SES
DIFF:É:RENTES PuISSANCES.
Le Sentiment.
63,.
.
intérieu r s ele joie o-u de triíl:eíie, d'efpéra nce ou de ( rainte,
d'amour on de haine, d'approbation ou d'improbation , dé
peochant
OU
d'averíion , de gout
Oll
Je dégout
~
de plaifir
ou de déplaiíir: émorions nécs da os elle,
avant
la réflexion
ou avec la réfl exion for les objers ; émoríons a,ífez indépen–
dantes de ce qu'on nomme fenfarion s organiques
&
menta..
les , puifqu'elles exiíl:em aífez fouve:it fans ces fenfations;
émorions qui femblent plus dépendre de l'efprit que des fens,
qui fe rapportent plus aux objers infeníibles
&
moraux,
qu'aux objets phyfiqn es
&
fénfibles;
ql!i
femblent cepen–
dant tenir des uns
&
des antres,
&
former comme la
chaÍne
intermédiaire
de modification, par
ou
l'aB:ion de
1'
Ame pa{fe,
des
cho(es ¡mrement fenfibles,
ame
chofes purement intel–
kélue
!les.
Ainfi les
Senrimens de l'Ame,
font comme des impreffio)1S
&
comme des mouvemens internQ!s , qui l'affeB:ent
&
qui la
touchcnt dans
fa
plus intimefubíl:ance ; qui la flartent ou qui
la
déchirent avec la plus grande vivacité; qui fouvent naif–
Cent fans
la
réfle xion, quelquefois s'évanouiírenr devant le
flambean de la réflexon, plus fouvent s'irrirenr
&
fe
forti,.
fient par la réflexion.
·
779.
REMARQUE.
11
y
a une différerice bien dé-cidée
&
bien fenf1ble ei1tre l€s fenfarions
&
les fcntimens de l'Ame
humaine.
1°.
L.esSenfations del' A me,
font
aíTez indépendantes de Ia
Puiífance intelleB:ive : c'eH-a-dir~, de l'ef_rric, du jugement,
cln
génie, de l'imagination.'
Avec le profond génie d'un Newton, avec la
fublime
ima ..
gination d'un Defcc!rtes , avec toute la clairvoyante- péné–
tration du plus habile Politique : je n'aurois pas des frnfa–
tions plus vives
&
p1us énergiques, que celles que j'ai,
a
l'occafion des objets que je vois, que je palpe , dont j'en•
rends le fon o.u
.le
bruit, dont l'odeur ou la faveur m'af–
feét:enr.
· Toures ces fenfations dépendent uniquement de la
Confii–
tution phyfique
de mes
organes,
par· le moyen defqnels mon
ame en rec;oit l'impreílion.
,
Ilº. Mais les
Sentimens de l' Ame,
femhlent dépendre
en
gran<le partie de la PuiíTance intelleél:uelle: c'eíl:-a~dire, de
l 'e(prit , du jugernent , de l'imagination, de toute la ma-
11iere d~ voir , qui eíl: propre
a
la Perfonne en qui ces íen–
timens exiíl:ent.
Un génie plus élevé
&
plus éclairé, un hornme
a
lurnie–
res plus droites
&
plus éten<lues, fent plus v iveme nc le
~~rite <l'une aélion noble
8,{
généreufe; s'indi~ne
ph1s
éller'"'.: