ACA
• ACACIENS"adj. pris fubíl.
Arie/u
ainCi nom–
més d't\cace de C,daréc leur chef.
• ACAVE'MICIEN, ACA DE'MlSTE,fub.
m . lis [ont I'un
&
I'autre membres d'une fociété qui
porte
le. nom d'
¡Jcad/mi~ ,
&
qui a
p~ur ~bje~
des
rn~{ieres ql1l demandem de I érude
&
de I appileauon . M als
les Science
&
le bel efprit font le panagc de
l'Aca–
dlmiúe/1,
&
les exercices du corps occupent
l'Acad/–
mifte.
L'un Itrnvaille
&
compofe des ouvrages pOllr 1'3-
nncement
&
la
perf~aion
de la li[[érnture: l'autre ac–
quien
des
talens purement perfonnels.
ACADÉMICIENS, f. m. pI. fcae de Philofophes qui
.fuivoiellt la doarine de Socrate
&
de Platon , quant
:l
)'iocertitude de nos connoilfances
&
ii
l'incompréhenCi–
bilit': du vrai.
Académicim
pris
etl"·cc-f¡ms.
revient
ii
peu
pres'it ce que I'on appelle
Platonicien,
n'y -\lyant ¿'au–
tre différence entr'eu¡ que le tems 011 ils 001 cornmen–
cé. Ceux des anciens qui embraíloient le !)ríleme de
Platon étoient appellés
Ac(/dem;ci,
Académicicns; au
lieu que ceux qui ont fuivi les memes opinions depuis
le rérablilfement des Lemes , om pris le nom de
Pla–
tOíficieJIJJ .
On peut dire que Socrate
&
Platon qui om jetté les'
premicrs fondemens de l' Académie, n'ont pas été
a
beaucoup pres li loin que ceux qui leur om fuccédé ,
je veux dire Arcélilas, Carnéade, Clitomaque,
&
Phi–
Ion.
Socrat~,
il eíl vrai, fit pwfelIion de ne rien fa–
voir: mais fon doute ne tomboit que nlr la Phyfique,
qn'il avoit d'abord cultivée diligemmettt,
&
qu'il re·
connut enfin furpalfer la pottée de I'efprit humain. Si
qnelquefois il parloit le langage des Sceptiques, .c'étoit
par ironie ou par modeflie pour rabattre
l~ va~lré
des
Sophifles qui fe vamoient lorrement 'de ne nen Ignorer,
&
d'crre touJours prc!tS
a
difcourir fur toutes forres de
matieres.
Platon pere
&
inílituteur de l' Académie, inílruit par
Socrate
d~ns
I'art de douter,
&
s'avoüam fon feaateur,
s'en tint ii fa maniere de traiter les matieres,
&
entré–
prit de combame tous les Philofophes qui l'avoient pré–
cédé. Mais en recomrnandam
¡¡
fes difciples de fe dé–
ticr
&
de douter de tour, il avoit moins en vue de les
lailfer florans
&
fufpendus entre la vérité
&
l'erreur,
que de les meme en garde contre ces decifions témé–
raires
&
précipitées, pour lefquelles on a tant de pen–
chant dans la jeunelfe,
&
de les faire parvenir
a
une
difpofi lion d'efprit qui leur Rt prendre des mefures con–
tre ces furprifes de I'erreur, en examinant tout, libres de
de tout préj ugé.
Arcélilas entreprit de réformer I'ancienne Académie,
&
de former la nouvelle . On dit qn'il imita Pyrrhon,
&
qu'il converfa avec Tlmon; deforte que ayant enri
chi
I'épo'!"e,
c'.íl-a-dire I'art de douter de P yrrhon, de
¡'élégante érudition de Platon;
&
I'ayam armée de la
dialetrique de Diodore, Arillon le comparoit ii In chi–
m ere,
&
lui appliquoir plaifamment les vers 011 Homere
dit qu'elle éroit lion par-devant, dragon par-derriere,
&
chevre par le milieu. Ainli Arcéfi las éroit , felon lui,
Platon par-devanr, Pyrrhon par-derriere,
&
Diodore
par le milieu . C'eíl pourquoi quelques-uns le rangen t
au nombre des Sceptiques,
&
Sextus Empiricus fou–
tient. qu'iI
y
a fort peu de différence entre
t:~
feae, qui
efl la Sceptique,
&
ceHe d' Arcéfilas , qui eíl ceHe de
la nouvelle Acad':mie.
Voya.
les SCEPTICIENS.
En etfet il enfeignoit que nous ne favons pas meme
/i nous ne [avons rien; que la nature De nous a donné
aucnne regle de vérité; que les fens
&
l' emendemem
humain ne peuvem rien comprendre de vrai; que dans
(oures le chofes
il
fe trouve des raifons oppofées d'uo–
force égale : -en un mor que tout eíl enveloppé de tée
nebres,
&
que par conféquent il faut toI1jours fufpendre
fon confememetlt . Sa doéhine ne fut pas fort goI1tée,
parce qu'il fembloit vouloir éteindre toure la lumiere de
la Science, jeuer des ténebres dans l' efprit,
&
renverfer
les fondemens de la Philofophie. Lacyde fut le feul qui
defendít la doarine d' Arcélilas: il la tranfmit
a
Evan–
dre, qui fut fon difciple avec beaucoup d' autres. Evan–
dre la fit palfer
a
HégeCime,
&
H ége¡ime it Carnéade.
Carnéade ne fuivoir pas pourtam en toures chofes la
doarine d'Arcéfilas, quoiqu'il en retlnt le gros
&
le
fommairc . Cela le fit palfer pour aureur d'une nouvelle
Académic, qui fut nommée la
troifieme .
Saos jamais
découvrir 'lbn fentimem, il combauoit avec beaucoup
d'efprit
&
'1!'
éloquence toutes les opinions qu'on lui pro–
poCoit; car il avoit apponé
a
I'érude de la Philofophie
une force d'efprit admirable, une mémoire tidelc, une
grande facilité de parler,
&
uo long ufage de la D ia–
leaique . Ce fut lui qui lit le premier connoltre
a
Ro-
T ome l.
ACA
43
me le pouvoir de l'éJoquence
&
le
m~rite
de la Philo·
[ophie;
&
ccrre florillilllte )eunelre qui méditolt des lor5
l'Empire de l' Univers , attirée par la nouveauré
&
l'ex–
cellence de ce tte noble fcience, dont Carné, de faifoit
profefljon, le fuivoir avec tant d'emprelfemenc, que
Caron, homme d'ailleurs d'un excelknr )ugemem, mais
rude , un peu fauvage,
&
manquaDt de cetre politelfe
que donnenc les Lemes , eut pour fu fpea ce nouveau
genre d' crudition , avec lequel on perfuadoit tout ce
qu'on vouloit. Caton fut d'avis daos le Sénat qu'on
accorda~
a
Carnéade,
&
aux Députés qui I'accompa–
gnoient, ce qu'ils demandoiem,
&
qu'on les
renvoy~t
promptement
&
avec honneur .
Avec une éloquenoe autIi [éduifante il renverfoi¡ tout
ce qu'iI avoit entrepris de combame, confondoit la rai–
fon par la raifon m2me,
&
demeuroir invincible dans
les opinions qu'il fou tenoit. L es Sto'iciens , gens con–
temieux
&
fubtils dans la difpute, al'ec qui Carnéade,
&
Arcéfilas avoient de fréqucmes conteflations, avoient
peine ii fe débarraíler des piéges qu'il leur tendoit . Aulfi
difoient-ils, pour diminuer fa réputarion, qu'il n'appor–
toit rien contre eUK dom il fUt l'inventeur,
&
qu'il
avoit pris fos objeaions daOl lcs
Livr~s
du StoYcien
Chryfippe. f2arnéade, cet homme
a
q~i
C iceron ac–
corde I'art de tout réfuter, n'en u[oit pClint dans cetre
occafion qui femblOit li fort inr':relfer fon amour , ro–
pre : il convenoit modeClement que, fans le fecours de
Chryfippe,
il
n'auroit rien fait,
&
Qu;il combattoit Ghry–
Cippe par les propres armes de Chry/ippe.
L es correaifs que Carnéade apporta
a
la doariue
d'Arcé¡ilas font trés-Iegers. 11 efl aifé de concilier ce
que diCoit Arcéfi las , qu'il ne fe rrouve aucune vérité
dans les chofes, avec ce que difoit Carnéade, qu'il ne
nioit point qu'il n'y eu[ quelqne vérité dans les chofes,
mais que nous n'avons aucune regle pour les di[cerner •
Car il y a deux forres de vérité ; l'une que 1'00 appelle
v/rité d'ext{lence,
l'aurre que I'on appelle
véTité de
j,,–
gement.
Or
il
eCl clair que ces deuK propolitions d'Ar–
célilas
&
de Carnéade regardenc la verité de J'ugement:
ml is la vérité de jugement efl du nombre es chofes
relatives qui doivent
~tre
confidérées comme ayanr rap–
pon
a
notre efprit; donc quand ArcéCilas a dit qu'il
n'y a rien de vrai dans les Fhofes, iI a voulu dire
qu'iI n'y a rien dans les chafes quc I'efprit humain puilfe
connoltre avec cenitude;
&
c'ell cela méme que Car–
néade foú tenoit .
Arcé/i las difoit que rien ne pouvoit etre compris,
&
que toutes chofes étoient obfcures. Carnéade convenoit
que ricn ne pouvoit
~tre
compris: mais
il
ne convenoit
pas pour cela que toures choles fulfent obfcures , parce
que les chofes probables auxquel les il vouloit que l'hom–
me s'attach:ít, n'éroient pas obfcures , felon lui. Mais
encore qu'iI fe trouve en cela quelque différence d'ex–
preffion ,
ji
ne s'y trouve aucune difrerence en effet;
car Arcéfi las oe fourenoit que les chofes fom obfcures,
qu'autant qu'elles ne peúvenr erre comprifes : mais il
ne les dépollilloit pas de toute v¡ailfemblance ou de toure
probabilité : c'éroit-lii le fentiment de Carnéade; car
quand il diCoit que les chofes o'éroienr pas alfe?) obfcu–
res pour qu'oll ne pI1t pas diCcerner eelles qui doivent
etre préférées dans l'uCage de la vie ; il ne prétendoit
pas qu'elles fulfent alfe? clai'tes pour pouvoir
~tre
com–
pri fcs .
Il s'enfuit de-la qu'il n'y avoit pas mcme de diverCité de
fenrimens emr'eux lorfque Carnéade permettoit
a
I'hom–
me fage d'avoir des opinion¡,
&
peut· ctre meme de don–
ner quelquefois fOil confenremenr ;
&
lorfqu'Arcéfilas dé–
fendoit I'un
&
I'autre, Carnéadeprétendoit feulementque
I'homme fage devoit fe fervir des chofes probables dans
le commun ufage de la vie,
&
fans lefquelles on ne pour–
roit vivre, mais non pas dans la conduite de I'efprit,
&
dans la recherche de la vértté , d'ol1 feulemem Arcélilas
bannilfoit I'opinion
&
le confememem. T ous leurs dif–
f<'rends ne conCifloient donc qúe dans les exprelIions ,
mais non dans les chofes memes .
Philon difciple de Clitomaque, qui I'avoit été de Car–
néade pour s'étre éloigné fur de cenains poinrs des fen–
limens de ce meme Carnéade, mérita d'etre appellé avec
Charmide,
f ondateur de la ,!l<atrieme Ac(/dém;' .
Il
di–
foit que les chofes fom compréhenlibles par elIes-me–
mes, mais que nous ne pouvons pas toutefois les com·
prendre .
Amiochu~
fut fondateur de la cinquieme Académie :
il
avoit été difciple de Philon pendanr plufieurs 3ullées,
&
il
avoit foI1tenu la doarine de Carnéade : mais enfin il
quitra le pani de fes Mallres fur fes I'ieux jours,
&.
lit re–
palfer dans l'Académie les dogmes de StoYcieus qu'il
attri~
O
b
'
buoit