AMO
mourir fes propreS enfans, qu'il faie aEcutcr en
f~
prc!fence, o'en pas
Ii
dellmc!rclfée qu'cllc paroit: le
plus graud des poétes l:u:im en déeouvre le mOrif en
CC$
tcrmes.
Vinut tmfIJr pnriw, Itr./dlt71t1"r jmmt11fa cupido.
msis il n'a pas démélé toutes les
r~ifot1s
d'imérér qui
[om l':nhomanité appareote de ce r00\3in. Bruros étoir
eomme les
~utres
hommes; il
s'~imoi:
lui-mcme plus
que toOles chofes: fes enfans étoient eoopables d'utl
erime qui tendoit
a
perdre Rome, mais bcIIoeoup plus
eneore
3
perdre Brutos . Si l'afieélion
p~ternclle e~cufe
les tilutes ,
l'amonr-propre
les aggrave, quand
il
dl
di–
reélemeot bletTé : fins dome que Rorru: eut l'honneur
de ce que Brutos
fu
pour 1'3mol1r de lui-meme, que
fa patrie aeecpta le facrifice qu'il faifoit
a
fon
a",ollr–
propre
, & qu'il fut cruel par foiblelfe plut6t que par
magnanimite! .
L'iotc!r':r pem tout fur les ames; on fe eherche dan
s
l'obje: de touS fes aHachemens; & eomme il
y.
a
di–
..,di:s
forres d'intér':ts, on peur dillioguer aum diverfes
forres d'atfcélions que I'intérér fait naltre entre les hom–
mes. Un intérer de volupré fait nairre les amiriés ga–
Iantes: un intérct d'ambirion faie na1tre les amiriés po–
litiques : un
intér~e
d'orgueil fuit naitre les amitiés il–
lullres: un
itltér~t
d'avarice fait na'tre les amitiés uti–
Jes . Le vulgaire qui déclame ordinairemcnt contre l'i–
mirie! intéren¡!e, ne fait ce qu'il dlt.
Il
fe trompe en
ce 'lu'il ne conno't, général'emeut
parl~nt,
qu'uoe fOr–
te d'amitie! intérelfée, qui
di
celle de l'avariee; nu líen
qu'il y a autiut de fones d'afleétions im¿réUécs, qu'il
y
a d'objm de cupidité.
11
s'itnagine que c'elt
~rre
cri–
minel que d'8rre 1l1t¿relfé , ne confidérant pas que c'cl!
)e
deliorérdfement & non pas
l 'imér~t
qui nous perd.
Si les homrms nous offroicnr d'atTc'L grands biens pour
flltisíaire notre ame, nous ferions bien dc les aimer
d'un amour d'im&"t, & perConnc ne devroir rcouver
mauvais que DOUS préférnffions les morifs de cct inu!–
ret " ceUI de la proXimilé & de toute sutre chofe.
La reconnoiílance
elle-m~me
o'en pas plus eIempte
de ce principe de l'amour de nous-mémes.; car quel1e
diff~encc
y a-t-il au fond enrre l'imérer & la reconnoiC–
fanee? e 'el! que le premier a pour objet le bien
a
ve–
n ir, su Iieu que la derniere a pour obJer le bien paaé.
La
reconooiíraoce o'cl! qu'un retonr délicat de I'amour
de uous-memes , qui fe fem obligé; c'ell en quelque
forte l'élévatioo de I'intérér : nous n'aimonS point no–
tre
bienfaiteur parce qu'il clt aimable, nous l'simoos
paree qu'il nous a aim(f¡ .
. .La fympathie, qui en la quatrieme fouree que naos
:!Vons muquée de nos atfeélions, elt de deux fortes.
11 Y
a une fympathie des corps & une fympathic de
J'ame:
il
faut chercher la caufe de la premiere dans le
tempérament, & celle de
I~
feconde dans les fecrets
reíforrs qui foUt agir norre creur.
11
ell
m~me
eertain
que ce que nous eroyons etre une fympathie de tem–
péramenr, a qoelquefois fa fource dans le, principes ca–
ebés de notre ereur . Pourquoi
penfez-vo.usque je hais
cet homme
a
une premiere
v~e,
quoiqu'iI me Coir in–
connu? c'cn qu'il a quelques traits d'uu homme qui
m 'a otfenfé; que ces traits frap!'ent mon ame & réveil–
leO! uoe idée de haine fans que j'y
f.'lífc
réfiexion . POut–
quoi
:10
eontraire aime-je une perfonoe inconnue des
que je la vois, fans m'ioformer
fi
elle a du mérite ou
Ii
elle n'eo a pas? C'ell qu'elle a de la conformité ou
avec moi ou avec mes enfnns & mes amis. en un mor
avec quclque perfonne que j'auraí aimc!c. Vous voye-z
done quelle pan a
I'amour de nO"J -mém'l
a
ces ineli–
nations myllérieufes & cachées qu'un de oos POetes
décrit de cene maniere.
'
11
.ji:
dll ,,«lIdl [ecretl ,
;/
eji dtl Jympathin ,
Done p4r
ItI
do"x 4«Ordl
leI
amel a./!ort;eJ ,
&c.
Mais fi. apres avoir parl.é des fymparhies corporelles,
nous
eotrlo~s
.dans le,
~étall
des fympathies fpiriruelles ,
nous coonottrlons
q~
almer les gens par fympathie , n'en
pcopremem que chértr la retTcmblauce Cj\l'ils ont avec
nous; c'ell avoir le plailir de nous aimer en leurs per–
fonnes. C'en un charOle pour norre creur de pouvoir
dire du bien de nous fan blelfer la modcllie. Nous n'ai–
mons pas feulcmen! ceux
iI
qui la N aturc donne des
eonrormirés a vee nous, mais enco.e ceux qui nous ref–
femblem par
~n
&
qui tachent de nous imiter: ce n'en
pas qu'il ne puiIre arriver qu'on hfl·' ra ceux de qui I'on
ell mal imité: perfonoe ne vent
~tre
ridicole; on ai-
AMO
meroit mieur
erre
hai'lrable · ain(i
0 11
lIe v
ut
j mai. de
bien aUI copies dont le
ridi~ule
tCJailiit fur l'original _
M3is fut quel príncipes d'
• •nollr prbfrt
peot etre ron–
dée
cene affi::élion que les homm onr narurellcment
pour les hommes verrueux, auxquels né:mmoins ils oe
fe foucient pas de reOembler?
c:Lr
le vice rend
¡¡
cer é–
gard des hommages forcés
a
la verru; les hommes I'c–
niment
&
la refpcaent .
J e rtpons <¡u'il
y
:l
fort peu de pcrfonnes qui a.yent
pour jamais renoneé
l\
la verro,
&
qui
~e
s'imag.inent
que s'ils ne [ont plS
vcrt?~ur
eu un tems, lis ne
p.ult~eDt
le devenir en un aUlre . J aJodte que la verru elt elh:nnel–
lement aimable
ti
l'
"m.lir dtl nO"I-mt11ltl
comme
le vice lui en etTentiellemcnt hai'lf2ble . Ls "iron en ell
que le vice en un facrifiee que nOllS nous faiCan, des
autres
ii
nous-memes; (\ la vertu un f3tlilice que nons
faifons au bien des autrtS de (juelq\le plailir
011
de quel–
que avanrsge qui nous t\atoir. Comment n'aimerions–
nous pas la clémence? elle
efi
ronre
pr~re
:\ nous par–
donner nos crimes :
1"
líbéttlliré fe dépouille pour nou'
faire du bicn : I'humiliu! nc nous difpure rien; ello ce–
de
¡¡
nos prérentions : la tempérance refpeéle norre hon–
neur & n'en· veut point
~
nos plaifirs:
la
jullice dé–
fend 'nos droits, & nous rend ce qui nous appartient: la
valenr nous détend; la prudcno;: nOU5 conduit; la mo–
Meation nous fpargnc;
111
c!tarité D:>US fait du
bi.en,
&c.
Si ces vertus ronr du bien, dira-t-on , ce n'elt pas
a
moi qu'clles le fOllt; je le veu. : mais li \"ous .vous
trouvie·¿ en d'aurres circonltaoces elles YOUS en ferolent :
mais elles fuppoCent une difpolition
iI
vous en fuire dans
l'oceafion. N'ave't-vous jap¡ais c!prouvé , qu'encore que
vous n'anelldiez ni fe<:ours ni protcélion d'one perCon–
ne riche, YOUS ne pouve't vom défendrc d'avoir pour
elle une Cecrere conlidc!ranon ? Elle nuir, non de vo–
tre cf?rit, qui méprire fouvenr le qualités de cer hom–
me, m:lis de
I'amolt,. de
nOllseménJe/ ,
gui vous
fuit
ree–
pcéler en lui jufqu'au limpie pouvoir de vous faire du
bien. En Ull mot, ce qui vous prouve que
l'.",our d,
'Voul-",em"
entre dans celui qui vous avc't pour la ver–
tU, c'en qoe vous éprouvet que vous aimc't davaurage
les vertus,
~
mefure que vous
y
rrOuvez plus de rap–
pon
&
de convenance avec vous . Nous aimons plus
naturellemem la démencc que la
fév~rité,
1,
libérá–
lilt
que I'économie. quoique tnut eel!!. foit verto .
Au relle,
iI
ne faur poiO[ exceptor du nombre de ceU1
qoi aimenr ainli les vertos. les gCll5 vicieuI
&
dfréglés:
au contraire, il en ccrrain que par cela
m~me
qu'ils
fOnt vicieu!, ils doivent trouver la vcrru plus aimablc .
L'humilité applanit tOU¡ les chemins
~
notre orgucil;
elle
cfi
done aimée d'uo orgucilleux: la libéralitl don–
ne; elle ne fauroir donc déplaire
A
un imérelfé: la tcm–
pc!rance vous lailfe en potTeffion
d~
vos plaillrS; elle
ne peut done qu'étre agréable :\ uu voluptueux, qui ne
veut poim dc rival ni de concurreO[. Auroit-on crO que
l'atfeétion que les hommes du monde témoigneut pour
les gens verrucux, edt une fource
a
mauvaife
?
& me
pardonocra-t-on bien ce· paradoxe . ti j'avance qu'il ar–
tive fouvenr que les vices qui fOn! au-dedans de nous,
font l'amour que nous .vons pour les vertus de¡ au–
tres?
Je vais bien plus avant, & j'oCerai dire que
l'amorlr
d.
»OHs-mimeJ
a beaucoup de part aux fentimens les plus
épurés que la moralc .& la religion nous
font
avoir
pour D ieu . On diningue rrois fones d'amour divin; un
amour d'intérét, un amour de rcconnoitTance, & un
amour de pure amitié : l'amour d'intérct Ce confond
:1-
vec
1'4mollr de nOlll-mémeJ;
l'amour de reconnoitTance
a encore la
m~me
Couree que celui
d'intér~t,
felon ce
que nous en avons dit ci-deílus; l'amour de pure ami–
cié femble naitre indépendamment de tout iméret
&
de
tout
amOlir de "om-memtJ .
Cependant fi vous y regar–
dez de pres, vous trouvere-¿ qu'¡¡ a dans le fond le
meme principe que les autres: car premieremcnt iI
en
remarquablc que I'amour de pure amicié ne
n~lt
pas tout
d'un coup dans l'ame d'un homme
a
qui l'on fuit con–
ooitre la religion . L e premier degré de notre íanélifi–
cation ell de fe détaehcr du monde; le Cccond, c'en
d'aimcr D ieu d'un amour d'intéret, en lui dounant tout
fon attachemem, parce qu'OD le conlidere comme le
fouverain bien;
le
troifieme , c'cll d'avoir pour te bien–
faits la reconnoilTancc qui leur en dOe; & le dernier
enfin, c'elt d'aimer fes perfcéHons. 11 elt
ecrt.inque
le
premi~r
de ces fen imeo, diCpofc 3U CeconJ , le fe–
cond au troifieme, le troilieme 3U quarricmc:
OC
com–
me .tout ce qui dlfpofe
:l
ce
de~oier
mouvcmcnt , qui
d} le plus noble de toUS,
en
pns de
l'"",o..r
tI.
" "'1-
mi-