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LETTRE

gout pour porter 4n jugement saín et exempt d'er~

reur.

Voici ce que pensent les littérateurs les plus ju–

dicieux que j'ai consultés en France et dela les

monts. La

Mérope

leur parait sans contredit le

sujet le plus touchant et ]e plus vraiment tragique

qui ait jamais été au théatre ; il est fort au-dessus

de celui

d'Athalie.,

en ce que la reine Athalie ne

veut pas assri.ssiner le petit

J

oas, et qu'elle est trom–

pée par le grand-pretre, qui veut venger sur elle

des crimes passés; au lieu que dans la

Jl,1Iérope

c'est une me're qui , en vengeant son fils, est sur

le point d'assassiner ce fils meme , son amour et

son espérance. L'intéret de

Mérope

est tout au–

trement touchant que celui de la tragédie

d'A.tha–

lie;

mais il parait que

M.

Maffei s'est contenté de

ce que présente naturellement son sujet, et qu'il

n'y a mis aucun art théatral.

1.

Les scenes souvent ne sont point liées, et

le théatre se trouve vide ; défaut qui ne se par–

donne pas aujourd'hui aux moindres poetes.

2.

Les acteurs arrivent, et partent souvent sans

raison; défaut non moins essentiel.

3. Nu1le vraisemblance, nulle dignité, nnlle

bienséance, nul art dans ]e dialogue , et ce1a des

la premiere scene, ou l'on voit un tyran raisonner

paisiblement avec Mérope, dontil a égorgé le mari

et les enfants, et lui parler d'amour; cela serait sifflé.

a

Paris par les moins connaisseurs.