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•
xliv
DISCOUR S PRELIMINAIRE
bérs
I1'~ p~'ef~ue
den
ajout~
a
cé
qu'~
a tradult de nos Auteurs. Tout HOUS
¿étermlnOtt donc
a
recounr aux ouvners:
On s'eít adre!1e aux plus habiles de París & du Royaume ; on s'efl: donné la
peine d'aller dans leurs atteliers, de les interroger, d'écrire fous leul' diétée, de
développer leurs penfées
~
d'en tirer les termes propres
a
leurs pro1'effions, d'en
dreífer des tables, & de les définir, de cOllverfer avec ceux de qui on avoit ob–
tenu des mérnoires,
&
(précaution prefque indifpeñfable) de ret"Hfier dans de
longs & fréquens entretiens ávec les uns, Ce que d'autres avoient imparfaite–
me!lt, obfcurément; & quelquefois infidelement expliqué '. I1 eJ!: de,s
.Artii1:~s
qm font en mcme tems gens ae Lettres,
&
nous en pournons clter lel; IDalS
le nombre en feroit fort perit. La pltipart de ceux qui exercenf les Arts mé–
chaniques; ne les ortt embraífés que par néceffité, & n'operent que par infrinét.
A peine entre mille en
trouve~t-on
une douzaine en érat de s'expnmer avec guel–
que clarté fuI' les ini1:l'umens qu'ils employe-nt & fuI' les ouvrages qu'íls
fabri~
<I.uent, Nous aVOl1S vu des ouvriers qui travaillent depuis ' quarante années, fans
nen cQDl1o'itre
a
leurs machines.
Il
a
fallu exercer avec eux la fonéHon dont
fe glorifioit Socrare, la fonétion pénible & délicate de faire accoueher les efprits,
objfetrix a,úm(¡rtem
.
•
Mais il
dI:
des métiers
fi
fmguliers & des manreuvres
fi
déliées, qu'a moins
de travailler foi-meme, de mouvoir une machine de fes propres mains,
&
de voir
l'ouvrage fe former fous fes propres yeux, il efi difficile d'en parler avec pré–
cifion.
Il
a done fallu plufieurs fois fe procurer les machines, les con{\J:uire,
mettre la main
a
l'reuvre ; fe rendre , pOU1' ainli dire, apprentif, & fau'e foi–
meme de mauvais ouvrages, pour apprendre aux aurres comment on en fait de
bons.
C'ei1: ainli que nous nous fommes cónvaincus de l'ignorance dans laqueIte on
efl: fur la plüpart des objets de la vie, & de la difficulté de fonir de cette igno–
rance . C'efl: ainfi que noús nous fommcs mis en étar
de
démontrer que l'hom–
me de Letrres qui fair le plus fa Langue, ne conno'it pas la vingtieme panie
des mots; que quoique chaque Art air la fienne, cette langue ei1: encore bien
imparfaite; que c'ell par l'extreme habitude de converfer les uns avec les au–
tres, que les ouvriers s'entendent, & beaucoup plus par le retour des conjon–
aures que J.'ar l'ufage des termes. Dans un attelier c'ei1: le moment qui parle,
&
nOl1 l'artille.
Voici la méthode qu'on a fuivie pour chaque Art. On a trairé:
1".
de la tna–
tiere, des lieux ou elle fe trouve, de la maniere dont on la prépare, de fes
bonnes & mauvaifes gualités, de fes différentes efpeces, des opérations par lef–
quelles on la fait paífer, foit avant que de l'employer, foir en la mettam en
reuvre.
2:.
Des principal1x ouvl'ages qu'on en fait, & de la maniere de les faire.
3··
On
a
oonné le nom, la defcription
j
& la figure des outils & des
maehí~
nes, par pieces détachées & par pieces aífemblées; la coupe des moules
&
d'au–
tres. infl:rurnens, dont il efl:
a
propos de conn01tre l'intérieur, leurs profils, &c.
4 ·
On a expliqué
&
repréfemé la main d'retivre & les principales opérations
dans une ou pluúeurs planches, ou I'on
voit tamot
les mains feules de l'Artii1:e,
tantot 1'Artifl:e entier eh aétion, & travaillant
a
l'ouvrage le
plus
importanr de
fon art.
5· ·
On a reeueilli
&
défini le plus exaétement qu'il a été poffible les termes
propres de
l'
Arr .
Mais le peú d'habitude qu'on a
&
d'écrire
&
de lire des écríts fur les Arts,
rend les chofes difficiles
a
expliquer d'une maniere intelligible. De-la na'it le
befoin de figures . On pourroit démontrer par mille exemples, qu'un DiBion–
naire pur
&
limpIe de définitions, quelque bien qu'il foit fait, ne peut fe paífer
de figures
j
fans tomber dans des de[criptions obfcures ou vagues; combien done
a
plus forte raifon ce feeours ne noUs étoit-il pas néceflaire?
Uh
coup d'reil fur
l'objer ou fur fa i'epréfentation en dir plus qu'une page de difcours.
9
n
a
envoyé
d~s Deffin~
teu.rsdans. les
attelier~.
On
~
pris l'efquiífe des ma–
chilles & des outIls. On
11
a nen omlS de ce qUl pOUVOlt les montrer difl:inéle–
ment aux yeux . Dans le cas ou une macbine ménte des détails par l'importan–
ce de fon ufage & par la multitude de fes parties, on a paíle du fimple au com–
pofé. On
,1
commeneé par aíTembler dans une premiere figure autant d'élémens
qu'on en pouvoit appercevoir fans confulion. Dans une "feconde figure, on voit
les memes éJémens a-vec quelques autres . C'eíl: ainfi qu'on a formé fueceffive-
ment