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LETTRE
ses pieces, elle en forme le principal intéret. C'est
la
passion la plus théatrale de toutes, la plus fer–
tile en sentiments ," la plus variée : elle doit etre
l'ame
d'un
ouvrage de théatre, ou en etre entiere–
ment hannie. Si l'amour n'est pas tragique, il est
insipide; et s'il est tragique, il doit régner seul;
il
n'est pas fait pour la second.e place. C'est Rotrou,
c'est le grand Corneille meme, il le faut avouer,
qui, en créant notre théatre, l'ont presque tou–
jours d.éfiguré par ces amours de commande, par
ces intrigues galantes qui, n'étant point de vraies
passions, ne soni point dignes du théatre; et si
vous demandez pourquoi on joue si peu de pieces
de Pierre Corneille, n'en cherchez point ailleurs–
la raison; c'est que dans la tragéclie
d'Otlwn.,
Othon
a
la princesse a fait un compliment,
Plus en homme d'esprit qu'en véritable arnant.
JI
suivait pasa pas un effoi-t de mémoire,
Qu'il était plus aisé d'admirer que de croire.
Camille semblait m eme assez de cet a is;
Elle aurait mieux goutt\ des discours moius suivis ....
Di -moi done, lorsqu'Othon s'est offert
a
Camille,
A-t-il été content? a-t-elle étéfacile?
C'est que, dans
Po mpée,
l'inu6le Cléopatre dit que
César
Lui
trace des soupirs, el, d un style plain tif,
Dans son charnp de victoi re il se
<lit
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captif.
C'es t que C 'sar demande
a
Antoine
S'il a vu celte r eine adorable.