SoN
EXISTENCE.
Ordrt moral.
chez les ames criminelles, lors meme qu'elles font le plus
complettement aífurées qu'elles n'ont rien
a
craindre
a
cet
égard, de la part de leurs femblables, de la part d'aucun<:,
puiífance viíible.
11
eft done évident , pour toute Ame
qui
ne veut
pas
impudemment fermer les yeux
a
la h!miere, qu'il
y
a chez
les hommes , une LGi naturelle;
&
que
cette
Loi
naturelle
exijle
f,,
oblige indépendamment des h0m~es
:_
ainíi que nous.
l'annoncent
&
yue nous le coníl:atem de ~oncert,
&
le cri
de la narnre,
&
le cri de la rai(on.
IIº.
Mais cette
Loi
naturelle peut-elle ainíi exiíler, peut–
elle ainíi avoir une
Force
toujours ohligatoire
:
fans qu'il
exiíre, dans la Narure, quelqu'inviíible
&
fupréme Légiíla–
teur, anrérieur
.&
fupérieur
a
tous les Légdlateurs humains;
qui luí ait primirivement communiqué
&
qui lui con(erve
perfévéramment ce pouvoir d'O'bliger
&
dans tous les
tems
&
dans rous les
lieux? 11
eíl: évident que non.
Car, orez de la
N
arnre , par la penfée, l'exiítence
d'mt
tel fupreme Légiílateur , qui ait eu
&
le pouvoir
&
la,
volonté de m'obli'ger
&
de m'~íl:reindre
a
me conformer
ame
différentes Sanél:ions , aux différemes Regles de moours
t
que je trouve écrites dans rnon efprit
&
dans mon creur.
Des-lors, ces différentes
Regles de mceur.s,
ces dífférentes–
Sanélions
de mon efprit
&
de
mon
cceur,
n'ont
pas
plus d'auto–
rité
[ur
moi, n'o
1
nt
pas plus de droit de m'obliger
&
de me
lier : que n'en ont les anciennes fanél:ions
&
les anciennes.
polices des Gépides
&
des Vandales;
'{'He
n'en ont les mo..
dernes fanS:ions
&
les modernes polices des Caffres
&
des–
Hottentors.
Des-lors , ces différentes regles de mreurs, ces différen–
tes fanél:ions de mon efprit
&
de mon creur, ne feronr rout
au plus qu 'un confeil , fans pouvoir jamais ~tre une loi pour
rnoi. J.)es-lors , affranchi de toute légiílarion obligatoire
.s
libre dans rous mes penchans
&
dans tous mes defirs, je
ne reconnois plus d'amre loi, q ue l'abominable
Loi du p lus.
fort:
j'ai droit
a
tour , conrre quiwnque eíl: plus foihle que
rnoi : mon inréret
&
mon plaiíir deviennent l'unique regle.
de ma conduite.
Des lors, il m'eíl tour auffi permis ou il ne m'eíl: pas
plus défen<ln de voler mon voiíin, d'aífaffiner mon ami ,
quand man intéret l'exige: que <le prendre un verre d'eau
dans la riviere , quand j'ai foif; ou de tuer un moucheron,
quand il me pique ou qu'il m'ennuie.
Conféquences affreufes
&
exécrables , qui font frémir
la.
nature
&
la raifon ;
&
qni cependant découlent íi néceffai–
remem
&
fi
vifibkment de toute hypothefe qui n 'aclqiet
Hh
ij