SA
NATURE.
Immatérialité.'
Iº. Par
ou
coníl:e-t·il que les B'rutes. aienr réellemerÍt
une
bien grande fomme de maqx? Formées pour l'urilité de
l'homme., pour le bien général de l'univers, pour la gloire
du Créateur, chaque efpece trouve par-tout
ou
la Providence
l'a placée, ce qu'exige
fa
nature; p~mr
fa
fubfiíl:ance, ·pour
fa
confervation, pour
fa
prop·agation, pour fon bonheur.
(644).
Sans regrets fur le paífé , qui ne les affecre plus , fans alar–
mes fur l'avenir , qu'elles ne prévoient pas : les brmes ne
font
occupées qtre . du préfent. Et le préfent eíl: communé–
ment
pour elles, ou un moment de plaiíir; quand elles
facisfont
leurs
appétits
&
leurs penchans :· ou un moment
ele léthargie; quand la rigueur de la faifon froide condarnne
certaines efpeces
a
un état de torpeur ,
a
u ne inerti.~ torale:
ou un momént de fatigue, aífortie
a
leur
n ature
&
2ttachée
a
leur deíl:ination: ou un moment de douieur, occafi onn ée
ou
par le vice de leur nature, qui s'altere
&
fe détrnit ; ou ,,
par
l'~él:ion de quelque caufe étrangere, qui commence
ou qui confomrne cette altération ou cette deftruél:ion.
11°. Par
ou
coníl:e-t-il que toute
nature /enfible
exige eífen–
tiellement, comme le fuppofe Malebranche, d-'erre conf–
tamment
&
perfévérammenc
exempte
de
ces-maux pby fi ques
qui cloivent naturellement émaner ou de la conílitution par–
ticuliere de chaque efpece, ou des Loix générales de l'uni–
vers? En fuppofanf que les brutes aient une ame réellement
capable d'éprouver le plaifir
&
'la douleur (hyporhefe dont
Defcartes•
&
Malebranche n ient la realité , mais dont ils ne
fauroient nier la _poffibilité ) : par
ou
prouveroient-ils q~1e
l'Auteur
de la Natu_re,
ffu
obligé
de changer
ou d'interrom–
pre 1€s loix générales de la Gravitation; pour empecher
qu'une pomme, arrivée
a
fa
maturité, en t ombant du haut
d'un arbre, n'écrafat par
fa
chute
,
un hanneton ou
une
founni ;
a
qui l'Etre innéé
&
créare nr ne doit, ni une béa–
titude non-interrompue, ni une exiíl:ence toujours perma–
nente
?
IIIº. Pour remplir fes vues adorables, dont quelques-unes
nous
font
connues,
&
dont un plus grand nombre échappe
a
notre íntelligence; le Tom-puiífanr crée des millions de
mil\ions de brutes. Incapables de mérite
&
de démérite, ces
brntes paroiífent avoir la fomme de bien_s qui convient
a.
lenr natu re.
Parce qu'elles ont quelques maux, que notre imagination
clefio
ur l:! , en leur
pretanr
notre maniere de voi-r
&
de fenrir,
&
qui cl é rivent n ri tur elleme nt ou de leur coníl:itution ou
de Jeur ( eHi1.a rion o u el e
l'oidre général des
cho(es; fa udra..
t-il, ele peur d'omrager la ju fii ce
&
la bonté de l' Etre i.ncréé
&
cr ' ateur, q ui ne le ur doir év idemment rien de plus , e n