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ASI

f~itre

pas de p",oltre de cent

fa~Ell\s

différente!, felon

la diverfité des objers ou elle tombe, ou Celon les dí–

verCes couleurs

&

figures des verres par

01'1

elle parre,

lis oc vous paycrol1r, dis-je, que de ces Corres de com–

paraifons, qui o'ont aucun rapport avec Dieu,

&

qui

ne

Cont bonlles que pour jener de la poudre aux yeux

d'un peuple ignorani;

&

11

ne faut pas eCpérer qu'ils

r épliquent folidell¡ent, li on leur dit que ces fioles Ce

t~ouveroient

véritablemeot dalls une cau Cemblable, mais

non pas dans la mc!me;

&

qu'il y • bien dans le mon–

de une lumiere rcmblable,

&

non pas la meme ;

&

ainli

de tant d'autres objeéHollS qu'on leur fair. lis revien–

flent toujours aux memes comparaiCoos, aux belles pa–

-roles, ou, comme les Soufis, aux belles poéCies de leur

GOltlt-hen-r<Jz. .

Voila la doarine des Pendets, gentils des Indes;

&

c'eft cette

m~me

doarine qui fait encore

a

pr¿fent la

cabale des Soufis

&

de la plupart des gens de lemes

p~rfans,

&

qui fe rrouve expliquée en vers perfiens, fi

relevés

&

fi emphatiques daos leur

G;oult-hen-ra::.,

on

parterre del myft.res.

C'érolt la doarine de Fludd,

que le célebre Ga{fendi a fi doaement réfutée; or pour

peu qu'on connoi/Te la doarine de Zoroal!re

&

la Phi-

10Cophie orientale, on verra clairement qu'elles ont don–

né nai{faoce a celle dont nous veoons de parler.

Apres les Perres viennent les Tartares, dont I'empi–

re etl le plus érendu dans l'Afie; car ils occupent rou–

re I'étendue du pays qui efl entre le mont Caueare

&

la Chine. Les relatioos des voyageurs fur ces peuples

fom fi incertaines, qu'i! efl extremement difficile de fa–

roir s'ils ont jamais eu quelque teinture de philofophie;

on Cait feulemem' qu'ils croUpirrenl dans la plus grof–

fiere fuperílition,

&

qu'ils font ou mahométans ou ido–

mtres . Mais comme on trouve parmi eux de nombreu–

fes communautés de prctr6s qu'on appelle

lamas ,

on

peut demander avec raifon s'ils font auffi ignorans dans

les fciences que les peuples groffiers qu'ils font char–

gés d'inflruire: on ne trouve pas de grands éclairci{fe–

meos fur ce fujet dalls les auteurs qui en ont parlé.

Le culte que ces lama, rendent aux idoles , efl fondé

fur

ce qu'ils croyen¡ qu'elles font les images des éma–

vations divines,

&

que les ¡ames qui font aufli éma–

nées de Dieu, 'habiten< dans elles' T

OlIS

ces lamas oot<

Clu-de{fus d'eux un grand-pr!!'re appellé

1,

grand-Iama

qui fait fa demeure ordinaire fur le Commet d'une

mon~

tagne . On ne Cauroit imaginer le profond reCpea que

I ~s

Tartares idolatres om pour lui

~

ils le regardeot

comme immortel,

&

les pretres Cubalternes entretien–

nem cette erreur par leurs fupercheries. Enfin rous les

v oyageurs <;Qnvieonent que les Tartares font de tDus

les peuples de

l'

Alie les plus grofliers , les plus

igno~

rans

&

les plus

lupedlilieu~ ;

la loi naturelle y

el!:

pref–

qu'éteinte: i! oe faut donc pas s'étonner s'ils om faíl

peu de progres dans la Philofo.phie .

Si de la Tartarie on pa./Te dans les lodes, on n'y

~rouvera

guere moins d'ignorance

&

de fuperftition,

jufques-la que quelques auteurs ont eru que les Indiens

n'avoient aueuoe connoiaance de D ieu . Ce fentiment

ne nous parplt (las fondé. En effet, Abraham Rogers

raeonte que les Bramins reeonnoitTent un feul

&

fupre–

me Dieu, qu'ils nomment

f7ij1n ou;

que la premiere

&

la plus ancienne produaion de ce D ieu, étoit une di–

vinité

infé¡i~ure

appellée

Brama,

qu'il forma d'une fleur

qui flottoit fur le grand abyline avant la eré'ation du

monde; que la vertu, la fidélité

&

la reconnoi{fanee

de Brama al'oiem élé

fi

grandes , que V i(lnou I'al'oit

doüé du pouvoir de créer l'univers. Le détail de leur

doarine eft rapporté par différens auteurs avec une va–

riété fort embarra!lill1te pour eeux qui cherehent a dé,

meler la vérité; variété qui vient en partíe de ce que

les Bramins font fort r(!fcrvés avee les étrangers, mais

principalemem de ce

ql!~

les voyageurs Com peu verCés

dans la langue de ccux dont ils Ce mélent de rapporte(

les opinions: mais du moins

iI

eft

conl!~nt

par les re–

lations de touS les modernes, que h;s Indiens reconnoi(–

fem une ou

plulieu~s

divinirés

Nous ne devoos point oublier de parler ici de Budaa

óu Xekia, li célebre parmi les l udiens, auxquels il en–

[eigna le culte qu'on doit rendre

a

la Divlnité,

&

que–

ces peuplc.s rcgardem comme le plus grand philo(ophe

qui nit jamais exiflé. Son hil!oire fe trouve li remplie

de fables

&

de contradiél;ions, qn'i! feroit impofli ble de

les .

Qon~ilie~ .

Tour ce que I'on peut conelure de la,

diverfité des

f~ntimcns

que_ les auteurs ont eus

a

fon

fUJet, c'efl que Xekia parut dans la parrie méridionale

des

1nd.es

,

&,

qu'¡¡ fe montra d' abord aux peuples qui

babitoieDt furo les rivaKes de l'Océao. que dt;-Ia

ü

e~"

ASI

639

voya res diCciples dan, loutes les IlIdes, ou ils répan–

direm fa doa rine.

L es lndicns

&

les Chinois atte(lem

un~nimement

que

cet impo fteur avoit deux Cortes de doarines; I'une fai.

te pour le peuplc; )'3tHre Ceerete , qu' il ne révéla qu'a

guelques-uns de

Ces

difciples. L e Comte, la Loubere.

13eroier,

&

Cur-tout Kempfer, non ont fuffifamment

in(lruits de la premiere qu'on nomme

,xotlrir¡11<

.

Ell

voici les principaux dogmes.

1°.

l1 Y

a une différcnce réelle entre le bien

&

le

mal.

Les ameS des hommes

&

des

anim~ux

font Im–

mortelles,

&

ne different entr'elles qu" raifon des Cujets

ou elles fe trouvent.

3· .

Les ames des hommes féparées de leurs corps,

re~oiveut

ou la réeompenre de leurs bonnes aaions

dans un féjour de délices, ou la punition de leurs crí–

mes dans un féjour de douleurs .

. 4°.

L e fc5jour des bieni,leureux eft un lieu ou ils goQ–

terOtl[

UD

bonheur qui ne fioira polnt,

&

ce lieu s'ap–

pelle pour cela

gokurakf.

S·.

L es dleux differem entr'eux par leur nature ,

&

les ames des hommes par leurs mérites; par conCéquent

le degré de bonheur dont elles jo ilirom d.ans

ces

champs

élyIées, répondra au degré de leurs méntes : cependant

la merure du bonheur que ehacune d'emr'elles aura en

part~ge

fera fi grande, qu'elles ne fouhaiteronl point

d'en avolr une plus grande.

6·.

Amida el! le gouverneur de ces lieuK heureut,

&

le proteaeur des ames humalnes , fur-tout de celles

qui fom deftinées

a

joüir d'une vic éternellcment heu–

reuCe: c'eft le Ceul médiateur qui puitTe faire obtenir aUJe

'hommes la rémiffion de leurs péchés

&

la vie éter–

nelle .

(Plufieurs [ndienI

&

r¡ue/r¡ue!

e

hinois rappor–

l.nt

cela

ti

Xekia It,i-méme . )

7·.

Amida D'aecordera ce bonheur qu'a eeux qui au–

rom fuivi la loi de Xekia,

&

qui auront mené uoe

vie vertueufe.

g•.

Or la loi de Xekia renferme cinq préceptes gé–

nera,ux, de la ,pratlque defquels dépend le falut

~ter­

nel : le premier, qu'il ne faut rien tuer de ce qUl

ea

animé :

2.••

qu'iI ne faut rien voler:

~

•. qu'il faut évi–

ter l'incefte:

4·,

qu'il fam s'abllenir du menronge:

S·,

&:

fur-ro'ut des liqueurs fortes . Ces cinq préeeptes font

fort célebres daos route l'Alie máidionale

&

orienta–

Ic. Plufieurs letrrés les ont commentés

&

par eonCé–

quent obfcurcis; car on les a diviCés en dix conCeils

pour pouvoir acquérir la perfeaion de la vertu . Cha–

que conCeil

a

été fubdivifé en cinq

go fiakkai

ou inflru–

étions p!lrticulieres, qui om rendu la doarine de Xekil.

extremement Cubtile .

9\

Tous les. hommes, lant féculiers qu'eccléfialli–

ques, qlli fe ferom rendus indignes du bonhellr éternel

par l'iniqulté de leur vie, Cerom envoyés apres leur

mort dans un neu horrible appellé

dfigokf ,

ou ils fouf–

frirom des [Qurmens qui ne feront pas éternell; mais qui

durerom un cerrain

tem~

lndéterminé. Ces tourmelli

répondron! a la grandeur- des crimes,

&

feront plus

grands

a

merure qu'on aura trouvé plus d'occallons de

pratiquer la vertu,

&

qu'on les aura oégligées.

tO·.

Jemma O el! le gouverneur

13(

le juge de ce'

prirons aflreuCes; il examinera toures les aaions des

hommes,

&

les punira par des rourmens diflérens.

11·.

Les ames des damnés pcuvent recevoir queJque

íbulagcment de la vertu de leurs parens

&

de leurs

a~

mis ;

&

iI

n'y a rien qui pui(fe leur erre plus utile- que

les prieres

&

les Caerifi ces pour les morts, faits par

le~

pr€tres

&

adre{fés au grand pere de, mirérieordes,

A–

m ida.

12·.

L 'intereeffion d' Amida fait que l'inexorable ju,

ge des enfers tempere la rigueur de- fe-s arréts,

&

rend

les Glppliees

d.es

damnés plus fupportables , en Cauvant

pourtant Ca ju()ice,

&

qu'i! les renvoye dans

1<:

mon–

de le plutÓr qn'il dI; poflible.

13".

Lorfque les ames. auront ainli, été puriñées, el–

les feront tenvoyées dans le monde pour animer eo–

core des corps, non pas des corps humains, mais les

eorps des animaux imrnondes . dont la nature répon–

dra aux vices qui

avoi~n(

illfeaé. les damnés pelldant

leur vie.

14·.

Les ames pa{ferom fllcceffivernent des corps vil,

dalls des corps plus nobles juCqu'a ce qu'ejles médtent

d'animer

encor~

un e0rps humain, dans. ¡equel elles

puiffent mériter le bonhcur éternel par une vie irrépro–

ehable.

Si

au contraire elles commettent encore des -

crimes, elles fubiront les mémes' peines la méme tranf–

migration qu'auparavam.