SoN ExrsTENCE.
Ordre moral.
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,geroit .cha~ue h0mme en paniculiet
a
obferver cette
loi.
RÉPONSE.
Le
Créateur, en formant des hommes qui de–
voient vivre en fociété , leur
a
impofé des Loix qui vont
au
bien
de
la Société
&
des Paniculiers. Mais s'il
n'y
a
point
de Dieu,
& fi
le íeul intérer perfonnel oblige
a
obferver
cette Loi naturelle : done , l'inréret perfonnel ceífant , la loi
ceífe pour chaque particulier. Done
il
n'y aura plus de
loi
pour celui qui, né fans patrimoine
&
fans fonune, trouve
la terre partagéeentre fes femb lab~s, fans
y
rien voir qui
foi(
a
lui. Done, fon intéret perfonnel éta:nt fa feule loi: il ne
clevra s'occuper qu'a prendre des m~fures füres
&
efficaces
ponr fouler
aux
pieds des loix chimériq~es, dans lefquelles
il
trouve beaucoup de défavantage,
&
dom il ne lui reviene
aucune milité.
601. ÜBJECTION
III.
L'Antropophage engraiífe
fon
pere
ou
fon ami fur le retour de l'age , ponr l'égo rger
&
le m~n–
ger;
&
il
croit faire un aél:e de venu, tan<lis que nous
JU–
geons qu'il fait une aél:ion abominable. Done la difünB:ion
du
juíle
&
de l'injufie' tle l'honnete
&
du deshonnete,
<lll
crime
&
de la verm , efr affez arbitraire chez les hommes.
RÉPONSE.
Les
premiers Principes de
la
Loi naturelle
, font
invariables
&
les memes chez tous les hommes , chez les
peuples barbares
&
chez les nacions civi\ifées. Mais les con–
féquences plus ou moins éloignées de ces Principes, varienc
quelquefois parmi les hommes,
{elon
la
différence de leurs
lumieres
&
de leurs préjugés. Par exemple, voici un Axiome
de mreurs, commun
&
aux Antropophages
&
aux Nations
éclairé;j!S:
il faut [aire du bien
a
nos
Pere s
&,
a
nos
Amis.
1°. De cet Axiome ou de ce Príncipe, que conclut un
Peuple éclairé?
11
en conclut qu'il
fam
les fecourir
&
les
fou!ager dans leurs maux, tanr qu'ils
om
un
fouffi(¡!
de vie :
qu'apres leur
mort
on doit encore des refpeB:s
&
des h,on–
neurs aux précieux reíl:es d'eux-memes ; refpeél-s
&
honneurs
<JU'on
leur procure
par
une fépul-mre décepte
&
religieufe.
IIº.
Du meme Axiome, que conclut un Peuple
antro-
. po phage? 11 en conclut que dans un état de vieilleíle
&
de
fv tiffrance, la vie d'un Pere ou d'nn Ami
n'étant
plus qu'un
aífl::!mblage de maux; il
faut
les en délivrer, en leur procu–
ranr une mort qui deviene pour eux un vrai bien fa ir: que
les reíl:es préc ieux de ces perfonnes chéries
&
refpeB:ables,
ne
pc,uvant
avoir un
plus
digne tombeau gue le fein de
leurs enfans ou de leurs amis; il conviene de leur accorder
ce genre
el e
fépulture, qui les transforme
en la
fubfiance
de
«;e qu 'ils
om de plus cher
en
ce
I1;londe.