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xij

DISCOURS PRELIMINAIRE

qni nOU5 ont précédés.

De~ta

l'origine &

l'~tude

de l'Hifioire, qui

MUS

unl(fant

aux liec1es paílés par le fpeétacle de leurs

v~ces

& de leurs vertus, d,e leurs

c~m­

noifrances & de leurs erreurs, tranfmet les notres aux liecles futurs. C efi

El

qu on

apprend

a

n'dl:irner les hornrnes que par le bien qu'ils fom ,

&

non par l'appa–

reil impofant <¡ui les entome: les SO\!lverains, ces hornmes aífe'l.

m~lheureux

pour

que tout confpire

a

leur cacher la vérité, yeuvem

eux-mem~s

re

J?ger d'avance

a ce tribunal l11tegre

&

terrible; le

témOlgn~.ge

que rend 1Hillorre

a

~e~x ~e

leurs prédéceffems qui leur reffernblent, en llrnage de ce que la. pofiénte dlra

d'eux .

La Chronologie

&

la

Géographie font les deux rejettons

&

les deux foutiens

de la fcience dont nous parlons: l'une pour ainli dire, place les hommes dans le

tems; l'autre les difiribue fur natre globe ·. Toutes deux tirent un grand fecours

de l'hifioire de la Terre & de ceHe des Cieux, c'efi-a-dire des faits hifroriques

& des obfervations céleftes;

&

s'jl étoit permis d'emprunter ici le langage des

Poetes, on pourroit dire que la fcience des terns & celle des lieux.font filIes de

l'Afironomie

&

de l'Hiíl:oire.

.

Un des principa.x fruits de l'étude des Empires

&

de le rs révolutions , efi

d'examiner commem fes hommes, féparés pour ainli dire en plulieurs grandes

familles, ont formé diverfes fociétés; cornment ces diftérentes fociétés om don–

né naiffance aux différentes e[peces de gouvernemens; commem elles ont cher–

ché

a

fe dillinguer les unes des aun·es, tant par les lois qu'elles fe fom données,

que par les fignes particuliers que chacune a imaginés pour que ces

m~mbres

communiquaíl'ent plus facilement entr'eux. Telle

eit

la fource de c.ette dlverfité

de langues

&

de lois, qui efi devenue pour natre malheur un obJet confidéra–

bJe d'étude. Telle efl: encore l'origine de la Politique , efpece de monde d'un

genre particulier

&

fupérieur,

a

laquelle les principes de la morale ordinaire ne

peuvem quelquefois s'accommoder qu'av c beaucoup de fineíl'e, & qui pénétram

dans les reíl'orts principaux du gouvernement des Etats, dérnete ce qui peut les

conferver, les affoiblir ou les détruire. Etude peut-etre la plus difficile de tou–

tes, par les connoiíl'ances profondes des peuples & des hommes qu'elle exige,

&

par l'étendue

&

la variété des talens qu'elle fuppo(e; fur-tout quand le Poli–

tique ne veut point oublier que

la

loí naturelle, antérieure a toutes les conven–

tions l'articulieres, e1l: auffi la premiere loí des Peuples, & que pour etre hom–

me d'Etat on ne doit point ceíl'er d'etre homme .

Voila les branches principales de cette partie de la connoiíl'ance humaine, qui

confúle ou dans les idées direétes <¡ue nous avons res;ues par les fens , ou dans

la combinaifon

&

la comparaifon de ces idées; combinaiion qu'en général on

appelle

Phitofophie.

Ces branches fe fubdivifent en une infimté d'autres dont

l'énumération feroit irnmenfe,

&

appartient plus a cet Ouvrage meme qu'a fa

Préface.

La premiere opération de la réflexion confifiant

a

rapprocl"\er &

a

unir les no–

tio~s

direétes; nous avons du commencer dans ce Difcours par envifager la ré–

flexlOn. de ce caté-la, & parcourir les différentes fciences qui en réfultent.

Mai~·

les notlons formé es par la combinaifon des idées prímitives, ne font pas les feu–

les d.ont nótre efprit foit capa?le. 11

efl:

une autre efpece de connoiffances ré–

fléchles, dont nous devons mamtenant parler. Elles confiHem dans les idées que

nous nous formons a nous-memes en imaginant & en compofant des

~tres

fem–

blables a ceux qui font l'objet de nos idées direétes. C'efi ce qu'on appelle l'imi–

~ation ~e

la

Nat~re,

fi connue

&

fi

recommandée par les Anciens. Comme les

ldées dlreétes qUl nous frappent le plus vivement, tont celles dout nous confer–

vons le plus aisément le fouvenir, ce font auffi ceHes que nous cherchons le plus

a

réveiller en nous par l'imitation de leurs objets. Si

les

objets agréables nous

frappent plus

ét~nt

réels que fimplement repréfentés, ce déchet d'agrément efl:

en quelque mamere compenfé par celui qui réfulte du plaifir de l'imitation. A

l'égard des

obje~s

9ui. n'exciteroient étant réels que

d~s

femimens triíl:es ou

tu–

multueux, leur

lrnl~atlOn

efl: plus ae;réable que les obJets memes, paree qu'elle

nous

p!ac~

a

cette Jufie difl:anee, ou nous éprouvons le plaifir de 1émotion fans

en refIentrr le

défor~re.

C'e1l: dans cette imitation des objets capables d'exci–

ter en nous des fentlmens vifs ou agréables, de

quel~ue

nature qu'ils foient, que

confifl:e. en général l'imitatíon de la belle Nature, 1ur laquelle tant d'Auteurs

ont écnt fans en don!ler d'idée nette; foit parce que la belle Nature ne fe dé–

m~le

que par un fennment exquis, foit auffi parcl! que dans cette matiere les

li–

mItes qui dillinguem I'arbitraire du vrai ne font pas encore bien fixées,

&

laiffent

quelque efpace libre

a

l'opinion .

A

.J.a