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·i,:G

H1sTOIP-l!

Oh

!

Madame , interrompit-elle, ne me

faites point de queíl:ions trop prefíantes , je

ferois embarraílée

a

vous répondre.

Il me femble, ma chere Clémentine, que

la communication des fecrets, efr le vrai

ciment de la .íincere amitié. Arrive-t-il quel–

que chofe d'intéreílant? Se trouve-t-on dans

quelque nouvelle fituation ?un creur fidele

n'a poini: de repos, qu'il n'ait répandu fon

plaifir ou

fa

peine dans le creur auquel

il

s'eft aífocié;

&

cette puverture mutuelle,

.rend le líen encareplus étroit. Au contraire,

dans quelle follicitude, dans quelle trifreífe

&

quelles ténebres ne tombe point une ame

qui ne peut confier

a

quelqu'un fes penfées

les

plus intimes? Le poids du fecret, s'il efr

quefüon d'une affaire intéreffunte, opprime

nécefíairement un creur fenfible ; la plus pro–

fonde mélancolie vicnt

a

la fuite. Pour le

monde emier , je ne voudrois pas avoir res;u

du ciel une ame incapable

d'fl.lnitíé ;

&

l'ef–

fence de ce divin fentiment, n'efr-elle pas

la communication ' le melange des creurs, le

plaifir de verfer fon ame dans celle d'un vé–

ritable ami ?

J'en .conviens; mais vous avouerez auili,

Madame , qu'une jeune perfonne peut fe

trouver fans un véritable ami; ou quand

elle aurqit uelqu'un dont elle conn01troit

la

fidélité-, a confiance peut ttre refroidie

par les qualités perfonnelles , par

la

diffé–

renc.e de l'age

r

par celles des conditions •