THÉORJE
DE
L'AME
It'{JMAINJ!:
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E.
776.
ÜBSERVATIO.N.
La
M !moire
peut erre confidérée,
011
cornme
une Puiífance de notre ame, ou comme une fonc–
tion de cette Puiifance de notre ame; comme facult e , ou
comme
aB:e.
1°. La
.lVlémoire
s
con íidérée comme
Pu~ffence de notre ame;
eíl: cette faculté i.ntelleél:uelle
&
feníible, qui la met
en
état
ele retenir
&
dé faire revivre- l'impreffion que font fur nous
les divers objets; tant ceux -qui affeB:ent nos organes ma–
tériels, que cenx gui ,ne font en prife qu'a notre inrelliger-Ice.
11
eíl: clair que cette
Faculté de
1zotre
ame,
coníidérée
dans
fa
nature
&
dans fon Cujet, eíl: une faculté tont auffi fpiri–
tuelle; que cel\es que nous rwmmons entendement, vo–
lomé, jugement, raiíon. Si celle-la dépend dn jeu des orgtt–
nes matériels , dans fes fonél:ions: celles-ci n'en dépendent
pas moins.
(371 & 761).
Iiº.
La Mémoire, coníidérée comme Fonfüon de certe- ·
Puiffance ,
e{l:
comme un
Sentiment continué ou refzouvellé,
mais plus ou moins
ajfoibli.,
des cho(es quelconques , maté–
rieiies ou immatérielles , par lefquelles nous avons éré arué–
ríeuremem affeB:és, en différeos tems
&
en <lifférentes
cir–
confiances de notre vie : foit que nous ayons été nous-.
mernes le fujet ou les témoins de ces cho(es ; foit qne
noqs:
n'en ayons eu connoin:ance, gue par les i<lées que nous ·en
o .u
donné, immédiate.ment ou médiatement, ceux~qui en
,avoicnt eré le fujet ou les témoins.
Ces chofes , objet de la mémoire , pel!lvent erre indiff'é–
rernment, ou les Modi,fications memes de notre ame, telles,
que fes idées , fes jugemens , fes peines
&
fes plaifirs,
fes
affeétions
&
fes avedions; ou les dbjets qnelcon.ques
, ~.rnxquels ont été relatives ces différ-entes modifications -de
noae ame.
777.
REMARQUE.
La Mémoire, coníidérée dans fon
Ohjet
incérieu.r
,
ou dans les images des chofes qu'elle retient
&
qu'elle fait revivre , eíl: comme une,fuite de perites tablettes
jnrelleB:uelles, fur lefquelles .un invifible crayon .ou borin au
roit deffiné
&
tracé, avec pi us ou moins d'ordre
&
d'exaB:i–
tude, une foule in<l<Hinie d'obj.ets, fenfibles
ou
infenfibles.
Mais quel eíl: l'artifice naturel, ou l'ordre phyfique de
chpfes,
~rou
dépencl, dans
fa
fonB:i<!>n
&
clans fon exercice.,
cette
faculté de
l'
Ame humaine? Corntnent
&
par quel
inef–
fable Méchanifme
arrive-t-il,
qu'ame
idée ou une fenfation
réveillée
&
ranimée dan·s elle , en réveille
&
en faífe revivre
_:mil1e
&
mille autres , dans leur or~re nanrrel
?
Commept
íe .faic
le paífage, de la premiere
a
la feconcle, de la feconde