SOCRATE.
dix ai:rs? qui paiera vos médecins, qu:rnd vous serez
malade? vos avocats' quand vous aurez des proces?
Enfin
que fcrai-je, q~andce fripon, ce cou tors d'Anitus
et son partí, que vous auriez eus pour vous, s'attache–
ront
a
vous persécuter comme ils ont fait tant de fois?
Le ciel confonde les pbilosophes et la philosophie, et
ma sotte amitié pour vous! Vous vous melez de con–
duire les autres, et il vous faudrait des lisieres : vous
raisonnez sans cessr, et vous n'avez pas le sens com–
mun. Si vous n'étiez pas le meillcur homme du monde,
vous seriez le plus ridicule et le plus insupportable.
Ecoutez : il n'y a qu'un mot qui serve; rompez dans
l'instant cet imp ertinent marché, et faites tout ce que
veut votre femme.
S OC RATE.
C'est tres bien par1er, ma chere Xantippe, et avec
modération; mais écoute¡- moi
a
votre tour. Je n'ai
point proposé ce mariage. Sophronime et Aglaé s'ai–
ment, et sont dignes l'un de l'autre. Je vous ai déja
donné tout le bien que je pouvais vous céder par les
lois; jr donne presque tout ce qui me reste
a
la fille
de moa ami : le peu que je garde me suffit. Je n'ai ni
médecin
a
p~yer, parce que je suis sobre; ni avocat,
parce que je n'ai ni prétentions ni dettes. A l'égard de
la
philosophie que vous me reprochez, elle m'enscigne
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souffrir l'indignation d'Anitus, et vos injures;
a
vous
aimer malgré votre humeur.
(
Il
sort. )