AMO
mlwUJ
il
s'enCuit que la pure amitlé dont Dieu m.!me
etl I'objer, ne ualr poinr indépendamment de ce dernier
amour.
D'3ilJeurs, I'expérience nous 3pprend qu'earre les at–
úibuts de Dieu, nous aimons paniculieremenr ceux qui
one le plus de convellance avec nous: nous aimoDs plus
fa cJémence que
C3
jullite, fa bénétieence que COD im–
menfiré; d'ou vient cela? fi ce n'efl de ce que certe
pure amitié, qui Cemble n'avoir pour objet que les per–
feélions de Oieu, tire Ca force principale des rappores
que ces perfeélions oar avec nous.
8'il
y
avoit une pure amitié dans notre creur
a
I'é–
g3rd de Oieu, laquelle für exempte du principe de l'
a–
mour de nous-mé'mes,
cerre pure amitié naltroit nécef–
fairemene di la perfeélion connue,
&
ne s'éleveroit poinr
de nos aurres allcélious. Cependane les démons ·oon–
noi(fenr les perfeaions de O ieu Cans les aimer, les hom–
mes conlloi(fenr ces perfeélions avane leur conyerfion,
&
perfonne n'oCeroit dire que dans cet érat ils ayenr
pour lui cette
aff~élion
que I'on nomme de
p"re ami–
,il;
il
s'enCuit done qu'i1 faut autre chofe que la per–
feélion connue pour faire aaltre cet amour .
Pendaot .que uous regardons Dieu comme notre ju–
ge,
&
comme un juge terrible qtli nou5 attend la fou–
dre
a
la main, nQus pouvons admirér fes perfeélion5 in–
finies, mais HOUS ne faurions concevoir de I'affeélion
pour elles.
11
efl bien cerraln que fi nous pouvions re–
fufer
:1
Dieu cene admiration , nous nous garderions bien
de la lui rendre:
&
d'ou vient cette néce(firé d'admi–
rer Dieu? C'clt que cetre admirarion llalt uniquemenr
de la perfeélion connue: fi <,Ione vous eonceve'l. que
la
pure amirié
3
la meme fouree, il s'enfuit que la
pure 3mitié naltra daos narre ame comme I'admira–
tion.
[' . De ce que nous nous aimons
nou5-m~mes
nécef–
f3irement,
iI
s'er¡fuir que nous avolu certains devoirs
a
templir qui ne regardene que nous-memes :
or
les de–
voirs qui lIOUS regardent nous-memes peuvent fe rédui–
re en général
a
travailler
a
notre bonheur
&
¡¡
notre
perfeaioll;
a
notre pcrfeélion, qui conlifle principale–
menr dans une parflite conformité
d~
norre volonré a–
vec I'ordre;
3.
notre bonheur. q\li
eQl)fia~
uniquemenr
dans la joüilfanee des plailjFs , jlentens des fOljdes plai–
(¡rs,
&
cnpables de conronter un efprir fair pour polfé–
der le fouverain bjen . ([)
l.'.
C'e{l dallS la eonformité avec l'ordre que con–
(¡fle principalement la perfeélion de l'efprit: Gar celui
qui aime I'ordre plus que tontes chofes, a de la vertu; eelui
qui dbc:it
a
I'ordre en tontes choCes, remplir fes devoirs
¡
&
eClui-lii mérite un bOllhcur folide. qui faarifie fes
plaifirs
¡¡
1
'ordre.
3' .
Chercher fon l¡onheur, ce n'efl point vertu, c'efl
néee(fi[é : car il ne dépend poine de nous de vouloir erre
heureu~;
&
la vertu efllibre .
L'amol<r-propre,
i\
parler e–
xaélemcne,
n'~fl
poine une qualiré qu'on puiOe augmeneer
ou diminuer , On ne peut ce(fer de s'aimer; mais on pellt
ce(fer de fe mal aimer .
01]
pent, par le mQlIvement d'un
amour-prQpre
éclairé, d'un
amour-propre
foutenp par la
foi
&
par I'e(pórance,
&
conduit par la charité , faeri–
fi er fes plailirs prélens
au~
plaifirs futurs. fe
rendr~
mal–
heurcux pour un rems _ afio d'etre heureux pendant l'é.–
t~rni[é;
car la grace ne détruit poine la nature. Les pé–
cheurs
&
les jufies veulent également etre
heureu~;
i1s
courent égalemenr vers lª fourc!!
d~
)a
félicir~:
mais
le julle ne fl! ¡ailfe pi tromper ni corrompre pl\r les
3pparences qui le lIatrent; au Iieu .que le péeheur, aveu–
glé par fes pa(fions , ou!>lie pieu, fes vengeances
<le
res
récompcl!fes ,
&
employe tout le mouvement qUe Dieu
h¡i donne p<.lur le vrai
bi~n,
a
(¡OUrir apres des fantó–
mes.
4°. N otre
amour-propre
efl done le motif qui, fe–
couru par
la
grace , nous unir
a
Dieu, comme
¡¡
notre
bien,
&
nous foumer
a
la raifon eomme
a
notre loi.
0\1
au modele de no[re perfea ion: mais
iI
n~ f~ut
pas
'I'om~
l .
(1)
Tout les
efForu
que
n6ue
Aurcur
f..tit
ponr prouV'er que
norre
amanr d'amitié envers Dieu n'efl: paine
(~paré
de n6tre
¡nrérer.
font en por:
pene ;
lis prouverolent
quelqne chofe ,
(i
l'on
,",'éroit
p~'
per(uadé par la do8:rine de
S.
Au~qnin.
que cec ;:amour de cha..
rué. ou d';\mitié ne
fUt
p.u
un don (urnature! . confcré grarui–
tement par Uieu l
fe"
fidéles :
moyennant ce don
les
jufles peq_
veO[ s'éléver au-delI'us <le lCll¡f narure
&
re
déracher de tour
iq_
tbét
prop~c:.
8t faite
c;luelque ade d':tmour de Oieu purernent en
fe.! I>:crfelbons . C'c(\: ,unfi que les bicnheureuJ: aimenE
Oiea
dans
le Clcl . Ce
~·.eO:
done
p:t,.
impomble
a
l?iea de nou, faire aimer
~e
,la
r~)tn: .
S 11 nOU5
dot'\nera une
connolifance moín, obfcure
qa.'
~
lordlnauc
de (es
rerfe4:ions ;
,'H i1\fiquera dans
n~e
volonté:
un
AMO
3I~
faire natre IIn ou notre loi de ngtre motif. 11 faut v!–
rj[~blemenr
&
finceremcnt aimer l'ordre,
&
s'unir
a
D leu p3r la raifon; il ne fam pas defirer que I'ordre
s'ac~ommode
iI
nos volenrés : cela n'el1 pas po(fible;
I'ordre cIt · immuable
&
néce(faire : il faur hai·r res de–
fordres ,
&
former fur I'ordre toUS les mouvcmens de
foo ereur ;
!I
faut meme venger
a
fes dépens I'honneur
de l'ordre oflenfé , ou
dll
moios fe foumenre humble–
mene
a
In
yenr;ean~e
divine : car celt¡i qui voudroit que
Dieu oc puntr point I' injuflice ou I:ivrogncrie , n'aime
point Dieu;
&
quoíqlle par la force de wn
amour-pro–
pre
~c1airé
il s'abflielll1e de I'oler
&
de s'cnivrer,
iI
n'efl
poi
m
jufle.
f'.
De tout ceci
í1
efl manifefle premieremenr, qu'il
faur éc1airer fon
''''Iour-propr.,
afin qu'il nous excite
a
la vertu: en (econd !ieu, qu'il ne faut j3mais fuivre
uniquemenr le mouvcment d"
I'amollr-propre :
en troi–
fieme Iieu, qu'en fuivant I'ordre inviolablemem, on tra·
vaille folidemenr
i
eOl1tenter fon
amottr-pr"pre:
en un
mot, que Dieu feul ¿r3m
la
caufe de nos plaifirs,
DOU~
devons nous foumenre
a
fa loi,
&
rravailler
a
notre
pcrfeélion .
6'.
Voic;i en général les moyens de travailler
iI
Ca
perfeaion,
&
d'aequérir
&
eonferver I'amour habituel
&
dominant de l'Otdre.
I1
faut s'accoOtumer :tu rravail
de I'atrenrion.
&
acquérir par-la quelque force d'efprir;
il ne faut confeorir qu'i I'évidence,
&
conferver ainfi
l~
liberté de fOI]
am~ ;
iI
fau! émdier fans cene I'hom–
me en général,
&
foi-Illeme en particulier, pour fe
connoítre parfairemenr;
i1
faut méditer jour
&
nuir la
loi divine , pour la fuivre exaélemenr; fe eomparer
a
I'ordre pour s'humilier
&
fe méprifer; fe fouvenir de la
juílice divine, pour la craindre
&
fe réveiller . Le mon–
de nous fc;duit par nos fens ; il nous trouble I'cfprit par
notre imagination ; il nOus entralne
&
nous précipire dam
les derniers malheurs p3r nos pa(fions.
II
faut rompre
le commerce dangerellx que nOus avons avee lui par no–
tre corps, fi nOU5 voul ops augmenter l'union que nous
avons avee Dieu
p~r
la raifon.
Ce n'efl pas qu'i! foir permis de fe donner la mort,
ni meme de ruiner fa fanté: car notre corps n'eíl pas
it
nous ; il en
a
Dieu, il efl
¡¡
I'étar,
iI
no[re famil.
le,
a
nos
~mis :
nous devons le conferver dans f3 for–
ce, felon I'wage que nous fommes obligés d'en faire:
mais noUS"" ne devons pas le con(erver .contre I'ordre
de Dieu,
&
aux dépens des autres hommes: il f3ut
I'ex~
pofer pour le bien de I'état,
&
ne point craindre de
I'affoiblir. le ruiner, le d¿truire, pour exécuter les or–
dres de D ieu. J e n'entre point dans le détail de [out
eeci, paree que je n'ai prétendu expofer que les prin–
cipes généraux fur lefquels chacun
ea
obligé de régler
la oonduire
~
pour arriver heureufcment au lieu de fOil re–
pos
&
de
1
e plaiJirs.
*
A
M
O
U R
ou
C
U
P
1
D O N ,
(Myth . )
dieu du
Paganifme, done on a raeonté la nai(fance de eellt ma–
nieres différemes,
&
qu'on a rcpréCeneé fous eent for–
mes diverfes, qui lui eonviennent prefque toutes éga–
lemenE. L'
amo1tr
demande fans ce(fe, PI aton
:¡
done
pu le dire fils de la pauvreté;
iI
aime le trouble,
&
femble etre né du cahas • comme le prétend H éliode:
e'efl un melange de femimens fubl imes,
&
de delirs
gro(fiers : e' efl ce qu' entendoit apparemment 8apho,
qnand elle faifoit
I'amour,
fils du ciel
&
de la [erre.
Je erois que Simonide avoit en vue le compofé de for–
ce
&
de foiblelfe qu'on remarque dans la condui[e de,
amans, quand
iI
penfa que
I'amollr
étoit tils de
V
énus
&
de Mars .
I1
naquit, felon A1cmeon, de Flore
&
de
Z éphire. fymboles de I'inconflanee
&
de la beauré .
Les uns lui mettent uq bandeau fur les yeux, pour mon–
trer cambien il efl aveugle;
&
d'alitres un doigr rur la
bouehe, pour Qlarquer qu'il veut de la difcrétion . On
lui donne des
aiI~s,
fymboles de legereté; un are , rym–
bale de puifTance; un flambcau allumé, fymbole d'a–
élivit~;
dans
quelqu~s
Poetes, c'cH un .sieu ami de la
~
bb
1,
paix,
mouvement veu elles. je ne vais
pas pOllrquo'i
on ne
PllilTe
(aire
un
aéle d'amour de Dicu pour lLli múme . (.JOs ;¡'f'oir égard
a
n6trC;
intéret, Car
ti
l'on
VCUl
parvenir
3.
cet
:lIllOur
par. le
moyen
d'au–
tres amouu précedens
interetfés ,
corqme
~ous ~It
n6rrc
AUte.ur.
ces
arooau précedents nc (eron[
point
des dl(pofitlotu
a
ce dcr.ntcr,
'
ti
non
dan.
le rens.
qu'its
nOlu óren[
[out obftacle
a
pouvolr
fé ..
conder ce pienx
&.
ex:traordin.lire
mouverpe~Jt..
.
11
eft fray que
p:u mi
les atCribuu de la thvmlté nous almons par
préférenc~
ccux::
quí
non,
con.,i~nqent
le
p\I\' .
comruc
Ca
Clc!me,,!ce,
fa
Itbérahté
&:c.
r.1aís
cela
~rrtve
p;trce
que
no\u avon,
une
ldé~
plus fenfible de
cel
auriuuu . que des aucre,.
&:
a
me(ure que
cet~
iUée
augmclue. nóue
~[J\onr
a\lgmcnte
a.alli . (}.()