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qu'il y ait en Dieu , une réelle

multiplicité d'idées diflinéles·

&

dijférentes,

-

non-feulement quant

a

la chofe repréfentée ,

mais encore guant

a

la chofe repréfentante : ce

qui

efi viíi–

blement inwmpatible avec la fimplicité de l'eífence divine,.

qui paroit exclnre néceífairement toute compofirion , foit en

genre de fubfiance, foit eh genre de moclification.

!JIº.

etl: certain, de l'aveu de rous les

Théologiens;

ele l'aveu de tous les Philofophes,

qu'il

n'y a daos Dieu

qu'une

unique Effence

,

infiniÍnent fimple , eífentiellement

-tepr~fentative de·tous .les objets exifians ou poffibles. Done ,

nous voyons.tout en

Dieu,

notre

ame,

unie

&

appliquée

a

cette eífence unique,

a

cette

eífence infiniment fimple ,

a,

cette eífence néceífairement repréfentative de tous les objets

différens , devroit

&

tout

voir

a

la fois,

&

tout voir d.ans

toute la perfeB:i-on ·de l'eífence ou de l'idée repréfentative.

Ou

fi

l'on r-épond que l'effence divine, ou l'idée divine., ..

efl: tantot plus

&

tanrot moins appliquée

a

l'ame qüi voit

en elle

&

par

elle;

c'efl:

fe

plonger

& fe

perdre dans de~

myfier~s. imagipaires : c'eíl donner

a

un fyfieme obfcur

&

ténébreux', un éclairciífement infiniment plus ténébreux ,

une explication infinimem plus obfcure

&

plus incompré~

l1eníible.

r

·

-

IVº. De

l':iveu de Malebranche ,

&

felon l'un des points

fondamentaux de fon fyíl:eme;

peur voir, l'ame a befoin de

defirer

:-

par exemple , pour voir le foleil , ou ' pour avoir

l'idée du foleil , elle a befoin de deíirer <l'..-woir c~tte image

ou

certe iqée

<lu

foleil.

-

Mais comment deíirer

une

chofe , ou comment defirer

'de

voir cette chofe; fans en avoir auparavant une

idée;

une ,fonnoií.fance

?

11

faudroit done, par une abfur<lité mani.:

feíl:e

,.,que

Vame connut la chofe, avant d'avoir

le

feul moyen

par ou ·elle puiífe connoítre la chofe.

,

Vº. A

qui perfuadera-t-on jamais, qtJe les ide es

qu'il

fent dans fon ame , ne foient point dans fon ame ; ne foient

que

fuperficielles

a

fon

ame;

ne foient

a

fon ame , que

(,:e

qu'un miroir eíl:

a

fon reil?

Un

fyfieme qui fuppofe de tels

' paradoxes

~

auroit

a

peine

pu

trouver acces dans l'efprit

humain ; en fe préfentant

a

lui fous le paífe-port des plus

rigoureufes démonfüations.

Quel

accueil lui fera

done

l'ef–

prit hmnain, en le voyam

fe

montrer

a

lui, comme fans

ticre

&

fans aveu?

3.43.

REMARQUE.

Com~e -qi1elques Perfonnes

fe

font fait

une

fauffe 'idée de ce

fy_(l em/

de

M

alebranche, s'imaginant

que

cet Auteur

fe

borne

a

fo

u enir qnc Dieu eíl: l'unique caufe

efficieme de nos id~es; il eíl:

a

µropo~ de les déúbufer par

l'autorité

memi

de Halt brar.che.