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LETTRE DU PERE TOURNEMINE

d onné en franc;ais Euripid.e, tel qu'il charmait la

G r ece, vous avez reconnu <lans la

Mérope

de

notre ill ustre ami ]a simplicité, le naturel, le pa-

, thétique d.'Euripide. M. de Voltaire a conservé la

simplicité du sujet; il l'a débarrassé non seulement

d'

épjsod.es

superflus, mais encore de scenes in–

utiles. Le péril d'Égisthe occupe seul le théatre.

L'i n térét cro1t ele scene en scene jusqu'au d.énou–

m nt, dont la surprise est ménagée, préparée avec

beaucoup d.'art. On l'attend du petit-fils d'Alcide.

Tout se passe sur le théatre comme il se passa dans

Messene. Les coups de théatre ne sont point des

situations forc ées , dont le merveilleux choque la

vraisemblance; ils naissent d.u sujet : c'est l'éve–

nement historique vivement re1 résenté. Peut-on

n'étre pas touché, enlevé, dans la scene ouNarbas

arrive au moment que Mérope va immoler son fils

qu'elle croit venger? clans la scene ou elle ne peut

sauver son fils d'une mort inévitable qu'en le fesant

connaitre au tyran? Le cinquieme acte égale ou

surpasse le peu de cinquiemes actes excellents

qu'on a vus sur le théatre. Tout se passe hors du

théatre; et l'anteur a transporté, ce me semble,

to

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ute l'action sur le 'théatre avec un art admirable.

La uarration d'Isménie n'est pas de ces narrations

étudiées, hors d'reuvre, ou l'esprit brille

a

contre–

temps, qui ralentissent l'action, qui dégénerent en

facleur; elle est toute action. Le trouble d'Isménie

p eint le tumulre qu'elle raconte. Je ne parle point

de la versification; lepoete, admirable versificateur ,