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LETTRE
meme celui
du
théatre' quoiqu'il en eút le goút;.
et tout ce qu'il pouvait et devait faire, c'était d'en-
courager le grand Corneille.
.
M. Gilbert, résident de la célebre rein~ Chris–
tine, donna en 1643 sa
Mérope.,
aujourd'hui non
moins connue que l'autre.
J
ean de la Chapelle,
de l'académie fran~aise, auteur d'une
Cléopátre.,
jouée avec quelque succes, fit représenter sa
Mé–
rope
en 1683. II ne manqua pas de remplir sa
piece d'un épisode d'arn.our. II se plaint d'ailleurs,
dans la préface, de ce qu'on lui reprochait trop
de merveilleux. II se trompait; ce n'était pas ce
merveilleux qui avait fait tomber son ouvrage; c'é–
tait en effet le défaut de génie, et la froideur de
la versification ; car voila le grand point, voila le
vice capital qui fait pérfr tant d e poemes. L'art
d'etre éloquent en vers est, de tous les arts, le plus
difficile et le plus rare. On trouvera mille génies
qui
sauront arranger un ouvrage et le versifier
cl'une maniere commune; mais le traiter en vrais
poetes, e'est un talen t qui est d onné
a
trois ou
quatre hommes sur ]a
te1
re.
Au mois de déce:mbre
1701 ,
M. de Ja Grange
fit jouer son
Amasis.,
qui n'es t autre chose que
le sujet de
ll!lérope
sous cl'autres noms : la galan–
ter:ie regne auss:i dans cette pi ' ce, et il
y
a beau–
coup plus cl'incidents merv illeux que dans celle
<le la Chapelle; mais aussi elle est conduite avec
plus d'art, plus de génie, plus d'intéret; elle est
clécrite avec plus de chaleur et de force
:
cepen-