THÉORI!
DE
L'AM'E HU
MAINE
:
&
par conféquent,, que c'efl: Dieu hü-meme qui nous joua
&
qui
nous trompe
a
cét
égard : ce
qui
répugne évidemment
&
a
l'infinie fagdfe
&
a
l'infinie
véracité
<le
l'Auteur· de la
Namre.
·
Si ces defirs,
fi
ces craintes
,
fi
ces efpérances , font def–
tinés
a
nous
apprendre quelque 11érité
; 'il efl clair qu'ils nous
annoricent
&
qu'ils nous avertiífem
que
notre defüriée
n'dl
point bornée
a
cette vje µériífable: que nous fommes nés
pour ambitionner une félicité immenfe dans fon étendue,
infinie dans
fa
durée: qu'un Dieu infiniment grand · daos
fes
vues, infi.niment fage dans fes de1Teins , ri'a pas créé
&
for–
mé l'homme , ce chef· dreuvre ele fes ouvrages viíibles ,
pour en faire pendant un petit nQm];re· de jours ou d
1
antlées,
le bizarre jouet des, paffions
&
des miferes;
&
pour
le re.plonger, apres cette vile
&
miférable farce, dans le me.me
néant
d'ou il
ravoit tiré,
&
ou
il
eut mieux valu
qu'il
1~ laiC-
fat
pour ja1nais.
·
IVº.
V
Ame
humaioe,
envifag-ée dans les Perfuafions
q-u'elle
a
toujours eues
au fuju
d'une autre
Vie,
s'annonce
comme
une fobllanG:e q'ui do~t furvivre a1:1 corps humain. Car l'hif–
toire n@us apprend , ainfi que nous l'avons fait voir dans
notre Philofophie de la Religion ,
&
comme en convierment
unanimement les Incrédfrles
eux-
memes , que tomes les;
n;;itions, anciennes
&
modernes, polkées ou fauvages, ont
toujours été perfuadées qu'il
y
a une autre Vie pour l'~om-·
me .,
apres cette vie périífable
C'):
foit
qu'on,
regarde cette
perfuafion générale
&
permam:nte, comme un
refie
d'
une
primitive Révélation,
faite aux premi~rs peres du genre hu.~
main; (oír qu'on ne voie dans
cette
perfuafion générale
&
perm..!!ente , que
re
langage de {a Religio
n natur.elle ·,
em--:
preinre"de,_ns rous les efprits
&
dans tous
les
cceu.rs.Sur quoi je raiú,nne ainfi. Tant de n,ltions
íi nombrétlfe.s ~·
· tant de
nation's
fi
éloignées les unes des autres
'">
tant de na–
tions
fi
différentes
&
fi
o·ppoíées entre elles
en
genre de.
poli~ique-
,
en genre de religion , en genre <le mcems, en
genre de
gouts
&
de fentimens, ónt-elles pu fe réunir
8t
s'accorder ainfi,
dans
tous les
fiedes
&
dans
tomes les
con·
trées du monde ,
a
reconnoiu-e unanimemem
&
perfévé·
(*)NOTE. Témoins, par· ex.emp!e, les Romains, les G.recs~
les
Egyptiens, qui admeuoi:ent un Tartare ou un lieu de fuppfü:es pour
les méchans
~
& un Elyfée ou un lieu de d.élices pour les gens
de
_bien :. témoins les lndiens & les Chino-is-, ~es nations imnienfes
~
_qui de tout tems ont admís & reconnu l'immor~alité de
l'
Ame·:·
té–
moins les Chrétiens , les Juifs , les- Mahométans ,
dont
tQ.~te
la re–
ligion , dans q uelque Sed:e qHe ce
foit,
eft fondée fur Ie do.g_J1-~ d.e:
·J'immcnalité
ere
l'
Ame humai ne.