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pour ainíi dire l'exifrence de ces caufes, en déterminaht exaétement les effets
,qu 'elles peuvent produire,
&
en comparant ces eftets avec ceux que 1'expérience
nous découvre. TOllte hypothHe dénuée d 'un tel fecours acqui ert rarement ce
degré de certitude, qll'on doir toujours cherchcr dans les Sciences naturelles,
&
qui néal'lmoins fe truove íi peu dans ces conjeétures frivoles qu'on honore du
'nom de Syíl:emes . S'il ne pouvoit
y
en avoir que de cette efpece, le principal
mérite du Phyl.icien feroit,
a
proprement parler, d'avoir l'efprit de Syíl:eme,
&
de n'en faire jamais . A l'égard de 1'ufage des
Sy.íl:emes dans les autres Sciences,
mille expériences prouvent combien il efr dangereux.
La Phyfique eíl: donc uniquemcnt bornée aux obfervatiollS
&
aux calculs; la
Médeeine a 1'hiíl:oire du corps hUl1lain, de fes maladies,
&
de leurs remedes;
l'Hiíl:oire Naturelle
a
la defcription détailIée des végétaux, des anil1laux,
&
des
minéraux; la Chimie
a
la compofition
&-
a· la décompofition expérimentale des
corps ; en un mot toutes les Seiences, renfermées dans les faits autant qui leur
eíl: poffible ,
&
dans les conséquences CJ,u'on en peut déduire, n'aceordent riep
a
l'opinion, que quand elles y font foreees. ]e ne parle point de la Géol1létrie,
de
l'
Afitonomie,
&
de la ,Méchanique, defi.inées par leur nature
a
aller toújours
en fe perfeaionnant de plus en plus.
On abufe des meilleurs chofes. Cet efprit philofophique, fi
a
la mode au–
jourd'hui, qui veut tout voir
&
ne ricn fuppofer, s'eíl: répandu jufque dans les
Belles-Lettres; on prétend meme qu'il eíl: nuifible
a
leur progres,
&
il eíl: dif–
ficile de fe le diffimuler. Notre fiecle porté
a
la eombinaifon
&
a
1'analyfe, fem–
ble vouloir int1'oduire les difcuffions froides
&
didaaiques dans les chofes de fen–
timent. Ce fl'eíl: pas que les paffions
&
le gout n'ayent u,ne Logique qui leur
appartient: mais cette Logique a des príneipes tout diftérens de ceux de la Lo–
gique ordinaire: ee font ces príncipes qu'il faut démeler en nous,
&
e'eíl:, il
faut l'avoüer, dequoi une Philofophie eommune eíl: peu capable. Livrée tout
entiere
a
1'examen des pereeptions tranquilles de l'ame, il lui eíl: bien plus
fa~
eile d 'en démeIer les nuanees que eeHes de nos paffions, ou en $énéral des fen–
timens vifs qui nous afteéient.
H~
eomment eette efpece de tentimens ne [e–
roir-eHe Jllas diffieile
a
analy[er avee jufieffe? Si d'un coté il faut fe livrer
a
eux
pour les connoltre, de l'autre, le tems Ol! l'ame en eíl: affeétée, eíl: celui ou elle
peut les étudier le moins.
11
faut pourtant convenir , que cet efprit de difeu1Iion
a cOntri1lUé
a
affranehir notre littérature de 1'admiration aveugle des Aneiens;
il nous a appris
a
n'efrimer en eux que les beautés que nons ferions contraints
d'admirer dans les Modernes . Mais e'eíl: peut-etre auffi
a
la meme fource que
nous devons je ne fais quelle Métaphyfique du ca:'ur, qui s'eíl: emparée de nos
théatres
j'
s'{l
ne faIloit pas J'en bannir entierement, eneore moins falloit-il 1'y
lailrer rcgner . Cette anatomie de l'ame s'eíl: glifsée jufque dans nos eonverfa–
tions; on y differte, on n'y parle plus;
&
nos fociétés ont perdu leurs prinei–
paux agrémens, la ehaleur
& '
la gaieté.
Ne toyons done pas étonnés que nos Ouvrages d'efprit foient en général in–
férieurs
a
eeux du {¡eele préeédent. On peut meme en trouver la raiíon daos
les
e~orts
que nous faifolls pour furpaffer nos prédéceíIeurs. Le {l:out
&
l'art
d 'écnre
font
en
pcu de tems
des progres rapides, des qu'une fois la véritable.
ro~te
eíl: ouverte :
11 ,
peine un gra!,ld .gé?-ie a-t-il entrevú le beau, qu'il
1'apper~
~Olt
dans toure ron etendue;
&
1
ImltatIOn de la belle Nature [emJ)le b0rnee a
de eertaines limiEes qu'une génération, ou deux tout au plus, out bien-tot at–
teintes: il ne reíl:e
a
fa .génération [ui,vante que d'imiter: mais elle ne
[<;
contente,
pas.
de ee partage ; . l:s ric,hefles <J,u'eUe a aoquifes al1torifent le defir de les ac–
erOItre; elle veut aJouteF
a
ee .qu elle a reyu,
&
manque le but en cherehanr
a
le p.ffer: On a donc tout
a
la fois plus de príncipes pour bien juger, un plus
g:-and . fond, de
l~mieres~.
plus de bons juges,
8;
moíns. de bons Ouvrages; on ne
dlt pomt d un Llvre qu
11
ea bon, rpalS que e ea
le
Llvre d'un homme d'efprit ,
C'eíl: ain{i que le fieele de Démétrius de Phalere a [uceédé immédiatement
a
ee–
hú
de Démofihene, le fiecle de Lueain
&
de Séneque
a
eelui de Cieéron
&
de
Virgile ,
&
I
le norre
a
eelui de Lonis
XIV.
.
Je ne parle iei que du fieele en général: eal' je fuis bien éloigné de faire la
[~tyre
de quelques hommes d'un mérite rare avee qui nous vivons. La eonfritu–
tl on phyfiqult du monde litteraire entralne, eomme eeHe du monde marérie1 des
révol~tions fOl:c~es,
dont il feroit auffi ínjufie de fe plaindre que du ehangem.ent
des [mfons. D ailleurs eomme nous devons au fieele de Pline les ouvrages adl;rma–
bles de Quintilien
&
de. Tacire, que la génération précédente n'auroit
peut-e~re
E
2,
pas