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BAU
mordicante & acre au gour. ~elques-uns difent
que cec arbriffeau ne croir qu'en Egypce, & d~ns
une cenaine vall ée de Judée. Le fue qu'on en nre
s'appell e
Bdlfam,e/eon
,
c0mme qui diroir
B.dj_ami
oleum ,
ou
opobalfar,mm.
Il y a differences op1mons
rouchant la maniere dont on le are. Theophrafl:e
&
Diofcoride difenc que ce fue
fe
recueiUe dan$ l~s
jours caniculaires ,
J;
égrarig~anc l'arbn:: avec des
grifes de fer ; qu'il forc goure a ,goure , & en fi pe–
tite quanciré, que chaqne annee on n'en peut rem–
plir que fix on fepr conge~-' d,onr chacune_pefe ~n_–
viron neuf hvres , & qu
il
s achere au heu ou il
naí'é, le doub!e poids de l'arge·nc. Pline dir au con–
craire qu'il
faut
inci(er ]'écorce avec un míl:rumenr
rranchanc de verre, de pierre ou d'os , parce que
l'arbre mourroir fi on l'enramoir avec le fer. Ponr
éprouver le bon Baume, il fauc qu'il foir frais, aifé
a
diífoudre , uní , aíl:nngenc , un_peu p1quanr au
goílr & de couleur jaune ou ron!Ie.
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faur encare
q u'il air l'odeur forre
&
pénérranre ; 'qu'il ne rache
poinr le drap fur lequei il aura éré verfé ; qu'il
cai!le le lair fi on en jerre dedans; qu'1l
fe
fonde
inconcinenr qu'on ]'aura mis dans _de l'eau, & q11?
lui fa!Ie prendre la cou leur de latt; ce que ne
fa1t
poinr le Baume fophííl:iqué , qui l_ai(!e une rache
fur !e drap, & qui na~e comme l'hu1!e au-deífus de
l'eau. Il
y
a de deux !orces_ de Baume, le naturel &
l'an ificie. Le naturel fe divtfe en .quacre e(peces ,
q ui (
0
nr le Ba11rne fimplemenr appellé Baume , le
Baume du Perou, le Baume de Tolut , & le Baume
qu'on nomrne Baume nouveau. Le
Baumejimple,
aucremenr le vrai Opobalfarne , eíl: une refine li –
q uide, jaunarre·; rran(parence
&
d'une odeur qni
approch~ de la Terebenrh~ne , 1:_I1ais beaucot!P plus
aareab l;:. Elle eíl: d'un gout un peu amer & p1quanr
&
diíl:ille de l'arbri!Ieau décric ci-deífus, quand on
en a e11tart1é l'écorce ; comme au!Ii de fes perites
branches raillées. Lorfqu·on la prenden breuvage,
e:Je provoque l'urine , & eíl: bonne
a
ceux qui ne
penvem avoir leur haleine. Elle [en de conrrepoi–
fon t,rife avec du lair , quand on a éré mordu d'un
ferpenr, ou qu'on.a bu ou rnangé de l'aconir.
On
la fair encrer dans les onguents fairs pour les la!Ii–
tudes , & dans les emplarres
&
pi:éiervacifs. Le
Baume du Perou
,
eíl: un fue tiré d'un arbre grand
comme un grenadier, & dom les feuilles reiTem–
blenr
a
celles de l'orrie. Monard qui en rend ce
témoignage, en diíl:ingui: de deux forres ; l' un dé–
cou!e des incifions qu'on fair
a
cer arbre. Cette li–
queur eíl: blancharre , tenace
&
vifqueu(e.; mais
fa
rareré & la difüculré qui fe crouve
a
la rirer , em–
peche qu'il ne nous en vienne. Les Indiens pour
cornpofer l'autre Baume , fonr bouillir dans une
chaudíere les branches
&
le rronc de l'arbre , ha–
chés forr menu, avec beaucoup d'eau. Lorfque le
tonta fuffiíammenr bouilli, ils le laiífenr refroidir &
rama!Ienc l'huile qui nage au-deífos. .Cecee huile
e!l
de couleur noire, rougearre , forr 9diferanre ,
&
c'eíl: le Baurne done nous nous fervons ordinaire–
mem. Etanr appliqué , il adoucir les douleurs qui
proviennenr d'humeurs froides : il di!Tipe les hu–
meurs aqueufes , forrifie les nerfs & le cerveau, gtie–
rir ]·es goures crampes , amollit la rare endurcie,
&
aide fon aux gouteux. Dans la Chirurgie, il eíl: bon
. aux playeS récenrcs, non feulement en confolidant,
mais cncore en écbauffanr & en di!Iipanr ce qni eíl:
n 1ifib!e. On s'en
{ere
auffi pour les conmfions in–
vecerées,
&
merne pour celles des nerfs. Le
Bau–
me
de
T olut ,
eíl: un fue qu'on rire·en incifant l'é–
corce d'un arbre , fair
a
pc;:n pres comme un perit
pin , & qui crok dans une Province de
l'
Arne–
rique. Sa couleur
eíl:
rouge ciranr Cur le doré.
11
eil:
BA
U
de confiíl:ance moyenne, forr g
1
uant & adherenr,
d 'une favet~r douce
&
agreable, & jette une odeur
qni appcoche de cell e du liman. Il a les rnemes pro–
prierés que le vrai Baume. Oucre qu'on s'en [ere
dans l'aíl:me , dans la phtiíie & dans la crudicé
d'eíl:omac ; il eíl: bon pour confolider les playes,
pour les ~oupíh-es de nerfs
~
rnnrufions
&
piqu_íi–
res. S'il y a des os rompus ,
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¡e¡¡e hors les efqml–
les. Le
'Baume nowveau
,
que plufieurs prennenc
pour le Baume du Perou , ell: une e[p_ece de Baume
narurel , tiré des fommirés & des frmrs femblables
a
des raifins , que porte un arbre qui croir dans les
lndes. Cer arbre qui eíl: enviran de la haureur de
deux hommes, a de larges feuilles, plus verres au–
defü1s qu'au-deíTous. Elles fonr arrachées par des
queues rouges,& une groífe cote en divi[e le milieu.
Ce Baurne eíl: prefque [emblable ranr en
fa
couleur
qu'en fes aurres qualirés, au Baume de Tolur,
&
d'u–
ne c·onfiíl:ance de miel épais.
Il eíl: cerrain que le vrai arbre du Baum · e íl:
originaire d'Arabie, ou il en cro1t une infiniré au–
pres de la Meque & de Me0ine, fur les monragnes,
dans la plaine
&
fur le Cable. De ces lieux íl:eriles
on les rr,.nfp!anre en des rerres ferriles. Les Pe–
lerins qui vonc vifirer le Tombeau de Mahomet
. apporrenr de ces arbres au erave1°s de la rner Rouge;
&
quand ces arbres viennenc
a
mourir, ils en ap–
porrenc d 'aurres par
h
meme voie. La Reine
de
Saba en ayanc apporré un en Judée, quand elle em
envie de voir Salo1non, lui en
fic
p_re[enc;
&
c'eíl:
dela° que font venus. rous ceux qu'on y voit. De–
puis quelque tems les , Arabes aya-ne reconnu le
grand profü qu'on peur rii;er des Baumiers,
·om
pris grand foin de les conterver
&
de les mu
1
riplier:
de forre qu'il y en a maincenanr un grand nombre
de vergers,
&
qu'on en fair roujours. de nouveaux,
av-ec la permi!Iion du Souverain : car il n'y a per–
fonne qui oíe fans fon ordre, Cerner ou p!anrer cer
arbre , prendre les fleurs , couper les branches ni
cueillir les fmirs. Le Baumier eíl: de la figure del'
A–
{nu, caflus
,
&
haur comme le Trocne. Ses feuilles
qui fom en fon petir nombre, re!Iemb ,enr
a
cel–
les de la rue ,
&
onr leur couleur d'un verr
rir2nc fur le blanc. Elles ne rombem poinr en hi–
ver. Les branchc:s fonr longues, droices, menues,
&
chargées de peu de feuill es. Elles pendc:nc erais
cinq ou fepr eníemble cornme celles du maíl:ic. Les
rameaux fonr odoriferans, gommeux & s'arrachenc
aux doigrs quand on les rouche. Les fleursqui fom
perites & femb lables
a
celles de l'Acacia, pendent
chacune
a
fa
rige en maniere de couronne,
&
ont
une odeur tres-agreable , mais qui.dure peu. On y
trouve une graine enfermée enrre de perites feuil–
les, d 'un noir tiranr un peu fur le rouge, & qui fenr
forr bon. Elle eíl: de la farme
&
de la gro!Ieur
du fruir de Terebinthe , épaiiTe an milieu, &
fe
rer–
~ine en poinre. Au-dedans de cene graine eíl: une
hqueur jaun
0
e comme_ le miel, u~ peu plus forre &
amere au gom. Le bois du Baurmer efr leger, ·aom–
meux , & paroí'r rouge au-dehors. Le Baume q~i e!l
la gomme de cer Arbre , difülle des femes du rronc.
Si-cor qu'il fenr
l'air
il devienr jaunatre , en[i.µre
ven , apres d'un jaune doré ,
&
enfin d 'un jaune
brnn, ou de couleur de miel. L'odeur en eíl: fi for–
re & fi pénérrance au forcir de l'écorce, que non
feulemenr elle
fo.irmal
a
la rece, mais cau[e fou–
venr des faignemens de nés. Elle (e change infonfi–
blemem en une amre odeur ¡:ilus douce. Le Baume
nouvellemenr difüllé eíl: clair; peu de ceins ;tpres
il devienr rrouble,
&
fon épais érant vieux. Alors
il n'eíl: preCque plus d'aucun ufage. Les Egypriens ·
s'en fervenr pour rour~s forres de maladies caufées