LETTRE
bon citoyen, plus j~ cherche
a
enrichir mon
pays
des trésors qui ne sont point nés dans son sein.
·Mon envíe de traduire votre
Mérope
redoubla
lorsque
j'
eus l'honneur de vous conna'it~e
a
Paris
en
1733.
Je m'aperc:_;:us qu'en aimant l'auteur
je me sentais encore plus d'inclination pour l'ou–
vrage; mais quand je voulus y travailler, je vis
qu'il était ahsolument impossible de la faire passer
sur notre théatre franc:_;:ais. N otre délicatesse
-~st
devenue excessive
=·
nous sommes peut-etre des
Sybarites plongés dans le luxe qui ne pouvons ·
supporter ce~ air n~'íf et rustique, ces détails de la
vie champetre que vous avez imités du théatre
grec.
Je craindrais qu'on he souffr1t pas chez nous
le jeune Égisthe fesant présent de son anneau.
a -
celui qui l'arrete, et qui s'empare de cette bague.
Je, n'oserais hasarder de faire prendre un héros
pour un voleur, quoique la circonstance oú
il
se
trouve autorise cette méprise.
Nos usages, qui probablement permettent tant
de choses que les votres n'admettent point, nous
eip.p~cheraient de représenter le tyran d€ Mérope.,
l'assassin de son époux et de ses fils, feignant d'a–
voir, apres quinze ans
7
de l'amour pour cette
reine; m~me_je n'oserais pas faire d.ire par Mérope
au tyran :
Pourquoi done n.,avez-vous pas parlé
d-'amour auparavant., dans le teinps que la fleur
de la jeunesse ornait encore mon visage?
Ces
entretiens _sont naturels; mais notre parterre
"I