SON lMMORTAUTÉ.
IIº. L'Ame hmnaine,
envifagée dans fa Moralité,
ou dans
le pouvoir qu'elle a de pratiquer le vice ou las verru, de
mériter ou de démériter dans
l'ordre moral , s'annonce
comme une fubílance qui doit furvivre au corps humain.
Car,
La raifon nous apprend d'm1e part, qu'il exiíle un Dieu
infiniment juíl:e;
&
qu'un Dieu infin~ment juíl:e doit nécef–
fairement , ou dans cette vie ou dans une autre vie , mettre
une différence réelle enrre
le
crime
&
la vertu;
punir l'un,
&.
recompenfei:
l'autre.
L'expérience nous apprend d~une a·utre
pa.rt, qt1e cela n'a
pas rotíjours lieu en ce monde, ou dans la vie prHenre:
puifque 11011s
y
voyons
fi
fréquemment le Crime triom-–
pbant,
&
la Vertu opprlmée; l'iniqi,ité au fein de la gloire
&
dn bonheur ,
&
l'innocence
clans
la mifere
~
dans
l'ig,no–
minie.
Done il faut néceífairement , ou que Dieu foit fans juíl:ice
&
fans
providence ;
ou qu'il
y
ait, au-dela de la vie pré–
fente, une
nouvelle Vie,
<lans laquelle
le
crime ait
fon
juíl:e
chatiment ,
&
la vertu
fa
juíl-e récompenfe. Or ,
il
répugne
que Dieu
foit
fans juítice
&
fans providence: done il faut
néceífoireme nt qu'il
y
ait
une vie forure,
ou
l'ame juíl:e
foit
recompenfee,
ou
l'ame coupable íoit punie.
(€>44).
IIIº. L'Ame humaine,
envijagée dans fas De{zrs d'un bon–
heur
fans borms,
s'annonce commc une fubíl:anee qui doi tt
furvivre _ :1u corps humain. Car le fentirnem inüme nous
apprer.d que nous ne bornons pas nos deíirs
&
nos efpéran–
ces
a
€erre courte
&
miférable vie;
&
qu'il exiíl:e da,ns nos
creurs ,
une
foif
ou
une
faim
i.nfatiable d'un b-of.lheur im–
inenfe. <luns fon i.nceníit~, infini dans
fa
durée.
Sur 'luoi je raifonne ainfi. Ces deíirs infatiab-les d'un bon–
henr fans bornes, qui exiíl:ent dans notre
cre1H,
ces crain–
tes
&
ces efpérances que nous étendons tou.jours comme
néceífairement au·dela de notre t:ombeau,
&
qui r.
o.usfont
cornmunes avec tomes les aations anciennes
&
modernes,
policées
&
fauvages , chrétie nnes
&
ailti-chrétiem1es ,.
ont
fans doute une defiination dans la Namre humaine: p-uifque
l'Ameur
de la Nature, ne met rien dans l'bomme, ani n'ait
1.111e
deíl:ination. Mais
quelle en
efr dans nous la defii~a rion
?
Som-il s defl:inés
a
nous abufer
OH
a
nous
infüuirc ;
a
nous.
inclnire en erreur, on
a
nous apprendre ~nelque v-ér ité?
Si ces defirs ,
fi
ces crainte!? ,
{i
ces eípér.ances ,.
fonc
de(
4
tinés
~
nous
induire
en.
erreur
,
a
nous faire foupire r
apres
de vaines chimeres, ou
a
nous faire red ourer de vains phan–
tomes : il eíl: clair que c'eíl: Dieu lui-meme qu i a mis dans
notre nature ces fources communes
&
généra ies d'erreur;
p p
iii