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A M. lVIAFFE_I.

15

une preuve que le théatre anglais n'est pas encore

épuré? 11 semble que la meme cause qui prive

les Anglais du génie de la peinture et de la :musi–

que leu.r ote aussi celui de la tragédie? Cette He,

qui a produit les plus grands philosophes de la

terre, n'est pasaussi fertilepour lesbeaux-arts; et

si les Anglais ne s'appliquent sérieusement

a

sui–

vre les préceptes de leurs excellents citoyens,

Ad–

disson et Pope, ils n'approcheront pas des autres

peuples en fait de gout et de littérature.

Mais tandis que le sujet de

Mérope

était ainsi

défiguré dans une partie de l'Europe ,

il

y avait

long-temps qu'il était traité en Italie selon le gout

des anciens. Dans ce seizieme siecle, qui sera

fa–

meux dans tous les siecles, le comte de Torelli

avait donné sa

Mérope

avec des chreU:rs. 11 parait

que si M. de la Chapelle a outré tous les défauts

du théatre fran<;ais, qui sont l'air romanesque,

l'amour inutile et les épisodes; et que, si l'auteur

anglais a poussé

a

l'exces la barbarie, l'indécence

et l'absurdité, l'auteur italien avait outré les dé–

fauts des Grecs, qui sont le vide d'action, et la

déclamation. Enfin, monsieur , vous avez évité

tous ces écueils, vous qui avez donné

a

vos com–

patriotes des modeles en plus d'un genre ; vous

leur avez donné dans votre

.JJI

érope

I'

exemple

d'une tragédie simple et intéressante.

J'en fus saisi des que je la lus : mon amour

pour ma patrie ne m'a jamais fermé les yeux sur

le mérite des étrangers; au contraire, plus je suis