xx.xviij
DISCOUR:r PRELIMINAIRE
teur. ayant été
re~u
de toute l'Europe avec les plus grands éloges. je vais en
fon nom le remettre id de nouveau fous les yeux du Public. avec les change–
mens
&
les additions qui nous ont paru convenables
a
l'un
&
a l'autre,
ON
NE PEUT DISCONVENIR
que depuis le renouvellement des Lettres parmi
nous, on ne doive en partie aux Ditnonnaires ,les
lumi~res.
sén.éra}es qui fe font
répandues dans la focieté,
&
ce germe de SClence qUl dl[pole mfenfiblemen,t
les efprits
a
des connoilfances plus profondes , 'L'utilité fenfible de ces fortes
d'ouvrages les a rendus fi communs,
~ue
nous fommes pleltót aujourd'hui dans
le cas de les jufl:ifier ' que d'en faire 1éloge. On prétend qu'en multipliant les
fecours
&
la facilité de s'infiruire, ils contribueront
a
éteinure le gout du tra–
vail
&
de l'étude. Pour nous, nous croyons erre bien fondés a foutenir que
c'efl:
a
la manie du bel efprit
&
a
l'abus de la Philofophie, plürót qu'a la multitu-
de des Diétionnaires, qu
'il
faut attribuer notre parefie
&
la décadence du bon
gour, Ces fortes de collettions peuvent tour au plus fervir a donner quelques
lumieres
a
ceux quí fans ce fecours n'auroient pas eu le courage de s'en pro–
curer: mais elles ne riendronr jamais' lieu de Livres
a
ceuiX qui chercheronr
a
s'inHruire ;' les Diél:ionnaires par leur forme meme ne font propres qu'a 'erre con–
fultés,
&
fe refufent
a
toute leaure fuivie. Quand nous appre,ndrons qu'uo:. hom–
me de Lettres, defirant d'étudier l'Hifl:oire
a
fond, aura choiü pour cer objet '
le Diaionnaire de Moreri, nous conviendrons du reproche que 1'0n veur nous
faire. Nous aurions pellt-etre plus de raifon d'attribuer l'abus prétendu dont on
fe plaint, a la
rpult.ip¡-¡cation des méthodes, des élémens, des abregés,
&
des
bibliothe9,ues, fi nous n'étions perfuadés qu'on ne fauroit trop faciliter les mo–
yens de s infl:ruire. On abregeroit encore davantage ces moyens, en ·réduifant
a •
quelques volumes tout ce que les
ho~mes
ont déceuvert jufqu'a nos jours dans
les Scienccs
&
dans les Arts. Ce proJet, en y comprenant meme les faits hi–
ftoriques réellement utiles, ne feroit peut-etre pas impoffible dans l'exécution;
il
feroir du moins a fouhaiter qu'on le tentat, nous ne prétendons aujourd'hui
que l'ébaucher;
&
il
nous débarralferoit enfin de tant de Livres, dont les Au–
teurs n'ont fatt que fe copier les uns les autres, Ce 'lui doit nous ralTurer con–
tre la fatyre des Diél:ionnaires, c'efi gu'on pourroir falre le meme reproche, fur
un fondement auffi peu folide, aux Journaliíl:es les .plus eftimables, Leur but
n'efl:-il pas elTentiellement d'expofer en racourei ce que notre fieele ajoute de
lumieres
a
celles des fiedes précédens ; d'apprendre
a
fe palTer des ol'iginaux,
& d'arracher par conféguent ces épines que nos adverfaires voudroienr qu'on
lailfat? Combien de leél:ures inutiles dont notls nous ferions difpenfés par de
bons extraits!
Nous avons done cru qu'il importóit d'avoir un Diaionnaire qu'on pút con–
fui ter fuI' toutes les matieres des Arts
&
des Sciences,
&
gui iervlt autant
a
guider ceux qui fe fentent le courage de travailler
a
l'infrruél:LOn des autres, qu'
a
éelairer ceux qui ne s'infiruifenr que pour eux-memes,
]ufgu'ici perfonne n'avoit
COil~U
un Ouvrage auffi g.rand, ou du moins per–
. fonne ne l'avoit exécuté. Leibnirz, de tous les Savalls le plus capable d'en fen–
tir les difficultés, deíiroit qu'on les
furmont~t
, Cepandant on avoit des Ency–
elopédies;
&
Leibnitz ne l'ignoroit' pas, lorfqu'il en demandoit une.
La plupart de ces Ouvrages parurent avant le íieele dernier, & lÍe furent pas
tout-a-fait méprifés. On trouva que s'ils
n'annon~oient
pas beaucoup de génie,
ils marquoient au moins du travail
&
des connoül¡mces, Mais que Jeroir-ce pour
nous que ces Encyelopédies? Quel progres lú-t-on pas fait depuis dans lt::s
Sciences
&
<fans les Arts? C9mbien de ,érités découvertes aujourd'hui, qu'on
n'entrevoyoit pas alors? La vraie Philofophie étoit au berceau; la Géomérrie
de !'infini h'étoit pas encore; h Phyfique expérimentale fe montroir
a
peine;
il
n'y avoit point de Dialeétique; les lois de la faine critique étoient ent'ieJ'e–
ment ignorées. Les Auteurs oélebres en rout genre dont nous avons parlé dans
ce Difcours,
&
leurs illufrres difciples, ou n'exill:oient pas, ou n'avoient pas é–
crit. L'efprit de recherche
&
d 'émulation n'animoit pas les Savans; un autre
efprit moins fécond peut-etre, mais plus rare, celui de jufieife
&
de mérho–
de, ne s'étbit poil1t foúmis les différentes parties de la Littérature;
&
les _\ca-
. démies , dont les travaux out porté fi loin les Sciences
&
les Arts, n'éroient
pas infl:ituées.
Si les découvertes des grand.s hommes
&
des compagnies favantes dont nous
venom de parler, ofhirent dans la fuite de puilTans fecours pour former un
Diaion-
.'