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LETTRE
jours d'Athenes, dans laquelle l'amour d'une mere
fait toute !'intrigue, et ou le plus tendre intéret
nait de la vertu la plus pure.
La France se glorifie
d'A_tlialie :
c'est le chef–
d'reuvre de notre théatre; c'est celui de la poésie.
C'est, de tou tes les pieces qu'on
j
oue, la seule
m'1
l'amour ne soit pas introduit; mais aussi elle est
s.outenue par la pompe de la religion ·et par cette
m .fjesté de l'éloquence des prophetes. Vous n'avez
point eu cette re,ssource, et cependant vous avez
fourni cette longue carriere de cinq actes , qui
est si prodigieusement difficile
a
remplir sans
épisodes.
J 'avoue que votre sujet me parait beaucoup-plus
intéressant et plus tragique que celui
d'A.tlialie;
et si notre admirable Racine a mis plus d'art, de
poésie et de grandeur dans son chef-d'reuvre, je
ne doute pas que le votre n'ait fait couler beau–
coup plus de !armes.
Le précepteur d'Alexandre, ( et il faut de tels
précepteurs aux rois) Aristote, cet esprit si étendu,
si juste et
si
éclajré dans l es ch oses qui étaient alors
a
la portée de !'esprit humain ,... Aristote , dans sa
Poétique
immortel1e, ne b alance pas
a
dire que
la r econnaissance de Mérope et de son fils était
le moment le plus intéressant de toute la scene
grecque . II donnait
a
ce coup de th.éatre la préfé–
rence sur tous l es autres. Plutarque dit que les
Grecs , ce peuple si sensible , frémissaient de