DU CHEV. GRANDISSON.
47
Sir Chirles Grandilfon n'a pas perdu fon
temps dans fes voyages. Sa fceur a dit
a
M.
Re~es,
qu'il ne fe marieroit pas fans faire un
grand nombre de malheuteufes ;
&
réelle-–
inent, ma chere, il a trop d'avantages per–
fonnels pour la tranquillité d'une femme qui
prenqroit des fenriments particuliers pour
~ui,
Le foible, prefque général de notre kxe,
eíl: pour les hommes d'une figure éclatante ;_
ta raifon des femmes fe laiffe gouvern_er par
les yeux. Je fais que vous me
reconunande~
tez ici de ne pas groflir le nombre de ces im–
prudentes. Vorre confeil , chere Lucie , ne ..
fora pas négligé.
Le cara,ll:ere fenfé de
fu:
Charles n'e1l pas
ÍUjet
a
des caprices ou des inégalités d'hu-;
meur. Il efl: fupérieur aux difpures qui n'ont
que des bagatelles pour objer. Il l'eíl: encore
plus aux fauffes complaifances qui pourroient
engager la confcience ou l'honneur. Mifs
Grandilfon me difoit un jour , en parlant de
fon frere : ce n'efl: pas fa bonne mine , ni
fa
nailfance) ni fon bien) qui le rendent cher
a.,
ceux qui le connoiffent ; c'efr le plus parf:-üt–
aífemblage de routes les qualités qui
formen~
eifentiellemenr l'honnere homme. Elle me
difoi
t , une autre fois , que la regle de
fa
vie
étoit
da.nsfot'l
propre ca:ur ;
&
que, malgré
le b
onheur qu'il avoit de plaire
a
tput le
monde,
jl
né mettoit le jugement, ou l'ap–
probarion d'autrui qu'au fecond rang. En un
mot, mon frere, ajoura-t-elle,
&
ce nom
fembloit lui caufer w1e forre-de fierré, n'eft