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\

x

DIscoutcs PRELIM1N/lIRE

qire que

nót~e

ab'ondance

a

cet e.gard efi l'effet de nótre

indi~enc:e

meme.

L~s

corps

éleél:rique~dans

lefquels on a découvert tant de propriétes fingulieres, mais

qui ne paroiffent pas tenir l'une

a

l'autre, font peut-etre en un fens les corps les

J,lloins' comnms, paree qu'ils paroiffent l'etre davantage, Cette vertu qu'ils acquie–

l'ent étant frottés, d'attirer de petits corpufcules, & ceHe de produire dans les

auimaux une commotioFt violente, font deux chofes pow- nous; c'en feroit une

feule

Ji

nous pouvions remonte!:

a

la premiere caufe, L'Univers, pOUY 9,ui fau–

l'oit l'embraffer d'un feul point de vue, ne feroit, s'i1 efi permis de le dlre, qp'

un

faít uni"lue & une grande vérité.

.

Les dífterentes connoiffal1ces, tant utiles qu'agréables, dont nous 'avons parlé

jufqu'iei,

&

Iilont nos bef"ins ont été la premien: origine, ne font pas les feules

que l'on ait du cultiver:

n

en eH d'autres qui 1eur fOllt relatlves,

&

auxquelles

par cette raifon les hommes fe font appliqués. dans le meme tems qu'ils fe

li–

vroient aux premieres. Auffi nous aurions en meme tems parlé de toutes

~

fi nous

n'avions cru ph1S

a

propos & plus conforme

a

l'ordre philofophique de ce Di–

fcours, d'envifager d'abol'd fans interruption l'étude générale que les hommes ont

faite des C0l'pS, parce que cette étude efi celle par laquelle ils ont commencé"

quoique d 'autres s'y foient bien-tot jointes. Voici a-peu-pres dans quel ordre ces

dernieres ont dú ,fe fuccéder.

L'avantage que les hommes ont trouvé

a

étendre la fphere de leurs idées, foit

par leurs propres efforts, foit par le fecours de leur femblables, lem

a

fait pen–

fer qu'i1 feroit utile de réduil'e en art la maniere meme d' quérir des ccmnoif·

fances,

&

celle de fe comm\l1liquer réciproquement leurs ropres penfées ; cet

Art a donc été trouvé

&

nommé Logique,

11

enfeigne

a

ranger les idées dans

l'ordre le plus maturel,

a

en former

la

chaine la plus immédiate ,

a

décompofer

celles qui en renferment un trop grand nombre de fimples,

a

les envifager par

tomes leurs faces, enfin

a

les pl'éfenter aux autres fous une forme qui les leut

J'ende faciles a faifir. C'efi en cela que confifre ceHe fcience du raifonnement

qu'on l'egarde avec raif0n comme la elé de toures nos connoiffances. Cependant

H

Fle faar pas eroire qu'elle tiet:me le p.Femier rang dans l'ordre de l'invention.

L'art de raif0fme¡ eft un préfant que la Nature faít d'elle.meme aux bons

e~

{prits ;

&

on peut dire que les livl'es qui en traitent ne font guere utiles qu':'l

celui gUl peut fe paffer d'ewc.

011

a fait un grand llQmbre de raifonnemens ju.

fres, long-tems avant que la Logiqua réduite en prindpes appnt

a

dérneler les

mauvais,

0U

meme

a

les pallier quelquef"is par une forme fUbtile

&

trompeufe.

Cet art fi préciem: de mettr€ clans les idées l'el'lchalnement convenable,

&

de '

faciliter en

conféqu~nce

le paffllge de l'une a l'autre, fournit

en

<}uelque manie.

re le moyen de rapprochet: jufqu'a un cel'tain pQint les hommes

qm

paraiffent

dif–

férer le ,lus. En effet, toutes nos connoiífances fe réduifent primittvement

a

des

fenfations, qui font a-peu-pn!s les memes dans tous les l1ommes;

&

l'art de com–

biner

&

de rapprocher des idées direétes, n'ajoute propremem

a.

ces memes

idées qu'un arrangement plus

"U

moins exaél:,

&

une énumération qui peut etre

rendue plus ou moins fenfible aux autres. L'homme qui combine aifément

de~

id~e~

ne differe guere de celui gui les combine avec peine, que comme celui

qUl Juge tout d'un coup d'un tableau en l'envifageant, differe de celui qui a be–

f,oin pou:

l'appréti~r

qu'on luí en ,faffe

obfer~er.

fucceffivement

t~utes

les l?ru:ties :

1111\

& l autre en Jettant ' un premler coup d

<X:!tl.

ont eu les memes fenlatlons,

mais elles n'ont fait, pour aiFlíi dire, que gliífer ful' le fecond; & iI n'eut fallu

que l'arreter & le fixer plus long-tems fur chacune, pour l'amener au meme

point ou l'autre s'efi trouvé tout d'un coup. Par ce moyen, les idées réfléchies

du premier feroient devenues auffi

a

portée du fecond, que les idées direétes.

Ainfi

il

efi peut-etre vrai de dire qu'il n'y a p¡efque point de fcienoe ou d'al't

dont op. ne put

a

la l'igueur,.

&

avec une b011l1e Logique, infrruíre l'efprit le plus

bOJmé ; pal'Ge qu'il y en a peu doru: les propofitions ou les regles ne puiffent etre

réduites

a

des notions fimples,

&

difpofées entre elles dans un ordre fi immé–

dlat gue la chalne ne fe trouve nulJe part interrompue. La lenteur plus ou mains

grande des opérations de J'efprit exige plus

OH

moins cette chaine,

&

l'avanta–

ge des plus grands génies fe réduit

a

en avoil' moins befoin que les autres, ou

plútót

a

la former

rapide~ncnt

&

prefque fans s'en appercevOlr.

La fcience de la cOli\111;}unication des idées ne fe borne pas

a

mettre de 1'or..

dre dans les idées memes; elle doit apprendre encare

a

exprimer chaque idée

de la maniere la plus l1ette qu'il efr pofiible,

&

par conféquem

a

perfeRionner

les fignes qui f"nt dcll:inés

a

la rendre : c'efi auffi ce que les hommes ont faie

peu-