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310

AMO

"'re témérairemcnt

&

fans fcrupule

~

fes préventions in–

fenfées.

A

M

o UR DU M o

N

DE. Que de chofes [ont com–

pñfes dans

l'amo"r d" mond,!

L e libertinage, le delir

de plaire, I'cuvie de dominer,

&c. L 'am."r

du fenli–

ble

&

du }rand ne fonr nulle part

Ii

melés; je parle

d'un

gran

meCuré

l'eCprit

&

au creur qu'il couche.

Le génie

&

l'a8ivité portenr

a

la vertu

&

a la gloire:

. les petits talens, la pareU"e, le gOtlt des plailirs, la gaie-

té,

&

la vanité , nous tixenr aux petites choCes ; mais

en tous c'ea le méme infiinél,

&

l'amo"r d" monde

renfennc de vives femences de prefque toutes les paC–

lions.

A

M

o U R DEL

A G

L o

I

RE. La gloire oous donne

fur les creurs une amorité naturelle qui nous couche,

fans doute, autanr qu'aucune de nos CellCations,

&

nous

étOurdit

plu~

Cur

nos miCeres qu'une valne dillipation: el–

le en done réelle en tout Cens .

Ceux qui parlent de Con néant véritable, [oOtiendroient

peut·etre avec peine le mépris ouven d'un [cul hom–

me . Le vuide des grandes pallions en rempli par le

grand nombre des petites: les contempteurs de la gloire

fe piquent de bien dallfer, ou de quelque miCere enco–

re plus ba(fe. lIs fom

Ii

aveugles, qu'ils ne Centent pas

que c'en la gloire qu'ils cherchenr

Ii

curicllCement,

&

fi vains qu'ils oCenr la metlre dans les choCes les plus

frivoles. L a gloirc, diCcnt-ils, n'cn ni vertu ni mérite;

ils raifonnem bien en cela: elle n'en en que la récom–

penCe. Elle nous excite done au travail

& ,

la vertu ,

&

nous rcnd fouvent efiimables, atin de nous faire e–

fiimer .

Tout en trcs-abje& dans les hommcs, la vertu, la

gloire , la vie: mais les choCes les plus petites onr des

proponions reconnues. Le chene en un grand arbre pres

du ceritler; ainli les hommes

a

I'égard les uns des au–

tres. Quelles Com le, inclinations

&

les vertus de ceux

qui méprifent la gloire! I'om-ils méritée?

A

M

o U R

D E

S

S e

I

E

N

e E

s

E

T

D

E S

LE

T T

RES.

La pallion de la gloire

&

la pamon des .)ciences fe

re(femblem dans leur principe; car elles viennent l'une

&

I'autre du CCOIiment de llbt(e vuide

&

de n6tre im–

perfcéHon. Mais I'une voudroit [e former comme un

Douvel c:tre hors de nous;

&

I'aurre s'a.che

a

éten–

dre

&

ii

cultiver nbtre fonds: ainli la pa/liOn de la gloi–

re veut nous aggrandir au-dehors,

&

eelle des fciences

au-dedans.

On ne peut avoir l'ame grande, ou I'e[prit un peu

pénétrant, fans quelque pallion pnur les L emes. L es

Arts fOil! confacrés

peindre les trgits de la belle na–

ture; les Am

&

les Sciences embra(fem tom ce c¡u'il

y

a dans la penfée de noble ou d'utile; de Corte qu'il

De relle

a

ceul qui les rejettent, que ce qui en indi–

~ne

d'etre peint ou enCeigné . C'en tres-fauU"emem qu'

lIs prétendent s'arrEter

a

la po(fellion des memes choCes

que les autres ,'amuCem

a

confidérer.

1I

n'ea pas vrai

qu'on po(fede ' ce qu'on diCcerne fi mal, ni qu'on efii·

me la réalité des choCes, quand

011

ell .mépriCe I'image:

l'expérience fait voir llU'ils

ment~nt,

&

la réllexio11 le

sontirme .

La plupart des hommes honorent les Lettres, com–

me la religion

&

la vertu, c'etl·a-dire comme une cho–

fe qu'ils nc veulent ni connoítre, ni pratiquer, ni aimer.

PerConne néanmoins n'ignore que les boas livres fom

l'eU"~nce

des meilleurs eCprits, le précis de leurs con–

Doi(fances,

&

le fruit de leurs longues veilles: l'élUde

d'une vie entiere s'y pem recueillir dans quelques heures ;

e'en un grand [eeours.

• L es mots

'le

p",vent,

qui Ce trouvoient daas cet

Article, om CcandaliCé quelques perConnei; e' en pour

cela, qlle I'on y a fubfiitué les mots

ne

v",tlme .

Nous

prion~

cependam de faire anention, que les mots

/le

POII–

VOIT

Ce prennem fouvent non dans le fens d'une im–

pollibilité abfolue, mais d'une pui(fance qui n'en ja–

mais réduite

ii

I'aéle . C'en dans ce

fe~s

que Mardo–

chée a djt :

JI

n'y a perConne, Ceigueur, qui

pttiffc

ré–

finer

a

votre volonté, c'en·a-dire lamais perfonne n'y

réfine, quoiqu'on

plliJfc

y

réliOer, parce qu'on en libre.

Ainli I'auteur avoit en vue un Cens trcs-orthodoxe lor[–

qu'il

á

avancé cene proPQfition . Mais ce qu'il

no~s

im–

porte fur-tout de remarquer, c'en que cet article fur

l'amo~r

des

Scie~ces,

&

des Arts,

!le

beaucoup d'autres

endrotls de l'Arltcle Amour, fom tlfés du livre de M.

de Vauvenergues qui a pour tirre,

lneroduélion

,;

la con-

1IoifTance de

/'

EJprie humain.

Paris '746. avec appro–

bation

&

privilege du

Iil.oi

. Le pa[fage dont il s'aglt fe

trouve mot pour mot dan, ce Iivre

iI

la page

60.

le

Journalille de Trévoux qui

a

rendu un compte

tres-M-

AMO

taillo! du livre de M . de .vauvenergues en Janvier 1747.

dit que

l'

al/eetlr honor. par-eotlt la R eligion

&

la v er–

t1<;

ce mot

par-to"t

fuppoCc qu'il a

h1

anentivement

l'ouvrage. Ce méme pa(fage lui a paru fcandaleux

d~ns

l'Encyclopédie en Fevrier '7p.. c'en bien ici qu'il é–

toit néce(faire que l'auteur de l'article Amour indiquat

les fources ou il avoit pui(fé .

. Deux inconvéniens font

a

craindre dans cene pamon:

le mauvais choix

&

l'exces. Quant au mauvais choix ,

jI ea probable que ceux qui s'atcachen!

a

des CotIno i[fan–

ce' peu miles, ne [eroient pas propres aux autres:

mais

I'cxces peut fe corriger.

Si nous étiom fages, nous nous bornetions

a

un pe–

tit nombre de connoitTances, atin de les mieux poU"é–

der; nous tacherions de nous les reudre familieres,

&

de les réduire en pratique: la plus longue

&

la plus la–

borienCe théorie n'éclaire qu'imparfaitemem; un homme

qui n'auroit jamais danCé, poU"éderoit inutilemcllt les re–

gles de la danCe:

iI

eu en de meme des métiers d'eC–

prit.

Je dirai bioll plus: raremem l'étude en utile, 10rCqu'

elle n'en pas accompagnée du commerce du monde .

1I

ne faut pas féparer ces deuJe choCes; I'une nous ap–

prend

a

penCet, l'autre

a

agir; l'une

ii

parler, I'autre 3.

écrire; I'une

ii

diCpoCer nos aélioas,

&

l'autre

a

les ten–

dre [acites. L'ufage dlt monde nous donne encore I'a–

vantage de penCer naturellemem,

&

I'habitude des Scien-

ces, celui de penfer profondémem.

.

Par une fuite néce(faire de ces vérités, ceux qui [ont

privés de l'UD

&

I'autre avantage par leur condition>

étalent toute la foiblelTe de l'eCprit humain . L a nalUre

ne porte-t-elle qu'au milieu

de~

cours,

&

dans le Cein

des vil les ftorilf.1ntes, des cCprits aimables

&

bien faits?

Que fait-elle pour le laboureur préoccupé de Ces befoins?

Sans dome elle a Ces droits, il en f.1m convenir . L'art

ne peut égaler les hommes;

iI

les lai{fe loin les uns des

autres dans la meme dinance

011

ils fom nés, quand

ils om la meme application

a

cultiver leurs talens: mais

quels peuvem étre les fruits d'un beau natorel négligé?

A

M

o

U R D U

PRO

e

HA'

1'1.

L'araour du prochai..

en de tous les Cemimens le plus june

&

le plus mile:

iI

en aulli néce(faire dam la Cociété civile, pour le bon–

heur de nbtte vie, que dans le ChrillianiCme pour la fé–

licité éternelIe.

AMOUR DE SEXES .

L'nmour,

partoutouil en,

en toOJours le maltre .

11

forme I'ame, le creur

&

l'c–

[prit Celon ce qu'il en.

11

n'ea ni pedt ni grand, felon

le· creur

&

l'eCprlt qu'il occupe, mais Celon ce qu'il eft

en lui-meme;

& il

femble véritablemem que

l'amo"r

eft

a

I'ame de celui qui aime , ce que I'ame

elt

au eorps de

celui qu'elle anime.

LorCque les amans Ce demandem une lineérité réci–

proque pour

f~voir

I'un

&

I'amre quand il, ceíleronr de

s'aimer , c'en bien moins pour vouloir etre avertis

qu~nd

on ne les aimera plus, que pour etre mieux aCsurés qU'OB

les aime 10rCqu'on ne dit poim le conrraire .

Cornm~

on n'en jamais en liberté d'aimer ou de ceC–

fer d'aimer, I'amant ne peut fe plaindre avec junice de

I'inconnance de Ca maitrelre , ni elle de la légereté de–

ron amam.

L 'amo"r,

aulli·bien que le feu, ne p9Ut fubfiner fans

un mouvement continuel,

&

il eeU"e de vivre des qu'il

ce[fe d'eCpérer on de craindre.

11

n'y a qu'une

Corte

d'nmo"r:

mais il y en a mille dif–

férentes copies . La pi í\part des gens prennent pour de

l'nmollr

le defir de la joüi(fance. Voule7.-vous fonder

vos felltimens de bonne-foi,

&

diCcerner laquelle de ces

deux paffions en le principe de votre attachemem; inter–

roge? les yeul de la perConne qui

VOUy

tiem dans

Ces

chalnes . Si Ca préfeQce imimide vos Cens

&

les comient

dans une Coilmillion refpeeueuCe, vous I'aime?. Le vé–

ritable

amo1tr

imerdit méme

i

la pensée toute idée fen–

fuelle, tOut e(for de I'imaginadon dom la délicntc(fe de

I'objet aimé pourroit étre offensée , s'H étoit pollible

qu'il en fUt jnnruit : mais

Ii

les attraits qui vous char–

mem fom plus d'imprellion fur vos fens que fur votre

ame; ce n'en poim de

l'nmo1tr,

c'en un appétit cor–

porel.

Qu'on aime véritablement;

&

I'nmo"r

ne fera jamais

commettre des fautes qui bleU"em la eonfcience ou I'hon–

neur.

Un amoltr vrni, fan! !,inte

&

[ala

caprice

,

Eft

w

effee lu plu! grand frein d" vice ;

D an¡

[n

liem 'llti faie

[.

retmi,·,

Eft homiee-homm.,

01/

va l. devmir .

L'Enfam Prodigue,

e.mUi• .

Qui-