SON
EXISTENC!.
Ordre_ moral.
Illº.
La
Sagejfe
coníiíl:e
a
bien voir les chofes;
&
a
fuivre
eles principes
&
des regles de condujte, qui quadren.t avec
la narnre des chofes. Par la raifon des contraires
,
la
fottife
ou la folie confi.íle
a
mal voir les chofes, ou
a
mal aíTonir
fa
conduire
a
la nature des chofes. Or, dans l'hypothefe oü
il n'y auroit point de Dieu: lequel des deux feroit done le
wai Sa:e,
ou ele l'homme vertueux, ou de l'homme vicieux?
Ce feroit viíiblement ce dernier.
Car, s'il n'y a point de Dien , point de Maitre fupreme
&
de fupreme Légiílateur, dont les volontés fouveraines
puiffent regler
&
lier les puiíf.1.nces libres de l'homme : il
eíl: clair que ces puiífances li0res de l'homme, ne
font
cir–
confcrites
&
limitées que par leur nature;
&
qn'elles ont
un droit indéfini de s'érendre
a
tout ce qui les flatre , de
re1werfer rout ce qui les captive, de
fe
faire
le centre ·
commun
&
la commune deílinatio12 de rous les erres fur
lefr¡ ue\s elles ont pnfe. 11 eíl: clair qu'il n'y a pour tout
individu quelconque de l'efpece bumaine, d'autre bien
&
d'amre mal réel
,
que le bien
&
le . mal phyíique;
&
qu'at–
teindre
le
premíer
&
éviter le dernier, c'eH: dans l'homme
~
en géntral
&
en particulier, remplir l
fin
&
l'unique
füi-
ponr laqudle il exiHe.
·
Il eíl clair par conféquent, qu·"il n'y a ponr chaque indi–
viclt1 de l'efpece hum;:iine, qu'une
unique
Rey,le
de conduite
~
de
mcwrs,
que puiífe avouer la raifon
s
911i
puilfe quadrel!
avec la fageífe ;
&
qui coníiíl:e
a
combiner habilemenc l':1f–
freu(e loi de l'intérét perfonnel, avec l'affreufe loi du plus
fon:
lL
chercber efficacement, en tout
&
par
tOut,
d'apres–
cette combinaifon, ~m <lérriment de qui que ce
foit,
&
par
t0utes forres de voies, aucune n'étant défendue
&
illicite ,–
fon avancage ,
fa
fati~faét:ion, fon bien - ecre
,
tout ce qui
pem contribucr
a
éte ndre ou
a
affermir la perite fphere
de–
fes flatteufes jonitfa nces.
Done, dans cette hypothefc, c'eíl: une vraie folie, de·
prendre pour regles de concluí ce
&
ele mrom~, les rigides.
loix d'une Venu ímaginaire, qui n"cdl: qu'un vain .nom; de
facrifier un inrérer réel, ou un plaiftr réel,
a
des chimeres fans.
obj er, fans réaliré, fans fondement.
Done , dans cette hyporhefe, il n 'y a de vraie fageífe ,
ele vraie lumiere
&
de vraie force d'efprit , que dans cerre
claíTe d'hommes univerfellemem mépriíe:!
&
abhorrée, qui,
bravanr l\dée de crime
&
de verrn, éronffant la crainre
&
le remords, cheícbe hJbi.lement
&
efficacement, en roet
&
p,r-touc, par quelque voie que ce foit, a1,1 <l'érrimenr de
qui que ce foit,
&
fon intérér
&
fon plai íir
&
fon bien–
crre. Si Dieu n'exüte pas, dit él@quemment
&
tres philqfo-
H h
iv
I