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AMO
"'re témérairemcnt
&
fans fcrupule
~
fes préventions in–
fenfées.
A
M
o UR DU M o
N
DE. Que de chofes [ont com–
pñfes dans
l'amo"r d" mond,!
L e libertinage, le delir
de plaire, I'cuvie de dominer,
&c. L 'am."r
du fenli–
ble
&
du }rand ne fonr nulle part
Ii
melés; je parle
d'un
gran
meCuré
ií
l'eCprit
&
au creur qu'il couche.
Le génie
&
l'a8ivité portenr
a
la vertu
&
a la gloire:
. les petits talens, la pareU"e, le gOtlt des plailirs, la gaie-
té,
&
la vanité , nous tixenr aux petites choCes ; mais
en tous c'ea le méme infiinél,
&
l'amo"r d" monde
renfennc de vives femences de prefque toutes les paC–
lions.
A
M
o U R DEL
A G
L o
I
RE. La gloire oous donne
fur les creurs une amorité naturelle qui nous couche,
fans doute, autanr qu'aucune de nos CellCations,
&
nous
étOurdit
plu~
Cur
nos miCeres qu'une valne dillipation: el–
le en done réelle en tout Cens .
Ceux qui parlent de Con néant véritable, [oOtiendroient
peut·etre avec peine le mépris ouven d'un [cul hom–
me . Le vuide des grandes pallions en rempli par le
grand nombre des petites: les contempteurs de la gloire
fe piquent de bien dallfer, ou de quelque miCere enco–
re plus ba(fe. lIs fom
Ii
aveugles, qu'ils ne Centent pas
que c'en la gloire qu'ils cherchenr
Ii
curicllCement,
&
fi vains qu'ils oCenr la metlre dans les choCes les plus
frivoles. L a gloirc, diCcnt-ils, n'cn ni vertu ni mérite;
ils raifonnem bien en cela: elle n'en en que la récom–
penCe. Elle nous excite done au travail
& ,
la vertu ,
&
nous rcnd fouvent efiimables, atin de nous faire e–
fiimer .
Tout en trcs-abje& dans les hommcs, la vertu, la
gloire , la vie: mais les choCes les plus petites onr des
proponions reconnues. Le chene en un grand arbre pres
du ceritler; ainli les hommes
a
I'égard les uns des au–
tres. Quelles Com le, inclinations
&
les vertus de ceux
qui méprifent la gloire! I'om-ils méritée?
A
M
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RES.
La pallion de la gloire
&
la pamon des .)ciences fe
re(femblem dans leur principe; car elles viennent l'une
&
I'autre du CCOIiment de llbt(e vuide
&
de n6tre im–
perfcéHon. Mais I'une voudroit [e former comme un
Douvel c:tre hors de nous;
&
I'aurre s'a.che
a
éten–
dre
&
ii
cultiver nbtre fonds: ainli la pa/liOn de la gloi–
re veut nous aggrandir au-dehors,
&
eelle des fciences
au-dedans.
On ne peut avoir l'ame grande, ou I'e[prit un peu
pénétrant, fans quelque pallion pnur les L emes. L es
Arts fOil! confacrés
ií
peindre les trgits de la belle na–
ture; les Am
&
les Sciences embra(fem tom ce c¡u'il
y
a dans la penfée de noble ou d'utile; de Corte qu'il
De relle
a
ceul qui les rejettent, que ce qui en indi–
~ne
d'etre peint ou enCeigné . C'en tres-fauU"emem qu'
lIs prétendent s'arrEter
a
la po(fellion des memes choCes
que les autres ,'amuCem
a
confidérer.
1I
n'ea pas vrai
qu'on po(fede ' ce qu'on diCcerne fi mal, ni qu'on efii·
me la réalité des choCes, quand
011
ell .mépriCe I'image:
l'expérience fait voir llU'ils
ment~nt,
&
la réllexio11 le
sontirme .
La plupart des hommes honorent les Lettres, com–
me la religion
&
la vertu, c'etl·a-dire comme une cho–
fe qu'ils nc veulent ni connoítre, ni pratiquer, ni aimer.
PerConne néanmoins n'ignore que les boas livres fom
l'eU"~nce
des meilleurs eCprits, le précis de leurs con–
Doi(fances,
&
le fruit de leurs longues veilles: l'élUde
d'une vie entiere s'y pem recueillir dans quelques heures ;
e'en un grand [eeours.
• L es mots
'le
p",vent,
qui Ce trouvoient daas cet
Article, om CcandaliCé quelques perConnei; e' en pour
cela, qlle I'on y a fubfiitué les mots
ne
v",tlme .
Nous
prion~
cependam de faire anention, que les mots
/le
POII–
VOIT
Ce prennem fouvent non dans le fens d'une im–
pollibilité abfolue, mais d'une pui(fance qui n'en ja–
mais réduite
ii
I'aéle . C'en dans ce
fe~s
que Mardo–
chée a djt :
JI
n'y a perConne, Ceigueur, qui
pttiffc
ré–
finer
a
votre volonté, c'en·a-dire lamais perfonne n'y
réfine, quoiqu'on
plliJfc
y
réliOer, parce qu'on en libre.
Ainli I'auteur avoit en vue un Cens trcs-orthodoxe lor[–
qu'il
á
avancé cene proPQfition . Mais ce qu'il
no~s
im–
porte fur-tout de remarquer, c'en que cet article fur
l'amo~r
des
Scie~ces,
&
des Arts,
!le
beaucoup d'autres
endrotls de l'Arltcle Amour, fom tlfés du livre de M.
de Vauvenergues qui a pour tirre,
lneroduélion
,;
la con-
1IoifTance de
/'
EJprie humain.
Paris '746. avec appro–
bation
&
privilege du
Iil.oi. Le pa[fage dont il s'aglt fe
trouve mot pour mot dan, ce Iivre
iI
la page
60.
le
Journalille de Trévoux qui
a
rendu un compte
tres-M-
AMO
taillo! du livre de M . de .vauvenergues en Janvier 1747.
dit que
l'
al/eetlr honor. par-eotlt la R eligion
&
la v er–
t1<;
ce mot
par-to"t
fuppoCc qu'il a
h1
anentivement
l'ouvrage. Ce méme pa(fage lui a paru fcandaleux
d~ns
l'Encyclopédie en Fevrier '7p.. c'en bien ici qu'il é–
toit néce(faire que l'auteur de l'article Amour indiquat
les fources ou il avoit pui(fé .
. Deux inconvéniens font
a
craindre dans cene pamon:
le mauvais choix
&
l'exces. Quant au mauvais choix ,
jI ea probable que ceux qui s'atcachen!
a
des CotIno i[fan–
ce' peu miles, ne [eroient pas propres aux autres:
mais
I'cxces peut fe corriger.
Si nous étiom fages, nous nous bornetions
a
un pe–
tit nombre de connoitTances, atin de les mieux poU"é–
der; nous tacherions de nous les reudre familieres,
&
de les réduire en pratique: la plus longue
&
la plus la–
borienCe théorie n'éclaire qu'imparfaitemem; un homme
qui n'auroit jamais danCé, poU"éderoit inutilemcllt les re–
gles de la danCe:
iI
eu en de meme des métiers d'eC–
prit.
Je dirai bioll plus: raremem l'étude en utile, 10rCqu'
elle n'en pas accompagnée du commerce du monde .
1I
ne faut pas féparer ces deuJe choCes; I'une nous ap–
prend
a
penCet, l'autre
a
agir; l'une
ii
parler, I'autre 3.
écrire; I'une
ii
diCpoCer nos aélioas,
&
l'autre
a
les ten–
dre [acites. L'ufage dlt monde nous donne encore I'a–
vantage de penCer naturellemem,
&
I'habitude des Scien-
ces, celui de penfer profondémem.
.
Par une fuite néce(faire de ces vérités, ceux qui [ont
privés de l'UD
&
I'autre avantage par leur condition>
étalent toute la foiblelTe de l'eCprit humain . L a nalUre
ne porte-t-elle qu'au milieu
de~
cours,
&
dans le Cein
des vil les ftorilf.1ntes, des cCprits aimables
&
bien faits?
Que fait-elle pour le laboureur préoccupé de Ces befoins?
Sans dome elle a Ces droits, il en f.1m convenir . L'art
ne peut égaler les hommes;
iI
les lai{fe loin les uns des
autres dans la meme dinance
011
ils fom nés, quand
ils om la meme application
a
cultiver leurs talens: mais
quels peuvem étre les fruits d'un beau natorel négligé?
A
M
o
U R D U
PRO
e
HA'
1'1.
L'araour du prochai..
en de tous les Cemimens le plus june
&
le plus mile:
iI
en aulli néce(faire dam la Cociété civile, pour le bon–
heur de nbtte vie, que dans le ChrillianiCme pour la fé–
licité éternelIe.
AMOUR DE SEXES .
L'nmour,
partoutouil en,
en toOJours le maltre .
11
forme I'ame, le creur
&
l'c–
[prit Celon ce qu'il en.
11
n'ea ni pedt ni grand, felon
le· creur
&
l'eCprlt qu'il occupe, mais Celon ce qu'il eft
en lui-meme;
& il
femble véritablemem que
l'amo"r
eft
a
I'ame de celui qui aime , ce que I'ame
elt
au eorps de
celui qu'elle anime.
LorCque les amans Ce demandem une lineérité réci–
proque pour
f~voir
I'un
&
I'amre quand il, ceíleronr de
s'aimer , c'en bien moins pour vouloir etre avertis
qu~nd
on ne les aimera plus, que pour etre mieux aCsurés qU'OB
les aime 10rCqu'on ne dit poim le conrraire .
Cornm~
on n'en jamais en liberté d'aimer ou de ceC–
fer d'aimer, I'amant ne peut fe plaindre avec junice de
I'inconnance de Ca maitrelre , ni elle de la légereté de–
ron amam.
L 'amo"r,
aulli·bien que le feu, ne p9Ut fubfiner fans
un mouvement continuel,
&
il eeU"e de vivre des qu'il
ce[fe d'eCpérer on de craindre.
11
n'y a qu'une
Corte
d'nmo"r:
mais il y en a mille dif–
férentes copies . La pi í\part des gens prennent pour de
l'nmollr
le defir de la joüi(fance. Voule7.-vous fonder
vos felltimens de bonne-foi,
&
diCcerner laquelle de ces
deux paffions en le principe de votre attachemem; inter–
roge? les yeul de la perConne qui
VOUy
tiem dans
Ces
chalnes . Si Ca préfeQce imimide vos Cens
&
les comient
dans une Coilmillion refpeeueuCe, vous I'aime?. Le vé–
ritable
amo1tr
imerdit méme
i
la pensée toute idée fen–
fuelle, tOut e(for de I'imaginadon dom la délicntc(fe de
I'objet aimé pourroit étre offensée , s'H étoit pollible
qu'il en fUt jnnruit : mais
Ii
les attraits qui vous char–
mem fom plus d'imprellion fur vos fens que fur votre
ame; ce n'en poim de
l'nmo1tr,
c'en un appétit cor–
porel.
Qu'on aime véritablement;
&
I'nmo"r
ne fera jamais
commettre des fautes qui bleU"em la eonfcience ou I'hon–
neur.
Un amoltr vrni, fan! !,inte
&
[ala
caprice
,
Eft
w
effee lu plu! grand frein d" vice ;
D an¡
[n
liem 'llti faie
[.
retmi,·,
Eft homiee-homm.,
01/
va l. devmir .
L'Enfam Prodigue,
e.mUi• .
Qui-