

fur les mines

d'a(¡halte

en général ,

&

notamment fur eeHe dite

de la S"blonniere,

(ife dans

le ball de Lampersloeh, bailliage 'de Wanh, en baffe

Alfaee, entre Haguenau

&

Wiffenbourg, pour rendre

compte

a

M, de -Buffon, intendam du jardin dll R oi,

de eene nouvelle découverte,

&

de la qualité des

marehandifes qui fe fabriquem

a

la dite mine, pour

fervir

a

I'hijloire natllrelle, g/n/rale

&

parthllliere,

&e.

La premiere mine

d'aJphalte

qui ait été con nue en

Europe fous ee nom-Ja, efl eeHe de

Nellfehar~l,

en

SlIilfe, dans le val Travers: e'efl

a

M. de la Sablon–

niere, ancien thréforier des L igues Suilfcs , que I'on a

obligation de eene déeouvene. Monreigneur le due

d'Orléans, régem du royaume, apres I'analyfe faite des

bitumes fortam de eene mine, tit délivrer audit (ieur

de la Sablonniere, un arret du confeil d'état dll R oi,

par lequel il lui étoit permis de faire entrer dans le

royaume toutes les marehandifes provenanres de eene

mme, fans payer aueuns droits; eet arret efl tom au

long dans le diaionnaire du Commeree, au mot

4phnl–

te .

Les bitumes qui fortcnr de eene mine font de

meme nature que eeux qui fe trouvent

a

celle de

la

Sablonniere; avee eene différenee que eeux de la mi

De de Neutchitel om filtré dans des roehers de pier–

res propres

¡,

faire de la ehaux,

&

que ceux d'Alfaee

coulent dans un bane de fable fort profond en terre,

011

il fe trouve entre deux lits de terre glaife: le lit

fupérieur de ees mines efl reeou vert d'un ehapeau ou

bane de pierre ooire, d'un

¡¡

deux piés d'épailTeur, qui

fe fépare par feuilles de I'épaiífeur de I'ardoife. La pre–

roiere glalfe qui touehe

a

ee bane de pierte efl auffi

par femlles: mais elle durcit promptemem

a

I'air,

&

relTemble alfez

a

la ferpemine. La mine de Neufehft–

tel, en Suilfe, n'a poiot été approfondie; on s'efl eon–

tenté de calfer le roeher apparent

&

hors de terre. Ce

roeher fe fOlld au feu;

&

en

y

joignam une dixieme

panie de poix , on forme un cimem ou maflie qui du–

re éternellemem dans I'eau,

&

qui y efl impéoélrable:

mais

iI

ne faut pas qu'il foit expofé

a

fee a I'ardeur

du Coleil, paree qu'il mollit au ehaud

&

durcit au

froid. Ces deux mouvemens alternes le détaehenr

a

la

fin de la pierre,

&

la foudure du joint ne tiem plus

~'eau.

C'efl de ee eimen,t que le prineipal baffin du

~ardin

du R oi a été réparé en

1743.

(depuis ee tems

J ufqu'aujourd'hui, il ne s'efl poim dégradé . ) C'ell auffi

la bafe de

la

eompo(ition avee laquellc fom réunis les

m arbres

&

les bronzes d'un beau vafe que M. de la

Sablonniere a eu I'hollneur de préfenter au Roi en

1740:

c'efl parcillement de ee ciment ou maflie que

ron a réparé les baffi lls de Verfaillcs, L atone, I'are de

T riomphe

&

les :lUtreS,

m~me

le beau vafe de marbre

blalle <lui el1 dans le partere dll nord a Verfaillcs, fur

lequel efl en relief le facriticc d' lphigénie.

En féparam ces huiles ou bitumes de la pierre

a

chaux, elles fe trouvem pareilles 11

eelles que I'on fa–

brique aéluellement en

Alr.~ee :

mais la féparatiou en

efl beaueoup plus dittieile, paree que les petites parties

de la pierre

a

chaux (om

(i

tines, qu'on ne peut tirer

I'huile pure que par I'alembie; au lieu que eelles d'Al–

faee, qui 001 filtré dans un baile de fab le, quinem fa–

cilement le fable tlom les partics fom lourdes ; ce fa–

ble détaehé par I'eau bouillame, fe précipite au fond

de

la

eh¡¡udiere

011

il reae blanc,

&

I'huile qu'¡¡ eoo–

tenQit furnage

&

fe fépare fans peine de I'eau, avee le

[/Paratoire .

Pour dire tout ce que I'on fait de la mi–

ne

d'afphaltt

de N eufehatel, e'efl de eelle-Ia que M.

de la Sablonniere a fait le pilfafphalte avee lequel il a

caréné, en

1740,

le

M ars

&

la

Renommée ,

vaiífeaux

de la eompagnie des lndes, qui fom partis de l'Oriem,

le premier pour PondieherJ'

&

le fecond pour Benga–

le. II efl vrai que ees eUI vaiífeaux om perdu une

partie de leur earenne dans le voyage, mais ils fom re–

venus

a

I'Oriem bien moins piqués de vers que les au–

tres vailfeaux qui avoient eu

la

earenne ordinaire. Il

n'efl pas nécelfaire d'en dire davantage fur la mine de

N eufehíltel; revenOllS 3 eelle d'

Alr.~ec.

Elle a été déeouverte par Ca fomaine minérale, nom–

mée en allemand

baclulbrotln,

ou

Jontaine de poix .

11

Y a plulieurs auleurs aneiens "lui om éerit fur les

qualités

&

propriétes des eaux de cene fomaine, dom

le fameux doaeur Jacques Théodore de Saverne,

me–

decia de la ville de W orms, fai l un éloge intini; foa

ASP

Ii\'re en en allemand, imprimé a Frnnefort en

Ij88;

il traite

da bain¡

ti

ea/lX minlrales

&

dit des cho–

fes admirables de la

~

maine

no mmé~

bnckelbror/tl .

JI

efl vrai que les eaux de eeue fomain e

0 111

de grandes

propriétés ,

&

que tous les jours elles fOn! des guéri–

fons furprenames, les gens du pays la bQvant avee eo n,

tianee quand i1s fom rnalades, Si eene fontaine s'étoit

trouvée

a

ponée de la I'ille de L ondres, quand les

eaux de goudron

y

om eu une

(i

grande vogue, fes

e3UX

feules auroiem fai t un revenu eonlidér.lble. 11 el1

eqnaam que c'efl une can de gaudron naturel, qui ne

porte avee clle que des parties balfamiques, elle fent

pcu le g.oudron ; elle efl elaire comme I'cau de roehe,

&

n'a prefque pas de féd imcm: cependam elle réehauf–

fe I'ellomae, tient le ventre libre,

&

donne de 1':1p–

petit en en buvam trojs ou quatre verres le matin

ii

jeun; il Y a des gens qui n'en boivem jamais d'au–

tre,

&

fe portem

a

merveil1e. Les bains de cene eau

fom trcs-bons pour la galle

&

les maladies de la pcau.

C'efl done eene fontaine qui a indiqué la mine d'a–

fphnlte

011

M. de la Sablonniere travajlle aauellcment :

elle charrie dans fes eanaux foQterrain s , un biturne noir,

&

un huile rouge, qu'ellc pouífe de tems en tems fur

la fupertieie des eaux dé fon bamn; on les vojr mon–

ter :\ touS momens

&

former un bouillon; ees huilcs

&

bitumes s'étendem fur I'eau,

&

on en pem ramaífer

touS les jours dix

a

dou?e Iivres, plus eependam en

été qu'en hyver, Quand il y en a pea,

&

que le fo–

leil donne fur la fomaine, ees hu iles om toutes les

eoulcurs de

I'are-~n-ciel

ou du prifme; elles fe nuan–

cent

&

om des veines

&

des eontours dans le gout de

eelles de I'albarre, ee qui fait eroire que

(j

elles fe ré–

pandoient fur des tufs ciurs

&

propres

iI

fe pétritier,

elles les veineroiem eomme des marbrcs. Le baffin de

eene fontaine a dou'¿e piés de diametre d'un fens fur

quin?e de I'amre; c'efl une efpeee de puifard qui

ea

revetu emiererncm de buis de charpcnte;

il

a qua–

rame-einq piés de profondeur: la tradition du pays dit

qu'i l a été creufé dans I'efpérance d'y trouver une mi–

ne de euivre

&

d'argem; on en trouve e!teaivement

des indiees par les mareaffi{es qui font au fond de cotte

fomaine : M . de la Sablonniere I'a fait vuider; I'ouvra–

ge en bois étoit

(i

aneicn

& .

(j

ponrri, '1u'une partie a

eroulé avam que la fontaine ait été remplie de nou–

veau; elle eoule cependaut

:l

I'ordinaire,

&

jcne fon

bitume comme aupnravam.

A ecut fóixante, toifes de cene fomaine, au nord,

M. de la Snblonniere a fait ereufer un puifard de qua–

rante'eil1q piás de profondcur, qu'il {\ fait , rev etir en

bois dr ehene '

il

s'y efl reneontré plulieurs veines d'n–

(¡barte

ou

bit~me,

mais peu riches; eelle qui s'e11 trou–

vée

a

quarame-cinq piés efl fon graife; elle en en

plnellte,

mais eependam or¡dée datls fa partie fupérieu –

re, c'ell-a-dire qu'elle a C¡uelquefvis (ix piés d'épailfeur,

&

quelquefois elle fe r'éduit

a

moins d'un pié, puis

elle

augm~me

de nouveau; fa bafe el! [QQjours fur une

ligne droile horifonrale de I'efl

a

I'ouefl,

&

qui plonge

du midi au nord;

a

fa partie Cupérieure eft une efpeee

de roe plat d'un pié d'épaiífeur, qui efl par fcuilles eom–

me l'ardoife; il tiem par-delfus

a

une terre glaife qui

relfemble alfez a la ferpemine .

A fa parne inférieure fe trouve un

r.~ble

rougeatre qui

ne eOl1!lem qu'une huile moins noire que eelle de la

mine, plus pure

&

plus tluide, qui a ecpendant toUles

les memes qualités; ce fable rouge fen

a

faire I'huile

de Pétrole, de meme que le roeher qui fe trouve hors

de terre,

&

qui a la meme couleur.

Pour donner une idée de eet(e mine,

iI

efl néeef–

faire de dire qu'dle efl d'unc étendue immenfe: puif–

qu'elle fe déeouvre

a

pres de fix licues a la ronde:

depuis I'année

1740,

que M. de la Sablonniere

y

fait

travailler , on n'en a pas vuidé la huitieme partie d'un

arpeor 3 un feul lit, qui efl aaucllemem foixame piés

environ plus bas que la fupcrticie de la terre,

&

I'on

n'a pas touehé auX trois Iírs ou banes qui fom fupé–

ríeurs

¡,

eeJ ui

011

I'on travaille aél:uellemem; ee lit eH:

de plus de foixame piés plus élevé que eelui que 1'9.\1

a découven au fond de la fomaine dite

bnckelbr"'n ,

&

iI

s'en trouve deux lits cmre l'un

&

I'autre -: mais '

il Y a grande apparenee qu'a plus de eent piés au-deC–

fous de ee dernier lit, il Y a encore plu(iellrs banes in–

ti nimem plus riehes

~

plus gras; qn en juge par ce

qu'on a dérouyen avee la Conde,

&

par I'huile que'

cene fomaine eharrie au fond de fa COllree; les mar..

e"ffites

y

fom les

m~mcs;

elles fom ehargécs de Cou.–

fle, de bitume,

&

de petites pailleues de euivre . O o

y

trouve auffi quelques morceaux de charboo de terreo

qui