SA NATURE.
Immatéria!ité.
66()
Nous avons done une id ' e de ces
deux Subfl.u u;es imrnaté–
rielles;
&
{i
nous n'avons pas une
idée fon 1
umineu(e
de
l'Ame des Brures, avons-nous une idée in fin imem lumi-·
neufe
de l'Ame humaine
?
Quelqu'obfcurit~ qu'il puiífe
y:
avoir
for
la narure de ces
deux
fubíl:ances;
l
exiíl:ence de
la
fubíl:ance fpirituelle qui anime l'Homme, eft l'objer d'une
demoníl:racion: l'exiíl:ence de la fubftance immatérielle
qui
anime
la
Brute, efi l'ob,jet d'une opinion tres-v.raifemblable.
Uº.
Quant
a
l'antique Divijion de Ja Sub(lance,
en
matiere
&
en efprit : je dis qu'il n'eíl: point démontré que cette clivi–
fion embraífe toutes les fubíl:ances poffibles ; qu'il eíl: meme
tres•vraifemblable qu'il
y
a au moins une troiíieme efpece
tle
fobfürnce, différente des deux premie res.
Quelle témérité
rl"y
auroit-il pas de penfer que ,nous con~
noiífons toutes les différentes efpeces de fubíl:ances, qui
peu~ –
vent etre produires par le Créateur
?
Notre foible intelli–
gence
égale- t- elle la Toute • Puiífance infinie de l'Etre
fupr eme? Si dans la cla~e des Bruces nous ne connoiffion~
-que le Chien
&
le Cheval : nous diviferioi1S la Brure
-e-a
chien
&
en cheval;
&
nous trouverions peut-etre
fon
mau~
vais que l'on nous conrefiat l'exafl:itude <le notre divifion.'
S'eafoivroit-il de-la que le lion, la fourmi, l'aigle, la ba–
leine, fuífent des efpeces impofiibles: parce qu'ell cs feroient
differenres des deux ·premieres;
&
qu'elles ne feroienr pas
comprifes dans notre c.liviíion? Et celui c1ui, par des effets
bien ob(ervés, prouveroit l'exiíl:ence d'une efpece différente
des deux premieres, feroit-il biep condamnable d'ofer ;;id-_
mettre une rroifi.eme efpece de Ilrures?
,
Difons la meme chofe, des
trois Suhflances
dom il eít:
ici queíl:ion. 11
y
a des effets qui démontrent l'exifience de
la Subíl:ance matérielle: il
y
a des effets qui démontrent
l'exifience de la Subílance fpirituelle : il
y
a des effets qui
ne conviennent ni
a
la.
premiere, ni
a
la foconde ;
&
qui
annoncent tres"" vraifemblablement l'exifience d'une troi-–
fieme Subílance
,
difünguée des deux premieres. Done il
ell vraifemblable qu'il exiíl:e dans la
Nature',
une fubíl:ance
diílinguée de la Mariere
&
de l'Efprit : c'eft l'Ame des
Bruces.
')