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&

d'un huitieme Sens, dont -nous n'avc>ns

&

dont nous ne

pouvons nous .former aucune idée.

·

'

'I'I

0

L'acq1aifition d'un nouvea

u

Sens donneroit

fürn

fans

c1oute dans nous,

a

une bien étonnante furprife ; ·

fi

ce

gran

él

phénomene venoit

a s-'y

opérer fubitement.&

t9.ut-

a-coup,

dans un tems ou notre raifon efi dans toute

fa

maturité

&

da1Js toure

fa

force : puifque, par le moyen de ce nou–

veau fens, notre ame faifiroit la Nature matérie1le,

fous

une nouvelle face , fous

m1e

nouveJle maniere d'exifl:e'r

&

dragir, .dont elle n'avoit auparavant aucune <;Olinoiífance,

.aucun foup<_ron.

·

,Un

homme qui n'auroit que

deux

fens, l'odorat

&

l'ouie

~

en

fuppofant qu'íl füt ven~

a

bour de connoitre l'exiflence

de

la Nature matérielle, ne

la

connoitroit que comme

odo-,.

rante

&

fonore;

&

il ne foup<_;onneroit aucunement qu'

el.le

put,

avoir d'amres prnpriétés perceptibles.

Un

autre homme

qui n'auroit que qnatre fens, l'odorat, l'oui:e, le goút

&

le

taB:, ne connoitroit aucunement la Namre matérielle comme

cvlorée;

&

il ne pourroit jamais fe former aucun~ image

vraie

&

réelle, de la lumiere

&

des couleurs.

C'efi fonciércment ce qui arriva, dans

le

dernier fiecle,

a

UM

jeune homme

d'

Angleterre!

Ne

avec d'épairfes cara–

raél:es, qui inrerceproienr dans lui toute communication

entre

fa

rétine

&

la lumiere _, il fut équivalemment aveugle

jufqu'a.

l'age de rreize ou quatorze ans ;

&

ce fut en vain

que les plus habiles Maitres s'efforcerent de lui donner

quel¡.

que

idée

&

quelque defir <lu bien qui lui man°quoit. On

le

détermina

a

la

fin,

par l'efpoir

de

Jire

&

d '€crire' c'eft~a–

dire, de pouvoir tenir fixes toutes les idées qu'il vou<lro-it,

a

fe

laiífer faire l'opération de la cataraB:e;

&

on

ne

la

lui

d'abord que fur l'un de fes deux yeux.

'

Au

bour d'un ceri:ain nombre de jours , apres Fopérarion

faite, il commenc;a

a

voir, avec le plus grand étonne '.1. ent:

n1ais il vit tour dans lni-meme. Une montagne éloigné€;

&

un

objet voifin ,

étoient

pour lui également dans fon

ceiI.

C e ne fot qu'apres un certain tems d'expérience

&

de ré..

fleocion, qu'il

apprit

a

voir les

chafes hors de lui,

a

díffé~

r~ntes diíl:ances

&

fous différentes grai:ideurs , comme nou's

les voyons.

·

·

III9. Si l'Auteur de la Nature nous donnoit afü1ellement

1m

fixieme fens ; ce nouvel organe, en nous momrant la

Nature fous

une

nouvelle face"

ne

nous

y

montrnroir pas

une

Nature nou.velle:

parce que ce ·qoavd org.ane, quel

qu'il puiffe erre, ne détruiroit pas les prop-riétés réelh~s qui

1

fe

font

aél:uellement fentir dans les chofes exiftantes,

&

q~ü

(~nr

l'objet des cinq fen.s

ou pes

~inq

organes

d~nt no'u~

ven.~ns.