THÉORI:E D~ L'AM:E HUMAINE :
che moins fono~e
&
moins poécique ; dans l'aé1:ion la plus
noble
&
la plus héro1que , que quelque vil
&
bas motif,
qu'il foppofera en avoir été le ·principe . m0ins h umilié de
<.léshonorer
fon
jugemenr
&
fon
gour,
que
flnté
de ne
rie1-.
''\-oir de ·bien
&
de trouver tout mal clans fes femblabl es.
lVº.
L'
Efprit fin
&
délicat
voit ou préfente les ·chofes, fous
't1es traits ingénieux, fous des allufions piquantes
&.
intéref–
fantes. 11 annonce , ou un ta&: plus fobril , pour bien
faifir
&
pour bien fentir le fin des chofes ; ou une imagination
plus fuuple
&
plus élaíl:ique, pour en rnieux fuivre les diffé–
rentes íinuofités,
&
pour en mieux prendre les différentes
nuarrces.
,
Vº.
L'Éfprit
profond
creufe _les chofes, ,
&
s'efforc~ d'en
voir tomes les faces, d'en obfei;-ver ~onc; les rapports, avant
c1
'en juger. 11 foppofe de la force, de l'étendue, de la íl:abi•
lité,
dans les idées d'apres le{quelles il
opere.
VIº.
L'Efprit
prévenu
voit on préfente les chofes, non
<l':ipres la
vérité
&
d'apres la réalité; mais d'aptes
fes-
préju–
gés , ou
d'apres
fes paffions.
Chez Deshoulieres
la Phedre de Racine n'eíl: qu'un mau–
vais drame. Chez .Moníiem Orgon ,
Tanuffe
efr le
plus
J10nnete
& le
plus vertueux des hommes.
L'Efprít prévenu , fans s'en appercevoir, prend le <legré
ele
fa
préven'tion, pour
le
deg;é du vrai
ou
du mérite
des
chofos : c'eíl: principalement l'e(prit de feéte
&
de parti.
VIIº.
L'Efprit vrai,
ou
l'Efprit droit,
v·oit ou pr-éfente
]es
chofes; fous leur vrai jour, fous lenr vrai caraétere:
fans que les j"ugemens gu'il en porte, favorables ou défa–
vor;:ibles,
fe
fentcnt en rien, ou de l'iníluence du préjugé
:J
ou de l'influ·ence de l'iotérct., on de l'influence de la paffion
quelconque. Ami de la vérité
&
de la jufüce,
pa,r-tout
il
.les refpeéte, en tour il leur rend hommage.
VIHº.
L'Efprit vétilleur
&
chicaneur
voit ou
préfente
par–
tout dans
les
chofes, une fqule de faux jours -, une foule
-tle mauvaifes difficultés. Les raifons
fmiles
abforbent daos
]ni,
l'attention
qu'il doit aux
raifons (olides;
&
-en
empe-
(;bent
l'impreffion.
,
Parmi fes différemes efpeces d'efprit, ce1le-ci eíl: la moins
faite pour la recherche de la vérité: parce que c'eíl:Ja moins
propre
a
bien
faiíir
&
a
bien fentir la ligne de féparation ,
qui exiíl:e entre le vrai
&
le faux.
.
JXQ.
L'Efprit fobtil,
en
cherchant
a
voir ou
a
prHenter
les chofes fous des jours
&
fous des rap.ports qui échappent
~u commun des hommes ., s'envellope
&
fe
perd <lans des
idées trop alambiquées pour
etrenatutelles,
cfans des raifon.:.
nemens trop raffinés
pour
erre
fulide5 ,
d ci ns des
routes trop